Hongrie : la crise des valeurs ne serait-t-elle pas plus grave que celle de la dette souveraine ?

Comme elle, la crise des valeurs ne connaît pas les frontières Deux dossiers tombés dans l’oubli : les Roms et les camps de travail forcé.A l’automne le gouvernement de Monsieur Orban avait fait à nouveau parler de lui  avec la création de camps de travail forcé! Premiers visés, les Roms, bien sûr ! Depuis l’automne,c’est un silence assourdissant, pourtant les occasions n’ont pas manque et ne manquent pas.

 

Selon l’opposition cela ressemble fort à des camps de travail nazis ou soviétiques. Un projet approuvé par le parlement hongrois en juillet dernier stipule que toute personne recevant des indemnités sociales doit travailler sur des sites de construction, nettoyer les rues ou entretenir les parcs et forêts. En cas de refus, le versement des indemnités peut être interrompu. Une certaine flexibilité est toutefois prévue pour les personnes âgées et malades, ainsi que pour les parents seuls avec enfants.

 

Quelque 300 000 personnes effectueraient ces « travaux d’utilité publique ». En outre, même si ce programme vise officiellement les chômeurs, il aurait des implications ethniques et viserait directement la population rom selon les détracteurs du projet.

 

Les personnes qui participent au programme perçoivent l’équivalent de 200 euros par mois, une somme supérieure au montant des indemnités sociales de base, mais inférieure au salaire minimum.

 

Un reportage de la chaîne télévisée belge RTBF, diffusé le 19 septembre, montrait des Roms dans la ville de Gyöngyöspata en train d’enlever du bois mort dans une forêt. Environ trente personnes auraient travaillé dur pendant plusieurs jours pour réaliser une tâche qu’un tracteur aurait pu effectuer en quelques heures.

 

Bloomberg a cité Károly Lakatos, un père de trois enfants âgé de 38 ans, licencié de son poste d’opérateur de chariots élévateurs chez un fournisseur automobile, qui a qualifié les conditions de travail de « dégradantes ».

 

Gyöngyöspata est dirigée par le parti Jobbik d’extrême droite. Il y a quelques mois, des extrémistes de la « Garde hongroise » ont défilé dans les rues de la ville en uniforme paramilitaire noir pour intimider la population rom. Un représentant officiel du Jobbik à Gyöngyöspata aurait affirmé que la population non rom soutenait cette mesure, étant donné que les vols avaient diminué.

 

La Hongriene versera plus « d’indemnités à des gens capables de travailler, alors qu’il y a tant de travail à faire », a déclaré en juin le premier ministre hongrois, Viktor Orbán.

 

Le Parti socialiste dans l’opposition a affirmé que ce programme était « fondé sur la peur et la force, rappelant une autre de période de terreur », allusion aux centaines de milliers de Hongrois qui avaient été enrôlés de force dans les camps nazis et soviétiques, selon Bloomberg.

 

Un diplomate hongrois de la représentation permanente du pays à l’UE a déclaré qu’actuellement, ces projets pilotes impliquaient des travaux d’aménagement forestier près de Gyöngyöspata (abattage, nettoyage et plantation de nouveaux arbres), le nettoyage du lit et des berges des rivières locales aux alentours du même village, des travaux d’aménagement forestier près de Gyöngyösoroszi, la construction de pistes cyclables sur un barrage de la rivière Tisza et l’entretien des routes secondaires (nettoyage des caniveaux, ramassage des déchets sur le bord des routes, réparation des arrêts de bus, etc.) dans plusieurs endroits répartis sur les sept comtés.

 

Les projets d’entretien des routes sont surtout réalisés dans les zones rurales, où les opportunités d’emploi sont maigres, voire inexistantes. Pour l’instant, ces projets emploient plus de 1 000 personnes en tout, 8 heures par jour, pour un salaire qui n’est pas inférieur au salaire national minimum, a insisté le diplomate.

 

« Ces projets sont trop récents pour tirer des conclusions définitives, mais l’expérience se révèle positive jusqu’à présent », a-t-il expliqué, ajoutant qu’au vu des résultats des projets pilotes, « le programme devrait se développer pour couvrir un plus grand nombre de personnes actuellement en dehors du marché du travail ».

 

La Hongrieoccupe la une des médias,la Commissionvient de faire une déclaration assez solennelle (cf. autre information) avant d’ouvrir dans quelque jours une procédure d’infraction : business as usual !

Mais en cette occasion constatons que cette affaire de travail forcé et de traitement des Roms est tombée dans l’oubli des Institutions, mais aussi des Médias.

 

Statement of the European Commission on the situation in Hungary on 11 January 2012

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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