L’approfondissement et la mise en oeuvre effective d’un espace européen de
liberté, de sécurité et de justice demeurent un défi pour l’Union européenne. La
Présidence belge poursuivra la mise en oeuvre effective du programme pluriannuel
de Stockholm (2010-2014). Le traité de Lisbonne offre à cet effet des instruments
complémentaires. En étroite concertation avec le Parlement européen et la
Commission européenne, la Présidence belge souhaite exploiter pleinement les
nouvelles possibilités institutionnelles et procédurales en vue de générer une
dynamique positive.
Le concept de « sécurité intérieure » contenu dans le traité de Lisbonne doit
s’entendre comme un concept large et intégré couvrant prévention, répression et
dimension judiciaire. Le traité de Lisbonne a institué le Comité permanent de
coopération opérationnelle en matière de sécurité intérieure (COSI). Il se chargera
d’ailleurs de commun accord avec la Commission, de la traduction et du suivi
opérationnel de la « stratégie de sécurité intérieure pour l’Union européenne »
approuvée sous la Présidence espagnole.
La Présidence soutient aussi l’intention de la Commission européenne de
cartographier les systèmes d’information et en particulier ceux qui comprennent
des données personnelles en vue d’organiser une réflexion approfondie au sujet
de l’architecture d’information notamment dans le cadre d’une gestion intégrée
des frontières.
Dans la lutte contre le terrorisme et contre la criminalité organisée, doivent être
conciliés les besoins en sécurité avec les droits et les libertés individuelles du
citoyen européen. Dans ce contexte, l’accord entre l’Union européenne et Etats-
Unis concernant le transfert des données de l’Union européenne aux Etats-Unis
dans le cadre du programme américain de surveillance du financement du
terrorisme (TFTP) doit être approuvé.(NdR il a été adopté par le PE) Il conviendra également de lancer les négociations avec les Etats-Unis au sujet d’un accord global en matière de
protection de données et de poursuivre les discussions sur l’utilisation des
données des dossiers passagers (PNR Passenger Name Record) au sein de l’UE
sur la base d’une nouvelle proposition de la Commission.
Les négociations avec le Conseil de l’Europe concernant l’adhésion de l’Union
européenne à la Convention européenne des droits de l’homme débuteront sur la
base du mandat agréé par le Conseil.
En matière de coopération judiciaire pénale, l’élaboration d’un système européen
d’obtention de la preuve, comme le prévoit le programme de Stockholm sera une
priorité de la Présidence belge qui s’appuiera sur une initiative menée par un
groupe d’Etats membres.
Le développement d’une politique commune d’immigration exige une approche
globale, y compris une vision d’avenir concernant la migration légale.
Le programme de Stockholm confirme l’objectif de mettre en place une procédure
commune d’asile et un statut uniforme pour les personnes bénéficiant d’une
protection internationale d’ici 2012.
Par ailleurs, le renforcement de Frontex, l’Agence européenne pour la gestion de
la coopération opérationnelle aux frontières extérieures est un point prioritaire à
l’agenda.
Enfin, la lutte contre la traite des êtres humains représente pour la Présidence
belge une priorité majeure.
Affaires intérieures
Le développement d’une politique européenne cohérente (analyse de la
criminalité, la détermination de phénomènes prioritaires et le suivi et l’évaluation
des plans d’action) est un objectif central de la Présidence. Le développement
d’une analyse générale de la criminalité en constitue la première étape pour
associer les différents niveaux de pouvoir.
Dans le cadre de la mise en oeuvre du plan d’action contre le terrorisme, une
attention particulière sera portée à la prévention de la radicalisation, tant par
l’action de la police de proximité dans la lutte contre la criminalité que par la
prévention administrative. La Présidence belge lancera également des projets
relatifs à des problèmes tels que les bandes criminelles itinérantes, le commerce
illégal d’armes à feu de gros calibre dans les grandes villes européennes, la fraude
à l’identité, la sécurité des rencontres de football et la sécurité des parkings le
long des autoroutes européennes.
Le renforcement de l’action commune de l’Union européenne lors de catastrophes
graves, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union, figurera également en bonne
place à l’ordre du jour. Le débat sera mené sur la base de l’évaluation prévue par
la Commission du mécanisme existant en matière de protection civile.
Justice
La reconnaissance mutuelle des décisions judiciaires est la pierre angulaire de
l’espace européen de justice et de sécurité. A côté du travail de la Présidence
belge sur la mise en place d’un nouveau régime global en matière d’obtention des
preuves, une attention particulière sera également portée à la mise en oeuvre
effective des instruments existants.
En matière pénale, l’adaptation du cadre juridique suite à l’entrée en vigueur du
traité de Lisbonne sera poursuivie. Dans le cadre du reformatage des anciennes
décisions-cadres de rapprochement des législations pénales nationales, la priorité
sera accordée aux instruments visant, d’une part, la prévention de la traite des
êtres humains et la lutte contre ce phénomène, ainsi que la protection des
victimes, et, d’autre part, l’exploitation et les abus sexuels concernant des enfants
et la pédopornographie.
En collaboration avec la Commission européenne, la Présidence souhaite avancer
dans la mise en oeuvre de la feuille de route en vue de renforcer la protection des
suspects et des personnes poursuivies dans le cadre des procédures pénales.
Dans le cadre de la lutte contre la fraude, la Présidence belge entend également
donner une impulsion à la coopération concrète transfrontalière entre les
magistrats dans les zones limitrophes, de même qu’en ce qui concerne la
demande, l’utilisation et l’échange d’informations sur le plan international et ce,
dans le domaine de la fiscalité et de la sécurité sociale et de la justice.
Les négociations relatives à une meilleure réglementation en matière de
compétence judiciaire et de loi applicable aux successions et testaments seront
poursuivies de façon intensive. L’examen d’un instrument européen mettant en
oeuvre une coopération renforcée dans le domaine de la loi applicable au divorce
et à la séparation de corps (ROM III) sera poursuivi.
Par ailleurs, l’agenda prévoira l’élaboration d’une réglementation plus efficace
pour l’exécution transfrontalière des décisions judiciaires, entre autres via la saisie
bancaire. La Présidence belge accordera une attention particulière à la médiation
lors de rapts parentaux.
Asile et migration
La réalisation d’un régime d’asile européen commun fondé sur le respect des
droits fondamentaux, avec des normes élevées de protection conformément à la
Convention de Genève et aux autres instruments internationaux pertinents, reste
la priorité absolue. Pour atteindre cet objectif, le débat devra être conduit de
manière active sur les conditions d’accueil des demandeurs d’asile, les procédures
d’asile et les normes minimales de qualification pour une protection
internationale.
La Présidence poursuivra les travaux sur la proposition de la
Commission visant l’extension du champ d’application de la directive « résidents
de longue durée » à toutes les personnes qui bénéficient d’une protection
internationale. En outre, la Présidence travaillera sur le règlement dit de Dublin
qui détermine quel est l’Etat compétent pour traiter une demande d’asile.
En matière de développement de la migration légale, la Présidence lancera un
débat sur la migration, en particulier la migration économique, dans un contexte
de défi démographique et entamera les travaux autour des nouvelles propositions
concernant les procédures régissant l’entrée, le séjour, et la résidence
temporaires des personnes transférées au sein de leur entreprise, et les
conditions d’entrée de séjour des travailleurs saisonniers.
Par ailleurs, les travaux relatifs à la détermination d’une procédure de demande
unique en vue de la délivrance d’un permis unique autorisant les ressortissants de
pays tiers à résider et à travailler sur le territoire d’un État membre seront
poursuivis le plus possible.
La problématique et la protection des mineurs étrangers non-accompagnés
constituera, avec la mise en oeuvre du plan d’action approuvé sous Présidence
espagnole, une des priorités.
La Présidence belge veillera à une forte corrélation entre la politique de migration
et les autres politiques, en particulier la politique extérieure de l’Union. Les
partenariats pour la mobilité sont à cet égard un instrument important pour
parvenir à une coopération étendue et durable avec les pays tiers. Une première
étape est d’établir des missions de migration vers les pays tiers le long des
principales routes migratoires.
La dimension extérieure de l’Espace de liberté, sécurité et de justice
Tant les questions migratoires que la lutte contre le crime organisé, la traite des
êtres humains, le trafic de drogue ou le terrorisme, ne peuvent être déconnectées
de la politique extérieure de l’Union européenne. Cette dimension extérieure
constitue un point d’attention central de la Présidence belge.
La mise en oeuvre de la Déclaration de Washington sur le renforcement de la
coopération avec les Etats-Unis dans le domaine de la liberté, de la sécurité et de
la justice, adoptée en octobre 2009, constitue une priorité importante, tout
comme la concertation régulière avec la Russie au sujet des matières JAI dans le
cadre du Conseil Permanent de Partenariat. La coopération avec les pays du
Partenariat Oriental dans le domaine de la Justice et des Affaires Intérieures sera
poursuivie. Le dialogue avec les pays des Balkans occidentaux sera poursuivi dans
le cadre plus large des efforts fournis par les pays de la région en vue de la
réalisation de leur perspective d’adhésion à l’Union européenne.