La torture toucherait la majorité des pays dans le monde selon le rapport de l’ACAT, un tableau inquiétant de la violence d’Etat : la moitié des Etats torture.

Dans un premier rapport annuel intitulé « Un monde tortionnaire », l’Acat, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, dresse un tableau inquiétant de la violence d’État. Supplice de la crucifixion en Érythrée. Chocs électriques en Guinée équatoriale. Lavement forcé à l’eau et au piment en Ouzbékistan. Asphyxie par sac en Russie. Simulation d’exécution au Bangladesh. Mais aussi supplice américain de la baignoire, « waterboarding » , simulacres de noyades, torture si familière au lecteur de Nea Say. L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) dresse un tableau effrayant des sévices pratiqués par les autorités de nombreux pays, dans un premier rapport annuel. « On peut raisonnablement estimer que plus de la moitié des États membres de l’ONU recourent à la torture »

 L’association a recensé énormément de témoignages venant du continent africain. « La torture est profondément ancrée dans la culture des forces de sécurité qui agissent dans une totale impunité », dit le document. L’imprécision des textes de loi ou l’absence de criminalisation de la torture, comme au Tchad, permettent aux policiers d’en user sans craindre d’être poursuivis. « Les régimes dictatoriaux tels que la Mauritanie, le Soudan, le Zimbabwe, l’Éthiopie et la République démocratique du Congo érigent la torture en véritable système d’enquête et de répression », selon l’Acat.

Le recours à la violence demeure aussi très répandu au sein des forces de l’ordre sud-américaines, malgré l’installation de régimes démocratiques, à l’exception de Cuba. Chaque année, de jeunes Brésiliens des bidonvilles subissent des sévices de la part de la police, avant d’être assassinés. Et les mauvais traitements restent monnaie courante dans les prisons sud-américaines.

L’Acat souligne que l’Occident n’est pas épargné par les mauvais traitements, voire les actes de torture, notamment lors de gardes à vue ou de séjours en prison. Sur les 47 États membres du Conseil de l’Europe, 28 ont ainsi été condamnés par la Cour européenne des droits de l’homme pour des violences ou des brutalités policières. Aux États-Unis, l’arrivée de Barack Obama a mis fin aux dérives du précédent gouvernement de George Bush. « Mais Guantanamo n’est toujours pas fermé », regrette François Walter, d’Acat France. (Cf. Nea Say)

Par-delà les frontières, l’association observe une certaine homogénéité de la torture. « Les États s’attaquent toujours aux mêmes victimes, poursuit François Walter. Les premiers visés sont les militants des droits de l’homme, journalistes, syndicalistes, minorités ethniques ou religieuses, migrants, détenus, soldats, déserteurs. » Les objectifs aussi sont les mêmes : obtenir des informations, fabriquer des aveux, soumettre des individus ou faire naître la peur parmi les opposants.

« Endémique dans un grand nombre de pays, elle s’y exerce sur un mode régulier », note l’ONG en citant « les régimes totalitaires, les dictatures et de nombreux régimes islamiques, mais aussi les pays marqués par la fragilité et la violence politique ». L’ACAT rappelle la définition assez large que donnent les Nations unies de la torture: infliger une souffrance aiguë, physique ou mentale, de manière intentionnelle, à la recherche d’un but spécifique, avec l’intervention d’un agent représentant l’Etat.

En Afrique, « les régimes dictatoriaux ou à tendance dictatoriale, tels que la Mauritanie, le Soudan, le Zimbabwe, l’Ethiopie, l’Erythrée, la Guinée équatoriale et la République démocratique du Congo (RDC), érigent la torture en véritable système d’enquête et de répression au service de l’appareil sécuritaire », selon l’ACAT.

« Le recours à des méthodes violentes et notamment à la torture demeure très répandu au sein des forces de l’ordre » en Amérique latine, « héritage de décennies de dictatures militaires ».

L’association relève aussi le danger de certaines législations antiterroristes qui couvrent la recrudescence de l’usage de la torture: « le cas de la Tunisie est à cet égard emblématique ».

En Chine, comme en Iran, la torture a souvent pour objectif d’obtenir des aveux en vue d’un procès, selon l’ONG.

L’ACAT dénonce aussi certaines démocraties occidentales, dont l’Espagne pour le régime de détention « incommunicado » (quand un prisonnier n’est pas autorisé à communiquer avec des personnes extérieures à son lieu de détention), qui entraîne un risque de mauvais traitements et la France pour sa « politique pénale privilégiant l’adoption de lois répressives » et la surpopulation carcérale.

L’ACAT, créée en 1974, apporte son soutien aux victimes de la torture et sensibilise l’opinion publique sur la torture, la peine de mort et les droits de l’Homme. Elle revendique 10.000 adhérents et 40.000 sympathisants.

  Texte du rapport http://www.acatfrance.fr/medias/actualites/doc/ACAT_France-Rapport_torture-Dec_2010.pdf

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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