La super Agence de l’ONU pour les femmes : ce n’est pas pour aujourd’hui. Un rappel du secrétaire général Ban Ki-moon

Le 8 MARS 2010 aurait pu marquer  la naissance d’une agence sur les droits des femmes de l’ONU. Il n’en sera rien. Son secrétaire général, Ban Ki-moon, a dû se contenter d’un nouvel appel solennel, jeudi 4 mars, en faveur de la création « sans délai » d’un organe unique chargé « des questions d’égalité de genres et de renforcement des capacités des femmes ».

M. Ban Ki-moon intervenait à New York devant la 54e assemblée de la commission de l’ONU sur le statut de la femme. http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=21362&Cr=femmes&Cr1=

Elle réunit jusqu’au 12 mars quelque 2 000 femmes, dont une dizaine de ministres ainsi que des centaines de représentantes d’ONG du monde entier, qui, pour la plupart, défendent ardemment le projet.

Les Nations unies ont déjà franchi un pas décisif en adoptant, en septembre 2009, le principe de la création d’une telle agence qui serait dirigée par une personnalité ayant rang de secrétaire général adjoint. Elle conduirait à la fusion des quatre organes onusiens qui interviennent aujourd’hui sur le droit des femmes : le fonds de développement des Nations unies pour la femme (Unifem), la division pour l’avancement des femmes, le bureau du conseiller spécial sur les questions de genres et enfin l’institut des Nations unies sur la formation et la recherche internationale pour l’avancement des femmes (Un-Instraw).

L’ONU l’admet : éclatées, ses interventions – contre les violences, et les violences sexuelles en particulier, faites aux femmes, contre les disparités salariales, dans la lutte contre la pauvreté, le trafic des êtres humains, la protection maternelle, etc. – souffrent d’un manque « de cohérence et de cohésion ». Car outre les organes déjà cités (dont aucun ne dispose de l’autorité équivalente à une agence), d’autres entités, comme l’ONU Sida par exemple, développent des programmes qui ciblent les femmes.

« Nous approuvons la création de cette agence qui apportera une meilleure coordination au sein même des Nations unies, incitera chaque agence à assurer comme elle le doit l’égalité des genres et enfin permettra de s’intéresser à des nouveaux domaines qui ne sont pas couverts pour l’instant, comme les conséquences du changement climatique et de la crise financière sur les femmes », souligne ainsi Winnie Byanyima, directrice de l’unité du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Morcelée, la voix des femmes ne serait pas non plus entendue. D’où l’idée que cette « super » agence sur les droits des femmes soit dirigée par une personnalité au poids politique incontestable. Le nom de la présidente du Chili, Michelle Bachelet, qui doit quitter le pouvoir le 11 mars, a été avancé.

Six mois après cette déclaration d’intention, les choses ne sont pas totalement au point mort. Un rapport, présenté au mois de janvier, a défini les contours de la future organisation. Celle-ci serait dotée de 500 millions de dollars, dont 375 millions par des contributions volontaires des pays donateurs. Des recommandations ont été proposées en termes d’organisation.

Mais l’avancée est trop lente comme l’a souligné Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne et en charge du dossier. Des blocages existent bel et bien. Une partie du retard s’explique sans doute pour des raisons de fond et notamment les craintes politiques que peut susciter la perspective d’une telle agence, dans les pays du Sud.

Le Secrétaire général des Nations Unies a rappelé le chemin parcouru et l’engagement persistant de l’ONU. Ban souhaite la création sans délai d’une agence sur les droits des femmes, une agence unique en charge des questions d’égalité des genres et de renforcement des capacités des femmes. En septembre 2009, l’Assemblée générale de l’ONU avait adopté une résolution soulignant le soutien des Etats membres à la création d’un nouvel organe, dirigé par un Secrétaire général adjoint, pour traiter des questions concernant les femmes.

A l’heure actuelle quatre agences et bureaux des Nations Unies doivent être fusionnés pour créer cette nouvelle agence unique au sein de l’Organisation. Il s’agit du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), de la Division pour l’avancement des femmes, du Bureau du Conseiller spécial sur les questions de genre et de l’Institut des Nations Unies sur la formation et la recherche internationale pour l’avancement des femmes (UN-INSTRAW). « A l’ONU, nous devons donner l’exemple. C’est pourquoi j’ai fait du renforcement des capacités des femmes une priorité. Nous espérons la création d’une entité dynamique sur l’égalité des genres et le renforcement des capacités des femmes au sein des Nations Unies », a déclaré mercredi M. Ban dans un discours devant la Commission des Nations Unies sur la condition de la femme. « Je demande à l’Assemblée Générale de créer cette entité sans délai en adoptant une résolution », a-t-il ajouté.

Alors que l’on célébrait mardi le quinzième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, ( cf. autre information consacrée au débat au sein du Parlement européen consacré à cet anniversaire) dont l’ambition était de faire progresser l’égalité entre les sexes dans le monde entier, de considérables progrès ont été réalisés depuis 1995, a rappelé Ban Ki-moon. Au cours des quinze dernières années, de plus en plus de pays se sont dotés de législations sur l’égalité des genres, le nombre de filles scolarisées dans le monde a augmenté, les femmes sont davantage intégrées dans la vie économique et commerciale notamment par le biais de prêts, et un plus grand nombre de femmes occupent de hautes responsabilités au sein des gouvernements. « Le mouvement international des femmes est devenu une réalité global », a dit M. Ban avant de déplorer que « l’injustice et la discrimination contre les femmes persistent partout. Cela se manifeste dans la pire forme, la violence. Plus de 70% des femmes souffre de violence dans leur vie ».

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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