Mise à jour: Loi immigration, intégration et nationalité : l’Assemblée nationale française adopte le texte de la commission mixte paritaire (Sénat et Assemblée nationale).

C’est le 11 mai que l’’Assemblée nationale a donné son ultime feu vert (297 voix contre 193) au projet de loi sur l’immigration, avant un vote du Sénat dans la soirée, qui vaudra adoption définitive du texte par le Parlement. Le texte http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/immigration_integration_nationalite.asp transpose les trois directives européennes et une réforme des règles nationales (directive retour, lutte contre le travail au noir, et carte bleue européenne)(cf. les précédents numéros de Nea Say)

Les principales dispositions du projet de loi sur l’immigration : rappel

      -. Expulsions. Intégration .Santé. Mariages binationaux. Étrangers en situation irrégulière. Création de « zones d’attente temporaires ». Obligation de quitter le territoire pour ceux qui abusent du droit au court séjour en multipliant les allers-retours.

•la « directive retour » du 16 décembre 2008 sur les « normes et procédures communes applicables dans les États membres au retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier »,

•la directive carte bleue du 25 mai 2009 sur « les conditions d’entrée et de séjour des ressortissants de pays tiers aux fins d’un emploi hautement qualifié »,

•la directive sanctions du 18 juin 2009 sur « les sanctions et les mesures à l’encontre des employeurs de ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier ».

Le maintien sur le territoire ou l’obtention de la nationalité française seront plus directement conditionnés par le respect du « contrat d’accueil et de solidarité ». En cas de non respect des termes de ce contrat (l’assiduité aux formations par exemple) le préfet pourra refuser le renouvellement du titre de séjour. Par contre la durée de présence sur le territoire français nécessaire à l’obtention de la nationalité française pourra être réduite à deux ans pour ceux qui « satisfont manifestement déjà à la condition d’assimilation ». Une « charte des droits et des devoirs du citoyen français » devra être signée par tout étranger accédant à la nationalité française.

Pour les étrangers hautement qualifiés (au moins bac +3 ou expérience professionnelle d’au moins 5 ans), une « carte bleue européenne » est créée leur permettant un accès facilité au marché du travail et des droits au séjour identiques dans tous les pays de l’Union européenne.

En cas d’afflux de migrants franchissant la frontière en dehors d’un point de passage frontalier régulier, le préfet aura la possibilité de créer une « zone d’attente » temporaire reliant le lieu de découverte des migrants et le point de contrôle frontalier régulier le plus proche, zone que les migrants concernés ne pourront quitter.

La décision sanctionnant le séjour irrégulier par une « obligation de quitter le territoire français » (OQTF) ouvre en principe un délai de départ volontaire de 30 jours après lequel l’exécution d’office devient possible. L’obligation de quitter le territoire pourra être assortie d’une « interdiction de retour sur l’ensemble du territoire européen » d’une durée maximale de cinq ans (transposition de la directive européenne « retour »).

Un étranger (européen ou non européen) présent en France depuis moins de trois ans pourra être expulsé du territoire en cas de « menaces à l’ordre public », ce qui inclut les infractions de vol, de « mendicité agressive » ou l’occupation illégale d’un terrain.

Un ressortissant européen pourra être éloigné du territoire en cas « d’abus du court séjour » (séjour de moins de trois mois) par la multiplication des allers et retours « dans le but de se maintenir sur le territoire » ou bien s’il constitue « une charge déraisonnable pour le système d’assurance sociale ».

En cas de placement en rétention d’un étranger en situation irrégulière, la première décision statuant sur la légalité de la décision d’éloignement sera prise par le juge administratif avant le juge des libertés et de la détention. Le délai d’intervention entre les deux magistrats est fixé à cinq jours au lieu de deux jusqu’alors. Ce juge pourra prolonger la détention de 20 jours (au lieu de 15) et renouveler cette prolongation une fois. Au total la durée maximale de rétention administrative pourra ainsi passer de 32 jours à 45 jours.

Le texte prévoit également un renforcement des sanctions administratives, financières et pénales contre ceux qui emploient sciemment, directement ou indirectement, des étrangers sans titre de séjour.

Le titre de séjour « étranger malade » ne pourra désormais être accordé que si le traitement n’existe pas dans le pays d’origine, indépendamment des conditions d’accès plus ou moins assurées à ce traitement.

Le texte prévoit enfin de modifier certaines dispositions du code de l’entrée et du séjour des étrangers pour préciser les conditions permettant de « protéger de toute poursuite ceux qui accordent une aide humanitaire d’urgence aux étrangers en situation irrégulière ».

Un dispositif prévoyant que les Français naturalisés depuis moins de dix ans puissent être déchus de la nationalité française en cas de meurtre ou de tentative de meurtre sur des « personnes dépositaires de l’autorité publique », qui avait été adopté par l’Assemblée nationale en première lecture, a été rejeté par le Sénat en première lecture. Il n’a pas été rétabli par l’Assemblée nationale lors du débat en deuxième lecture.

Pour en savoir plus :

      -. Les travaux préparatoires & études d’impact. Pierre Mazeaud – Pour une politique des migrations transparente, simple et solidaire http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/084000446/index.shtml

      -. Etude d’impact pour le projet de loi relatif à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité http://www.legifrance.gouv.fr/html/actualite/actualite_legislative/EI_immigration.pdf

      -. Le processus législatif : communiqué du Conseil des ministres du 31 mars 2010 http://www.elysee.fr/president/root/bank_objects/10-03-31compte-rendu-du-CDM.pdf

      -. Directive du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008 relative aux normes et procédures communes applicables dans les États membres au retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2008:348:0098:01:FR:HTML

      -. Directive du Conseil du 25 mai 2009 établissant les conditions d’entrée et de séjour des ressortissants de pays tiers aux fins d’un emploi hautement qualifié http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:155:0017:01:FR:HTML

      -. Directive du Parlement européen et du Conseil du 18 juin 2009 prévoyant des normes minimales concernant les sanctions et les mesures à l’encontre des employeurs de ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:168:0024:01:FR:HTML

      -. Assemblée nationale : dossier législatif, texte de la procédure législative dans son entièreté jusqu’au 11 mai http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/immigration_integration_nationalite.asp

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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