une mesure à court terme qui ne règle pas les enjeux migratoires de façon durable ;. La pays a besoin de réformes à moyen et long terme pour gérer ses frontières de manière moderne. La Commission est certes prête à intensifier la coopération pour identifier et financer des projets alternatifs plus efficaces.

Annoncé fin 2010, le projet vise à empêcher l’entrée des migrants clandestins en territoire grec. Le refus de Bruxelles de le financer ne devrait pas dissuader Athènes.

Depuis le 6 février, des pelleteuses creusent les champs de terre gelée autour d’Orestiada, bourgade assoupie de la région grecque d’Evros, frontalière avec la Turquie. Les engins préparent le terrain pour la construction d’une  clôture. Devant s’étirer sur 12,5 km et compter deux épaisseurs de barbelés, celle-ci doit empêcher les migrants clandestins de s’introduire en territoire grec. Sa longueur correspond à la petite portion de frontière terrestre séparant la Turquie et la Grèce, le fleuve Evros tenant tout à la fois lieu de ligne de démarcation et d’obstacle naturel à l’immigration illégale dans le reste de la région.

Sur les 55 000 migrants clandestins qui ont franchi la frontière gréco-turque en 2011, une très grande majorité a emprunté ce petit ruban de terre. Venus d’Asie pour la plupart (Afghanistan, Pakistan, Bangladesh), mais aussi d’Afrique du Nord (Algérie et Maroc essentiellement), ceux-ci errent dans les rues d’Orestiada ou s’entassent dans des centres d’accueil de la région. Ils espèrent le plus souvent atteindre Athènes pour poursuivre leur voyage  dans le reste de l’espace Schengen, où les contrôles aux frontières sont abolis.

Dépassées, les autorités grecques ont eu recours à l’aide de Frontex, l’agence européenne pour la gestion des frontières extérieures, qui patrouille autour d’Orestiada.Aucun autre pays européen ne fait face à un tel afflux »,  se plaint de façon récurrente   le directeur de la police d’Orestiada,  et avec lui les autorités administratives et politique de Grèce

La Grèce espère que les travaux seront achevés cet été. Mais la commissaire européenne aux affaires intérieures et aux migrations, Cecilia Malmström refuse de financer : ce n’est pas la solution ! Il n’est pas dit que le refus de financement européen dissuade la Grèce. Athènes peut faire face au coût de la construction, évalué à 5,5 millions d’euros. Reste que le rempart ne dissuadera pas les migrants clandestins qui souvent sont prêts à risquer leur vie.

La Commissaire Cecilia Malmsröm a été très claire et a mis en garde contre toute violations des droits de l’homme. Elle a décidé de ne pas répondre de façon positive à la demande grecque, car elle considère que la construction de cette clôture constitue une mesure à court terme qui ne règle pas les enjeux migratoires de façon durable. Le pays a besoin de réformes à moyen et long terme pour gérer ses frontières de manière moderne. La Commission est certes prête à intensifier la coopération pour identifier et financer des projets alternatifs plus efficaces. Le porte-parole  a fait savoir que la décision de construire cette clôture « relève de la responsabilité des autorités grecques, mais toutes les mesures doivent être conformes aux obligations internationales de la Grèce, notamment le respect des droits de l’homme et le principe de non refoulement des personnes en droit de bénéficier d’une protection internationale. (…) Pas un centime du budget européen ne sera accordé,  la clôture sera financée par la Grèce sur ses propres ressources sans aucune implication des finances de l’UE ».

Rappelons que la Grèce devrait recevoir 90 millions d’euros du budget de l’UE en 2012 pour faire face aux problèmes posés par l’afflux de demandeurs d’asile mais ne pourront donc être utilisés pour construire de 10,3 kilomètres de long.

Cette position est partagée par Guy Verhofstadt, chef du groupe libéral, ALDE, et de la députée libérale Renate Weber. « L’histoire a largement prouvé que la sécurité à long terme ne pouvait être assurée par la construction de murs et de clôtures » ont dit les deux députés. Pour eux le recours à l’agence Frontex devrait être renforcé : elle peut et doit faire plus pour aider le pays en charge de la gestion de frontières communes. Mais la Grèce elle-même devrait s’aider davantage, en commençant par se doter d’un vrai régime d’asile et d’immigration et qui soi efficace. L’un et l’autre ont déploré que la Grèce ait reçu des fonds à ce titre sans parvenir à des résultats tangibles. Et plus qu’une clôture la Grèce devrait miser sur des accords avec la Turquie pour gérer les flux migratoires et consolider ses instruments de surveillance.

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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