Turquie : liberté de la presse. L’OSCE lance des appels pour des mesures urgentes dans une indifférence assez grande de l’UE.

Le conflit persiste et  la représentante de l’OSCE pour la liberté des médias, Dunja Mijatovi, en visite officielle en Turquie, a attiré l’attention du ministre des affaires étrangères turc sur la liberté des medias et la situation des journalistes emprisonnés auxquels elle rendra visité  dans la prison de Silvri.

En Turquie, la liberté de la presse est menacée, sur  le fil comme en témoigne ce long procés,  un procès de médias comme la Turquie en avait connu beaucoup dans les années 80 et 90, mais tous espéraient cette époque révolue. Et cette fois, parmi les neuf journalistes inculpés, tous accusés d’appartenir à «l’organisation terroriste Ergenekon», figurent deux célèbres reporters d’investigation Ahmet Sik et Nedim Sener, lauréat 2010 de l’Institut international de la presse, passibles d’une peine allant jusqu’à quinze ans de prison . Ces deux journalistes, mis en cause pour leurs seuls écrits, avaient en outre été les premiers à mettre en lumière les activités de ce réseau ultranationaliste soupçonné d’avoir voulu créer, par des attentats, le climat favorable à un coup d’Etat. D’où l’absurdité des accusations, mais la cour a refusé leur mise en liberté provisoire. La prochaine audience aura lieu le 26 décembre.

Le procès est une claire intimidation alors que la situation de la liberté de la presse se dégrade de plus en plus en Turquie. Quelque 71 journalistes sont inculpés pour leurs écrits, notamment pour des articles sur la question kurde. La critique du gouvernement est devenue un exercice à risque. Il est de plus en plus difficile de comprendre où se situe la limite entre ce que l’on peut écrire ou pas écrire se plaignent plusieurs journalistes. Les mauvaises habitudes sont de retour.

De son côté, le Conseil de l’Europe se déclare préoccupé : la Turquie doit mieux respecter la liberté de la presse et modifier sa législation en la matière, a déclaré récemment  le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjorn Jagland.“Nous sommes à l’évidence face à une situation qui a besoin d’être réglée afin que la Turquie aille de l’avant”, a-t-il dit au cours d’une visite à Ankara. Selon lui, 16.000 dossiers relatifs à la Turquie sont en cours d’examen devant la Cour européenne des droits de l’homme, basée à Strasbourg. Sur ce total, un millier porte sur la liberté de la presse. “Les tribunaux et les procureurs de Turquie doivent mieux comprendre les normes européennes au sujet de ce qu’un journaliste est autorisé à écrire ou à dire sans être jeté en prison”, a poursuivi Thorbjorn Jagland, qui a rencontré des membres du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan à ce sujet. Salués pour les résultats de leur politique économique depuis leur arrivée au pouvoir en 2002, les conservateurs islamistes du Parti de la justice et du développement (AKP) sont accusés d’utiliser une législation particulièrement draconienne en matière de diffamation pour faire taire leurs critiques.

La plupart des journalistes  sont détenus dans le cadre de la législation antiterroriste, qui permet de longues périodes d’emprisonnement avant une éventuelle inculpation. Le gouvernement rejette les accusations à son encontre et affirme que les journalistes ne sont pas détenus pour leurs écrits mais pour leurs activités en dehors du cadre professionnel. La Turquie a chuté au 138e rang sur 178 dans le classement des pays respectant la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières. Elle était 101e en 2007.

Communiqué de l’OSCE:

The OSCE Representative on Freedom of the Media, Dunja Mijatovi, discussed today with Turkish Foreign Minister Ahmet Davutolu media freedom situation in the country, in particular imprisonment of journalists and Internet restrictions.

« We discussed media freedom challenges in Turkey that require immediate attention, more specifically imprisonment of journalists and Internet restrictions, » Mijatovi said concluding her first official visit upon the invitation by the Foreign Minister. « I asked the Government to improve the situation of imprisoned journalists, for example, through alternatives to  pre-trial detention, such as release on bail. » »I also asked for urgent reform of the criminal law. Currently it can be used  to restrict media freedom and even imprison journalists expressing critical views, as well as block websites,? said Mijatovi offering her Office’s full assistance in this reform.

During the meeting Minister Davutolu assured the Representative that the main political philosophy of the Government is to promote freedom and eliminate restrictions. Mijatovi said: « I hope that the good spirit of our meeting will be quickly translated into concrete measures to improve media  freedom ». During her visit Mijatovi welcomed the initiatives by the Justice Ministry to amend the Criminal Code, the Anti-Terror Law, the Internet Law and the Broadcasting Law in order to bring the national legislation in line with international and OSCE commitments of Turkey. She expressed hope that this action plan to adopt and implement reform proposals will be approved by the Government.

In a meeting with the Turkish telecommunication authorities they presented the recently introduced Safe Internet Service filtering system. « I am glad  that now people have the choice whether to use this system. Making it voluntary was a recommendation by my Office and I trust that this filtering system will never be imposed on Internet users, » she stressed. Mijatovi  also had meetings at Justice Ministry; Transport, Maritime and  Communications Ministry; and the Directorate General of Press and Information of the Office of the Prime Minister. Furthermore she met with media professionals and human rights activists at Ankara University and Istanbul Bilgi University.

The Representative will conclude her stay in Turkey on 16 December with a visit to journalists in Silivri prison.”

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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