Guantanamo : les détenus ouïghours innocentés seront transférés à Palau. A quatre mois du terme fixé par Obama, faisons le point !

Trois détenus transférés en Irlande et au Yémen. 75 détenus ont été identifiés comme libérables. Souci de transparence de l’administration Obama.

L’administration Obama a notifié au Congrès américain qu’elle souhaitait envoyer dans l’archipel Pacifique de Palau huit Chinois ouïghours, innocentés mais détenus à Guantanamo, et a précisé dans une lettre reçue jeudi 24 septembre par la Cour suprême que six avaient déjà accepté.
L’administration Obama a notifié au Congrès américain qu’elle souhaitait envoyer dans l’archipel Pacifique de Palau huit Chinois ouïghours, innocentés mais détenus à Guantanamo, et a précisé dans une lettre reçue jeudi par la Cour suprême que six avaient déjà accepté. « Le 16 septembre 2009, le département d’Etat a notifié au Congrès dans un rapport classifié que le gouvernement américain entendait transférer vers Palau huit (Chinois ouïghours) à une date postérieure au 1er octobre », écrit à la Cour suprême Elena Kagan, l’avocate du gouvernement Obama devant la plus haute juridiction des Etats-Unis. Le prison sera-t-elle fermée dans les délais?


« Le département d’Etat espère que l’ensemble de ces huit hommes vont accepter d’être accueillis à Palau, jusqu’à présent six s’y sont engagés », ajoute-t-elle, indiquant que « les discussions se poursuivent avec les deux autres ». « Le gouvernement a toutes les raisons de croire qu’au moins six vont être très bientôt accueillis par Palau, même s’il est impossible de le certifier avant qu’ils ne montent effectivement dans l’avion », précise Mme Kagan. Ces hommes, membres d’une minorité musulmane et turcophone du nord-ouest de la Chine, ont tous été blanchis de tout soupçon de terrorisme il y a des années mais refusent de rentrer en Chine où ils craignent des persécutions. Treize sont encore à Guantanamo, dans une partie du camp moins restrictive, faute d’un pays tiers pour les accueillir.
Ils ont tous passé plus de sept ans à Guantanamo. Dix d’entre eux ont déposé un recours devant la Cour suprême afin d’être accueillis sur le sol américain, comme les y avait autorisé à l’automne 2008 un juge fédéral de première instance. Les neuf sages doivent décider la semaine prochaine s’ils se saisissent de leur demande. « Le gouvernement de Palau a accepté d’accueillir douze des treize détenus ouïghours toujours à Guantanamo si ces détenus souhaitent y aller (cela signifie que Palau acceptera neuf des dix Ouïghours plaignants et trois parmi les non-plaignants) », a précisé Mme Kagan.
« Une fois que les plaignants identifiés dans la notification au Congrès seront transférés à Palau, ils auront obtenu ce qu’ils réclament (ne plus être maintenus en détention par les Etats-Unis) et le recours n’aura plus lieu d’être », argumente-t-elle encore. Le Congrès a imposé en juin à l’administration Obama l’obligation de lui notifier deux semaines à l’avance le départ de tout détenu de Guantanamo vers son pays d’origine ou un pays tiers. Il reste actuellement 226 détenus à Guantanamo qui doit fermer ses portes en janvier 2010. Quatorze ont été libérés depuis l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche.
Au total, 22 Chinois ouïghours ont été enfermés à Guantanamo. Cinq ont été accueillis par l’Albanie en 2006 et quatre par les Bermudes en juin dernier. Leur aventure incertaine semble prendre fin pour eux qu’on a annoncés un peu partout, y compris par exemple en Bavière.
Il ne reste plus que quatre mois, si l’on veut respecter les délais et les engagements du président Obama. Dans le Washington Post du 25 septembre Anne E. Kornblut et Dafna Linzer font un état des leieux intéressant et reviennent sur les erreurs commises dans un passé récent comme aussi sur les obstacles objectifs, en général de nature politique.
Il semble bien que le délai sera difficilement respecté et à mots couverts des officiels commencent à l’admettre. La prison américaine de Guantanamo pourrait ne pas avoir fermée en janvier, de source officielle Pour la première fois, la Maison Blanche a reconnu vendredi que la prison américaine de Guantanamo, à Cuba, pourrait ne pas avoir fermée en janvier, contrairement à ce qu’avait promis le président américain au début de son mandat, en janvier dernier. Lire la suite l’article
Barack Obama reste déterminé à fermer le site mais, selon un membre de son administration, qui a parlé à l’Associated Press sous couvert d’anonymat, il pourrait falloir plus de temps pour finir de statuer sur le sort de chacun des 225 détenus qui y sont encore retenus: procès relevant des Cours civiles ou militaires, ou encore transfert vers une autre prison sur le sol américain et laquelle ou vers d’autres pays.
Egalement vendredi 25 septembre, Timothy L. Lake, originaire des Caraïbes, a été promu Brigadier-général de Guantanamo. Il devient ainsi l’adjoint du commandant des forces militaires présentes sur place. Il est prévu qu’il serve pendant un an à Guantanamo. Il a aussi fallu beaucoup de temps pour constituer un dossier à chaque détenu, contrairement à ce que pensaient les responsables, car les informations initialement disponibles étaient éparpillées entre différentes agences et incohérentes.
Il est également difficile de trouver des pays pour accueillir les détenus, les Etats-Unis ont expliqué avoir transféré à l’étranger 14 prisonniers jusqu’à présent.A côté des détenus qui pourraient être libérés, jugés ou remis à des pays étrangers, il y en a d’autres -dangereux- qui ne peuvent être ni relâchés ni jugés, selon l’administration américaine. Parmi ces individus « qui demeurent en guerre avec les Etats-Unis », avait déclaré Barack Obama, figurent des détenus qui pourraient avoir reçu une formation au sein du réseau Al-Qaïda, commandé des combattants talibans ou fait allégeance à Oussama ben Laden.
Est-il utile de rappeler que la prison est devenue une zone de non-droit, symbole des abus de la guerre contre le terrorisme menée par son prédécesseur George W. Bush, depuis les attentats du 11-Septembre. En la fermant, Barack Obama veut restaurer l’image des Etats-Unis sur la scène internationale et aborder la lutte contre le terrorisme de manière plus efficace.
Ces rumeurs  coïncident avec l’annonce de deux nouveaux transferts d’anciens détenus : au Yemen et en Irlande. Le Département américain de la justice (DOJ) a notifié samedi le transfert d’un prisonnier yéménite de la base américaine de Guantanamo, à Cuba, au Yémen. Cette décision a immédiatement été saluée par l’ambassade du Yémen aux Etats-Unis, qui s’est aussi réjouie que Barack Obama ait décidé de fermer Guantanamo. Alla Ali Bin Ali Ahmed retourne donc dans sa patrie, après sept années passées en rétention. Sa libération a été ordonnée en mai dernier par une Cour fédérale américaine.
La plupart des plus de 220 détenus encore à Guantanamo sont yéménites. Dans l’immense majorité des cas, Washington ne veut pas les renvoyer dans leur pays d’origine, estimant que celui-ci ne dispose ni de prisons sûres ni de véritable programme de « réhabilitation ». Des négociations sont en cours pour les transférer en Arabie saoudite.
De son côté l’Irlande accueille deux ex-détenus de Guantanamo. Le  Département américain de la justice (DOJ) a notifié le samedi 2§ septembre le transfert effectif de deux prisonniers de la base américaine de Guantanamo  en Irlande. Leur identité n’a pas été dévoilée pour des raisons de sécurité. Cette décision avait été annoncée il y a deux mois par le gouvernement irlandais. Selon des sources officielles et selon Amnesty International, il s’agirait de deux Ouzbeks, arrêtés en Afghanistan en 2001 dans des circonstances très confuses. L’un d’entre eux, Oybek Jabbarov, 31 ans, est soutenu par une intense campagne de défenseurs irlandais des droits de l’Homme. Son cas est cité en exemple du calvaire vécu à Guantanamo par des innocents, vendus aux forces américaines comme talibans par des miliciens afghans, attirés par la promesse de fortes récompenses. Oybek Jabbarov explique qu’il vivait dans un camp de réfugiés, près de la frontière afghano-ouzbèke, avec sa femme enceinte et son bébé, lorsqu’il a fait du stop et été emmené par des soldats, qui l’ont ensuite vendu aux forces américaines. Transféré à Guantanamo en 2002, il a été décrété libérable en février 2007 mais les autorités américaines ne le renvoient pas en Ouzbékistan, où il risque d’être torturé.
En tout, depuis janvier, 17 prisonniers ont été transférés vers d’autres pays que les Etats-Unis.
Soixante-quinze détenus de Guantanamo jugés libérables.  L’équipe chargée d’examiner les cas des 223 personnes encore détenues à Guantanamo a déjà désigné 75 candidats à la libération dans le cadre des efforts pour fermer la prison militaire américaine, a dit un porte-parole de l’armée.
Ce groupe de travail a pour mission de déterminer si les prisonniers doivent rester en détention en attendant leur procès ou peuvent être renvoyés chez eux ou dans un pays tiers. A mesure que l’administration statue sur le sort des détenus, les responsables militaires de Guantanamo mettent à jour au sein même du centre une liste actualisée afin d’informer les prisonniers du nombre de libérables par pays. « C’est simplement une occasion d’améliorer la communication », a dit le commandant de marine Brook DeWalt, porte-parole des opérations au camp de détention de Guantanamo. « Il y a beaucoup d’informations qui sortent et vous avez beaucoup d’éléments, beaucoup de points de vue », a-t-il ajouté.
Les détenus sont au courant que le président américain a prévu de fermer le centre et ont obtenu des informations partielles lors de conversations téléphoniques avec leurs familles ou leurs avocats, a-t-il encore dit. La liste est affichée en arabe, pachtoune et anglais. La dernière version comporte 78 noms, dont ceux de deux Ouzbeks extradés vers l’Irlande et d’un Yéménite rentré chez lui samedi. Les 30 détenus dont les tribunaux américains ont ordonné la libération figurent sur cette liste, aux côtés de 26 Yéménites, neuf Tunisiens et sept Algériens, entre autres. La plupart d’entre eux ont été capturés en Afghanistan et au Pakistan après l’intervention occidentale visant à renverser le régime des taliban afghans, fin 2001, quelques semaines après les attentats du 11 septembre sur le sol américain.

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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