Angela Merkel a déclaré le 6 octobre que les musulmans devaient respecter la constitution plutôt que la loi islamique s’ils voulaient vivre en Allemagne, intervenant dans le débat sur l’intégration qui agite actuellement le pays. La chancelière s’exprimait en réaction à des propos du président Christian Wulff qui a profité de son discours à l’occasion du 20e anniversaire de la réunification pour souligner que « l’islam aussi fait partie de l’Allemagne ».
Elle a semblé s’adresser à ceux qui, au sein même de son parti chrétien-démocrate, la jugent trop « centriste » ou qui ont trouvé que le président Wulff, lui aussi chrétien-démocrate, était allé trop loin dans la défense de l’islam. Merkel a déclaré que Christian Wulff avait insisté sur les « racines chrétiennes et juives » de l’Allemagne. « Bien sûr, il y a aussi des musulmans en Allemagne. Mais il est important (…) que les valeurs représentées par l’islam correspondent à notre constitution », a-t-elle ajouté. « Ce qui s’applique ici, c’est la constitution, pas la charia. »
Angela Merkel a encore déclaré que l’Allemagne avait besoin d' »imams éduqués en Allemagne et socialement implantés dans le pays ». « Notre culture s’appuie sur des valeurs chrétiennes et juives depuis des centaines d’années, sinon des milliers d’années », a poursuivi la chancelière. Le débat sur l’islam et l’immigration a été déclenché ces derniers mois par les prises de position de l’ancien membre de la Bundesbank Thilo Sarrazin accusant les musulmans, dans des discours et un livre, de profiter du système de protection sociale, de refuser de s’intégrer ou encore d’abaisser le niveau général d’éducation. Thilo Sarrazin, qui a également évoqué un « gène particulier des juifs », expression qui revêtait selon lui un caractère positif, a été contraint de démissionner de la banque centrale mais des sondages montrent que son point de vue recueille des opinions favorables au sein d’une majorité d’Allemands.
Le souci de la chancelière était certainement de rétablir un équilibre momentanément rompu par la déclaration du président, dans une opinion publique chauffée à blanc et dans un contexte politique où elle est régulièrement attaquée par son aile droite, la chancelière n’a sans doute pas apporté les apaisements souhaités par les uns et les autres. D’ordinaire prudente et avisée dans ce genre de déclaration elle a sans doute commis une erreur. Mais dans ce domaine qui ne commet pas d’erreur ? Le groupe Fischer (voir autre information) qui vient d’être constitué est le bienvenu : il devra faire des recommandations pour lutter contre l’intolérance et les discriminations dans une Europe multiculturelle. Le Parlement européen de son côté veut au travers d’une déclaration écrite faire avancer la liberté religieuse en l’intégrant aux politiques extérieures de l’Union (cf. autre information). Rappelons enfin que le Conseil des ministres a arrêté des conclusions en matière de liberté religieuse et de croyance lors de sa 2973 ème session le 16 novembre 2009.