Louis Michel : « L’Europe n’est pas un Eldorado pour les migrants »

Interview par les services du Parlement de Louis Michel, député européen et coprésident de l’Assemblée parlementaire ACP-UE, qui s’est réunie fin mars aux îles Canaries.

Migrations : « [Nous sommes] allés à contre-courant d’une idée trop répandue en Afrique : celle que l’Europe est un Eldorado pour les migrants ».

Les migrations Nord-Sud et le commerce des bananes ont été au programme de la dernière Assemblée parlementaire ACP-UE. Députés européens et députés des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) se sont réunis aux îles Canaries fin mars pour améliorer leur coopération. Le Belge Louis Michel (Alliance des démocrates et des libéraux) en décrypte les enjeux.

Les îles Canaries sont l’une des portes d’entrée dans l’Union pour les migrants originaires d’Afrique sub-saharienne. Vous avez pu discuter de cette question avec vos collègues des pays ACP et rencontrer un groupe de jeunes chanteurs sénégalais arrivés par la mer. Faudrait-il développer les « migrations intermittentes » ?

Louis Michel : Le fait que la session plénière de notre Assemblée se soit déroulée aux îles Canaries est  symbolique. Ces îles européennes, qui se situent au large des côtes africaines et sur la route des Caraïbes, ont fait l’actualité à la suite d’évènements tragiques qui ont coûté la vie à de nombreux Africains guidés par le désir d’un meilleur avenir. Nous avons pu débattre sans tabou de cette question avec nos homologues parlementaires des pays ACP et notamment aller à contre-courant d’une idée trop répandue en Afrique : celle  que l’Europe est un Eldorado pour les migrants. La plupart du temps, les candidats à la migration ignorent ce qui les attend : un voyage périlleux, et une fois arrivés des conditions de travail souvent précaires et injustes. Et parfois, la xénophobie en prime. Les migrants sont souvent tentés de renvoyer à leur famille une image d’Epinal de leur vie en Europe. Il importe aussi – et nous, parlementaires, pouvons y contribuer – de rappeler la réalité de cette vie. Je suis depuis longtemps partisan des migrations intermittentes qui permettent d’aller travailler à l’étranger et de rentrer ensuite dans son pays d’origine en sachant que l’on obtiendra facilement un nouveau visa, et un permis de travail, pour repartir. La plupart des migrants entrent légalement sur le territoire et tombent dans l’illégalité à la fin de la validité de leur visa. Je suis convaincu que s’ils avaient l’assurance de pouvoir de nouveau entrer légalement, ils hésiteraient beaucoup moins à repartir dans leur pays d’origine.

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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