LOI HADOPI : premiers « couacs » (difficultés) dans la mise en œuvre. Free refuse de jouer le jeu….Vers l’épreuve de force ? à suivre !

À la fin de la semaine dernière, la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) a envoyé ses premiers e-mails d’avertissement aux « pirates » qui téléchargent illégalement. Numéricable et Bouygues Télécom ont été les premiers fournisseurs d’accès à Internet à les adresser à leurs clients. SFR et Orange ont suivi. Mais Free, l’opérateur fondé par Xavier Niel (l’un des trois repreneurs du Monde), hostile à la loi Hadopi, s’est refusé à les imiter.

Rappel : que préconise la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet ? (cf. nombreux articles dans Nea Say)Pour lutter contre le téléchargement illégal et conformément à la loi Hadopi, il est demandé à tous les fournisseurs d’accès à Internet (Numéricable, Bouygues Télécom, SFR, Orange et Free) d’envoyer un mail d’avertissement aux internautes pris en flagrant délit de « piratage », pour le compte de la Haute Autorité. Ce mail est ainsi rédigé : « Votre accès Internet a été utilisé pour commettre des faits qui peuvent constituer une infraction pénale. » En cas de récidive, le « pirate » recevra une lettre recommandée avant d’être sanctionné. La Hadopi attend aussi des fournisseurs d’accès qu’ils lui transmettent les adresses de leurs clients suspectés de piratage.

      -.Quelle a été la réponse de Free ?Contrairement à tous les autres fournisseurs d’accès à Internet, Free refuse de diffuser auprès de ses abonnés le courriel d’avertissement pour le compte de la Hadopi. « Les autres ont décidé de collaborer, nous nous contenterons juste de respecter la loi », a expliqué une porte-parole de Free, mardi 5 octobre. Elle invoque le respect de la confidentialité des « données personnelles ». Free dit avoir proposé « le principe d’un conventionnement, dans le courant de l’été, au ministère de la culture et à la Hadopi », dans le but « d’encadrer les échanges portant sur des données personnelles au sujet desquelles la Commission nationale de l’informatique et des libertés porte une attention particulière ». Mais, poursuit l’opérateur, il n’a eu, à ce jour, aucun retour. Or, constate la directrice de la communication de Free, la « loi est très claire, une convention doit être signée avec l’État pour sécuriser les données personnelles de nos clients ». Convention qui à ce jour, effectivement, n’a pas été signée. Par ailleurs, Free traîne les pieds  pour transmettre à la Hadopi les adresses de ses clients suspectés de piratage. Au lieu les envoyer par voie électronique (comme ses concurrents), il a choisi de les imprimer pour les envoyer par la poste. Une procédure qui ralentit et complique le travail de la Haute Autorité.

      -.Quelle est la réaction d’Hadopi ? Mardi 5 octobre, au cours d’une conférence de presse, la présidente de la Hadopi, Marie-Françoise Marais, n’a pas réellement  répondu aux objections de Free.  Elle a souligné que la position actuelle du fournisseur « va porter atteinte aux droits de ses abonnés. En ne recevant pas le premier mail d’avertissement, ils n’auront pas l’information à laquelle ils pourraient prétendre, ce qui pourrait être fort désagréable pour eux ».

      – ;Quelles sont les motivations réelles de Free ? Free est connu pour son non-conformisme dans le monde des télécoms. C’est lui qui en 2002 avait cassé les prix du secteur, en lançant le premier une offre tri-play à travers sa Freebox : Web, téléphone, télévision sur ADSL pour 29,90 € pas mois. En refusant  de répondre positivement  aux demandes de la Hadopi, il s’offre une belle  publicité auprès de ses clients et futurs clients, espère-t-il  car il  apparaît alors comme le plus indépendant des fournisseurs d’accès à Internet.

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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