Les prisons : la leçon américaine vers une faillite économique. L’alternative le désengorgement ? Plus d’un adulte sur cent en prison aux Etats-Unis! Une situation à méditer par l’UE !

Le programme de Stockholm et sa préparation (Résolution du Parlement européen) l’audition de Viviane Reding ont fait entrer les prisons dans la sphère de l’UE. Dans le cadre de l’évaluation des politiques (terrorisme, crime organisé, drogues, notamment) il est difficile d’imaginer que ce principe général d’évaluation ne concerne pas les prisons, les conditions de vie, son efficacité, sa raison d’être. L’UE risque à court terme d’être confrontée à des problèmes voisins de ceux rencontrés par les Etats-Unis.


La population carcérale a augmenté l’an dernier aux Etats-Unis de 25.000 personnes et s’élevait à quelque 2,3 millions de personnes, sur une population adulte de 230 millions de personnes, soit le taux le plus élevé dans l’histoire américaine, selon le Pew Center on the States. Plus d’un adulte sur 100 se trouve actuellement derrière les barreaux aux Etats-Unis, pays qui détient la plus importante population carcérale au monde, avec un jeune Noir sur neuf en prison, selon un rapport publié récemment. Le taux d’incarcération le plus élevé de la planète : 2,3 millions de personnes sont incarcérées aux Etats-Unis. Par comparaison, la Chine, avec une population de plus d’un milliard de personnes arrive en deuxième position avec 1,5 million de prisonniers, suivie de la Russie avec 890.000 personnes détenues, précise le document. Les Etats-Unis ont le taux d’incarcération le plus élevé de la planète, supérieur à des pays comme l’Iran ou l’Afrique du Sud, relève encore le Pew Center, un centre de recherche indépendant basé à Washington. L’Allemagne a un taux de 93 détenus pour 100.000 adultes et enfants, il est huit fois supérieur aux Etats-Unis avec 750 pour 100.000. Les statistiques sont particulièrement frappantes parmi les minorités: alors qu’un adulte blanc sur 106 est incarcéré, c’est un Hispanique sur 36 et un Noir sur 15 qui sont en prison. Dans la tranche d’âge de 20 à 34 ans, un jeune Noir sur neuf est derrière les barreaux, selon le Pew Center sur la base des données du ministère américain de la Justice. La proportion de femmes augmente rapidement : alors que les hommes sont dix fois plus susceptibles d’être emprisonnés que les femmes, la population carcérale féminine « progresse d’une manière beaucoup plus rapide » que celle des hommes, selon le rapport de Pew http://www.pewcenteronthestates.org/report_detail.aspx?id=47134

Une femme sur 265, entre 35 et 39 ans, se trouve en prison, mais les femmes appartenant à des minorités sont placées en détention en plus grand nombre que chez les femmes blanches. Une femme noire sur 100 et une Hispanique sur 297 sont en prison, contre une sur 355 femmes blanches, relève l’étude.

Un durcissement de la loi, avec notamment des mesures augmentant nettement la durée d’incarcération pour les récidives, a fait exploser la population carcérale, davantage qu’une augmentation de la criminalité, indique le rapport. Malgré l’augmentation de la population carcérale, le taux de récidivistes reste relativement stable avec environ la moitié des détenus libérés retournant en prison dans les trois ans suivant leur libération, indique encore le document. 109 mineurs purgent une peine de prison à vie, incompressible, bien que leur crime n’ait pas entraîné la mort d’homme. La surpopulation carcérale s’explique par la politique pénale qui a suivi la vague de crimes et l’épidémie de crack des années 80. Par le seul fait de condamnations automatiques, les juges ont frappé sans distinction toxicomanes et trafiquants. De nouvelles lois ont imposé des peines sévères à la troisième infraction, c’est la version américaine de la « peine plancher » en France. Résultat : en trente ans, la population des prisons a triplé !

L’étude souligne que l’augmentation de la population carcérale oblige les autorités locales de chaque Etat américain à des choix budgétaires draconiens. L’incarcération coûte trop cher pour qu’on pouvoir y faire face : 43 Etats sont en déficit et les prisons représentent leur deuxième poste de dépenses après Medicare, l’assurance santé pour les pauvres. Pour le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger , un système qui consacre aux prisons 45%  de plus qu’aux universités est absurde, fou. Il a proposé qu’une telle disproportion soit interdite par voie d’amendement constitutionnel. La Californie est un Etat où les détenus ont déposé une plainte en nom collectif contre la surpopulation. La justice leur a donné raison condamnant l’Etat à réduire de 40 000 le nombre de détenus en deux ans. Contraints aux économies drastiques et à la réduction de dépenses de fonctionnement, les Etats en viennent à supprimer le nombre de postes de gardiens, les salaires,, les services de santé, l’alimentation etc…Des établissements pénitentiaires ont été fermés.

Comment revoir la politique pénale et quels sont les nouveaux moyens pour désengorger les prisons ? »En dépit de tout l’argent déversé dans le système pénitentiaire aujourd’hui, il n’y a pas eu de résultats clairs et convaincants concernant la sécurité publique », indique Adam Gelb, du Pew Center, dans un communiqué.Il y a une vingtaine d’années, les 50 Etats américains dépensaient 10,6 milliards de dollars de leur budget pour le système pénitentiaire. Aujourd’hui, ce chiffre est de 44 milliards de dollars, soit 315% de plus. La pression économique a conduit certains Etats à changer leur politique et à trouver d’autres moyens d’empêcher les délinquants peu dangereux de récidiver, comme des travaux d’intérêt général ou des systèmes de surveillance électronique, ajoute le rapport. « Certains responsables politiques expérimentent tout un éventail de sanctions qui sont aussi efficaces que l’incarcération pour protéger la sécurité publique et permettent aux Etats de mettre un frein à l’explosion de la population carcérale », explique Susan Urahn, une directrice du centre de recherche. D’autres font remarquer que c’est assez navrant que de constater que les USA ont plus de prisonniers que les Chine populiste et tyrannique.

On peut trouver sur ce document: http://www.ojp.usdoj.gov/bjs/pub/pdf/p06.pdf

Des statistiques sur la répartition des prisonniers en termes de crimes: un peu plus de la moitié sont des crimes violents (meurtre, viol, agression, etc.), 20% sont des vols (cambriolage, escroquerie, etc.), 20% sont liés à la drogue et 7% sont des troubles à l’ordre public (conduite en état d’ivresse, etc.) BJS Bureau of Justice Statistics.

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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