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Palestine : le soutien de l’Europe jusqu’où ? Le Parlement européen une fois de plus oublié.

Certes une vision commune au sein de l’UE, mais une approche différente d’où ce partage difficilement compréhensible entre votes pour (14) et abstentions (12) ! Un appel de l’UE à la reprise des négociations. Un appel immédiatement repoussé par Israël qui se lance dans un nouveau programme de colonisations à grande échelle. Le bilan concernant le soutien traditionnellement apporté à la Palestine par l’Europe est plutôt mitigé comme à l’habitude. Plutôt que d’avoir recours à la formule  du verre à moitié plein ou à moitié vide, posons nous la question de savoir si le verre se vide ou s’il se remplit. Il se remplit, nous semble-t-il. Il est loin d’être plein et il se remplit trop lentement. Notons aussi que les derniers jours qui ont précédé le vote aux Nations Unies ont vu une dynamique naître et se renforcer en faveur du statut d’Etat observateur pour la Palestine, donc un résultat qui n’était pas acquis au départ.

Les Palestiniens se sont vus attribuer un acte de naissance au sortir d’un vote qualifié rapidement d’historique mais qui a laissé insatisfaits bien des pays . Un autre Etat observateur, le Vatican, l’a jugé insuffisant. Plus des deux tiers des 193 pays membres de l’organisation des Nations Unies ont approuvé l’admission de la Palestine en tant qu’Etat observateur non-membre et ainsi disparaît  le statut d’ « entité » palestinienne. Pas moins de 138 pays ont joint leur voix en faveur de ce changement de  statut, seuls 9 ont voté contre dont les Etats-Unis et le Canada et 41 se sont abstenus dont l’Allemagne et le Royaume-Uni.

C’est un coup véritable qui a été porté à la diplomatie américaine malgré son intense lobbying comme à l’accoutumé : les Etats-Unis n’ont réussi qu’à convaincre un seul autre grand pays, le Canada. Mais il reste à l’Assemblée générale à produire dans la réalité un authentique acte de naissance de l’Etat de Palestine. En effet malgré l’appel du secrétaire général, Ban-Ki moon, qui avait solennellement appelé les dirigeants palestiniens et israéliens à ranimer le processus de paix au point mort depuis deux ans en reprenant des négociations directe, cet appel n’a pas été entendu par les deux protagonistes. Cet  appel a été repris par la France et le Royaume-Uni mais fait symptomatique, l’un (la France) a voté positivement et l’autre (le Royaume-Uni) s’est abstenu. Les bombardements ont cessé in extremis avant le vote mais dès le lendemain, en représailles, les colonisations juives ont repris de plus belle en Cisjordanie et la condamnation de l’UE par la voix de Catherine Ashton n’y changera rien. Et l’après 29-novembre reste périlleux pour les Palestiniens et le vote de l’ONU reste un pari malgré de solides fondations. Les 14 pays de l’Union européenne qui ont voté oui seront-ils en mesure de passer des paroles aux actes. Mais quels actes leur seront-ils permis tant que les Etats-Unis bloquent, par leur veto, toutes possibilité d’avancées.

Au départ, ils n’étaient pas 14 à soutenir la résolution lorsque les 193 pays se sont engagés dans la dernière ligne droit précédant le vote : ce n’est qu’après que la France ait annoncé son vote en faveur de la résolution que cinq autres Etats ont annoncé qu’ils soutiendraient la demande palestinienne lors du vote du lendemain.

Ce n’est que le mercredi que plusieurs pays européens ont annoncé qu’ils voteraient jeudi en faveur de l’octroi d’un statut d’«Etat observateur non membre» pour l’Autorité palestinienne. La France avait fait savoir mardi qu’elle répondrait favorablement à cette demande palestinienne, s’attirant au passage et immédiatement le «désaccord» des Etats-Unis.

La Finlande a annoncé le mercredi qu’elle voterait en faveur d’une résolution des Nations unies pour que la Palestine accède au statut d’«Etat observateur non-membre», sauf accord unanime au sein de l’Union européenne pour faire autrement. C’est ce même raisonnement alambiqué et ne trompant personne, un simple habillage, mais a contrario, qui fut adopté par bien des partisans de l’abstention. «La Finlande soutiendra tout d’abord la position commune de l’UE. La prévision de la Finlande est que la seule position commune possible pour l’UE est de s’abstenir, ce avec quoi la Finlande serait d’accord», a indiqué le gouvernement dans un communiqué. Mais cette éventualité est tombée rapidement, plusieurs Etats ayant rendu publiques des positions divergentes sur le sujet. Si les 27 ne parviennent pas à s’entendre, «la Finlande essaiera de trouver une position commune avec les pays nordiques», a poursuivi le gouvernement finlandais. Et si ce n’est pas possible, «la Finlande votera en faveur de la résolution», a-t-il été finalement conclu, à l’issue d’un conseil des ministres. Au sein des pays nordiques, seule la Suède a longtemps hésité.

Loin de ces justifications laborieuses, la Russie a annoncé sans surprise la couleur :: «Comme nous l’avons annoncé à plusieurs reprises, la Fédération de Russie votera en faveur de cette résolution conformément à notre position de principe» sur la question, a déclaré de son côté le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. «Le soutien à cette décision à l’Assemblée générale est également dictée par le fait que les Palestiniens ne considèrent pas cette démarche comme une alternative au processus de paix au Proche-Orient, ce qui est clairement énoncé dans le projet de résolution», a ajouté la diplomatie russe. L’ambassadeur russe à l’ONU, Vitali Tchourkine, avait indiqué dès le 12 septembre que la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, soutiendrait l’initiative palestinienne quelle que soit sa forme.

Un autre pays affichait son absence d’état d’âme, l’Espagne : «L’Espagne votera demain oui à la demande palestinienne, en cohérence avec notre histoire et parce que nous croyons que c’est la solution la plus adéquate pour nous rapprocher de la paix», a  déclaré mercredi le ministre des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo, devant les députés. espagnols «Notre gouvernement aurait préféré que l’on ne doive pas aller jusqu’à ce vote, parce que cela aurait signifié une avancée dans les négociations de paix», a souligné le ministre, regrettant aussi «que la communauté internationale [n’ait] pu offrir à l’autorité nationale palestinienne une solution alternative» à ce vote. De même, l’Espagne «aurait préféré que l’Union européenne vote ensemble», a-t-il indiqué : «Jusqu’à la dernière seconde, nous avons fait des efforts pour parvenir à un consensus entre les 27 Etats membres. […] Cela n’a pas été possible et nous avons dû adopter une position unilatérale.»

Au Danemark, longtemps un soutien inconditionnel en Europe d’Israël, le ministre des Affaires étrangères a indiqué que Copenhague voterait de la même manière. «Je suis heureux d’annoncer que le Danemark votera pour [lors du] vote de jeudi», a déclaré Villy Soevndal dans un communiqué. «Il est évident que les Palestiniens souhaitent depuis longtemps un statut rehaussé d’Etat observateur non membre aux Nations unies, et une résolution a finalement été présentée après plusieurs semaines de discussions», dit-il. «C’est un texte modéré qui souligne le besoin de négociations de paix et une solution négociée de deux Etats qui garantit aux Palestiniens un Etat sûr, viable, aux côtés d’Israël.»

Hors de l’Union européenne, la Suisse et la Norvège ont également apporté leur soutien à la demande palestinienne. Selon le gouvernement suisse, le Conseil fédéral, «ce changement de statut, d’entité avec un statut d’observateur à celui d’Etat observateur, doit permettre de revitaliser le concept de la solution à deux Etats dans la perspective des négociations de paix israélo-palestiniennes». «A plusieurs reprises, notamment lors de sa visite à Berne le 15 novembre dernier, le président palestinien Mahmoud Abbas s’est engagé à relancer le processus de paix immédiatement après le vote de l’ONU», souligne le communiqué. Le gouvernement helvétique, qui estime que son choix s’inscrit dans la continuité de sa politique de dialogue avec toutes les parties, relève que ce statut, s’il est adopté, s’accompagnera «de droits mais aussi d’obligations, notamment celle de s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force consacrée dans la Charte des Nations unies». «Il ouvrira également à la Palestine les portes de plusieurs conventions internationales, notamment dans le domaine de la protection des droits de l’Homme et de la lutte contre le terrorisme», ajoute le communiqué.

En Norvège, où avaient été négociés les Accords d’Oslo aujourd’hui moribonds, la représentation à l’ONU votera de la même manière, avait annoncé mercredi son ministre des Affaires étrangères. «La Norvège votera oui à un statut rehaussé de la Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU», a écrit le ministre Espen Barth Eide sur Twitter. «Le projet de résolution est équilibré et constructif.» Sur la chaîne publique NRK, le ministre a ensuite justifié la décision de son pays par la nécessité de donner «une nouvelle impulsion» aux négociations israélo-palestiniennes aujourd’hui au point mort et de renforcer le président Mahmoud Abbas, à l’origine de la demande.

En revanche, un porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a fait savoir que Berlin ne voterait pas favorablement à la demande palestinienne. Steffen Seibert a ajouté que l’Allemagne tentait de parvenir à une position commune au sein de l’Union Européenne sur ce sujet. «Le ministre allemand des Affaires étrangères travaille intensément à ce que l’Europe se présente la plus unie possible sur ce dossier. Je vous ai nommé une certitude : il n’y aura pas d’approbation de l’Allemagne à une telle résolution. Au delà de cela, nous discutons avec nos partenaires», a-t-il dit. Ces hésitations et tergiversations de l’Allemagne constitue une première et l’Allemagne s’est abstenue aprés que des bruits insistants aient couru selon les quels l’Allemagne voterait contre la résolution. Le ministre des affaires étrangères Guido Westerwelle a précisé que si Berlin « partage l’objectif d’un Etat palestinien (…) on peut douter du fait que l’étape visée par les Palestiniens serve le processus de paix ».

Quant au Royaume-Uni, longtemps les regards sont restés braqués sur lui, attendant que soit rendue publique sa décision. Finalement le gouvernement de David Cameron a fait savoir qu’il était disposé à appuyer l’initiative palestinienne à trois conditions que M. Abbas s’engage à reprendre les négociations avec Israël, sans conditions, qu’il s’engage à ne pas demander un statut d’Etat membre à part entière auprès du Conseil de sécurité et qu’il renonce à saisir la Cour pénale internationale comme l’y autorise son statut d’Etat observateur. Des exigences exorbitantes repoussées bien évidemment par la Palestine, même si son représentant à l’ONU faisait savoir que les Palestiniens n’allaient pas se précipiter au lendemain du vote pour rejoindre les agences de l’ONU et le CPI. Avec de telles exigences Londres aurait du rejoindre le camp des opposants au vote de la résolution, mais Londres doit néanmoins tenir compte d’une opinion publique largement acquise à la cause palestinienne :59% des britanniques selon un récent sondage soutiennent les aspirations palestiniennes le sentiment dominant étant qu’il est urgent de soutenir les modérés si l’on ne veut pas faire le jeu du Hamas. Peut-on évoquer les traditionnelles relations spéciales de proximité avec Washington ? En tout cas elles n’ont pas suffi pour que le Royaume-Uni joignent sa voix à celles des Etats-Unis et d’Israël : le Royaume-Uni s’est abstenu.

Les résultats: 138 voix pour, 41 abstentions, 9 voix contre. La majorité exprimée à l’Assemblée générale de l’ONU à New York jeudi (29 novembre) a été suffisamment claire pour que la Palestine obtienne son statut d’Etat observateur aux Nations Unies sans trop de difficulté. Après avoir beaucoup hésité, plusieurs pays ont finalement rallié soit le camp des « Oui », soit se sont abstenus. Plusieurs des Etats réticents au statut de la Palestine ont finalement fait le choix de ne pas être totalement négatifs et de s’abstenir. Ce qui revient au même dans le vote mais a un autre effet au niveau politique.

Malgré leur différence de vote, les déclarations des différents ministres européens des Affaires étrangères ont été unanimes pour souhaiter une reprise du processus de paix et saluer la solution. Sur ce point l’Europe a évité le pire : la différence de vote exprime davantage une différence d’approche, de méthode qu’une contradiction politique forte. Notons plusieurs européens qui ont déserté le camp du soutien à Israël ; le Danemark, dont on se souvient au moment de la guerre de 1973 du parti pris en faveur d’Israël alors qu’il exerçait la présidence de l’Union européenne, or il a voté en faveur du nouveau statut, les Pays-Bas soutien historique s’est abstenu, l’Allemagne après bien des hésitations et beaucoup de rhétorique s’est abstenue. Au bout du compte seule la république tchèque dans un souci de non alignement au sein de l’UE a voté contre et a ainsi rejoint le camp peu glorieux des soutiens traditionnels et inconditionnels comme Panama, la Micronésie, les Iles Marshall, Nauru et Palau. Le vote est d’abord une défaite pour les Etats-Unis qui s’est retrouvés isolés avec Israël dans le vote négatif. Dans l’abstention on retrouve les pays baltes ou des pays des Balkans.

Paradoxalement mais de façon très explicable, les commentateurs ont préféré retenir la division des européens plus que la défaite cuisante des Etats-Unis. L’Europe simple spectatrice ? Alors que dire des Etats-Unis eux aussi simples spectateurs et depuis longtemps, pire même simples spectateurs alors qu’eux seuls, ils peuvent à la différence de l’Union européenne apporter la solution en abandonnant leur veto.

Il est indéniable sur ce point que la position française, exprimée tardivement le mardi 27 novembre en faveur d’un vote positif, a entraîné un effet de bascule de plusieurs pays qui ont attendu la dernière minute le jeudi (29 novembre) pour afficher leur intention. L’Italie, la Grèce et la Suède ont ainsi voté oui. Tandis que l’Allemagne ou les Pays-Bas traditionnels opposants basculaient, eux, dans l’abstention. Finalement 14 pays de l’Union européenne ont voté oui (Autriche, Belgique, Chypre, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Malte, Portugal, Suède), 12 se sont abstenus (Allemagne, Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Slovénie, Slovaquie), et 1 seul a voté contre (république Tchèque). Celle-ci a été le seul pays d’Europe à se retrouver aux côtés d’Israël et des Etats-Unis, ce qui a signifié de rester  assez fidèle à une position constante de cet Etat. Si l’on compare ces votes à ceux de l’Unesco il y a un an, on voit bien une évolution nette qui marque un isolement grandissant du tandem israélo-américain.

Doit-on, une fois de plus s’en prendre à la Haute Représentante, Catherine Ashton, c’est facile. Elle s’est beaucoup dépensée , ses motivations étaient respectables, mais n’a-t-elle pas trop dépensé d’énergie à rechercher l’unanimité des 27 Etats membres, alors qu’il était évident qu’une telle unanimité ne pouvait se réaliser que dans l’abstention ce qui était trop peu pour beaucoup trop d’Etats, on l’a vu à l’arrivée au moment du vote. Enfin on ne peut pas répéter année après année comme en 2011 l’argument que l’on est bien tous d’accord mais que le moment est mal choisi…Mme Ashton n’a pas fait de déclaration à l’issue du vote à l’ONU, la seule institution européenne à se féliciter publiquement a été le président du Parlement européen, Martin Schulz. Les 27 Etats membres s’est-on félicité dans l’ entourage de Catherine Ashton, se sont alignés sur la déclaration qu’elle a faite relative à la recherche d’une solution de deux Etats a expliqué le représentant spécial pour le processus de paix au Proche-Orient, Andreas Reinicke le 30 novembre. La veille Catherine Ashton a publié une déclaration au nom des 27 (cf . infra le texte intégral) : elle y explique que l’UE souhaite que la Palestine devienne membre à part entière de l’ONU dans le cadre d’une solution au conflit. L’Union réitère sa disponibilité à reconnaître un Etat palestinien. Mais l’Europe ne l’avait-elle pas déjà dit, il y a plus de trente dans la célèbre déclaration de Venise ? Une déclaration qui est une redite comme elle le reconnaît mais qui est surtout un prêchi-prêcha sans effets »L’Ue a exprimé à plusieurs reprises son soutien et son désir que la Palestine devienne un membre plein des Nations Unies dans le cadre d’une solution au conflit (…) rappelant la déclaration de Berlin de mats 1999, l’UE réaffirme qu’elle est prête à reconnaître un Etat palestinien quand ce sera approprié (…).Après le vote (…) il est important pour toutes les parties et les acteurs concernés d’œuvrer pour un règlement du conflit avec un objectif renouvelé et un sentiment d’urgence » précise Catherine Ashton qui appelle toutes les parties à poursuivre les actions propice à un climat de confiance nécessaire pour aboutir à de véritables négociations. L’UE leur demande aussi de s »abstenir d’actions qui portent atteinte à la crédibilité du processus. « L’UE engage les deux paries à trouver des moyens constructifs pour surmonter les obstacles actuels à une reprise des négociations directes sans délai ni conditions préalables ».  Chacun peut mesurer l’accueil réservé à l’appel de l’UE à s’abstenir d’actions qui portent atteinte à la crédibilité du processus : comme déjà indiqué, quelques heures après le vote Israël annonçait son programme renforcé de nouvelles colonisations en Cisjordanie.

La déclaration du Saint Siège a été infiniment plus courageuse et réaliste. Le Vatican trouve la déclaration insuffisante !

Doit-on parler d’un nouvel échec de l’Europe ? Faire la fine bouche et déclarer qu’une fois de plus l’Union européenne se contente de verser annuellement plusieurs centaines de millions d’euros à l’autorité palestinienne, faire la fine bouche et déclarer qu’une fois de plus l’Europe se réduit à l’humanitaire ? Certainement pas ! Depuis le premier jour l’Union a apporté un soutien matériel déterminant où serait aujourd’hui l’Autorité palestinienne ? Parlerait-on encore de cette faculté de résilience exceptionnelle du peuple palestinienne si au lendemain de l’historique poignée de main entre Yasser Arafat et Rabin sur les pelouses de la Maison Blanche, Jacques Delors n’avait pas reçu Yasser Arafat dans son bureau du Breydel à Bruxelles et ne s’était pas engagé à assurer la paye des fonctionnaires palestiniens? S’il ne l’avait fait qui l’aurait fait ? Cet appui d’ordre matériel et humanitaire n’est pas à ce point méprisable et la Commission européenne a bien eu raison en ce 29 novembre « journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien » de publier un court aide mémoire récapitulant l’aide humanitaire.

Une critique est à formuler à l’égard de l’UE d’un autre ordre que celles faites habituellement : l’UE aurait dû entreprendre une action résolue en direction des deux branches palestiniennes, le Hamas et l’Autorité palestinienne, en vue de leur réconciliation. Tout n’a pas été entrepris et la réussite d’une telle action contribuerait à dégager la voie conduisant à la paix. C’est une action à la mesure de sa capacité de médiation, une faisabilité raisonnable existe, c’est d’un tout autre ordre que surpasser le veto américain au Conseil de sécurité des Nations Unies.

On peut aussi tirer comme leçon de ce vote que l’Union européenne arrive à prendre des positions différentes des Etats-Unis et à ne pas se retrouver minorisée. Peut-être jamais les pressions américaines sur chacun des membres de l’Union européenne n’ont été aussi mesurées, sans être absentes, un simple rituel ?

Signalons enfin que parmi les adhérents/associés à l’UE, déclarés ou potentiels, l’Islande, la Norvège, la Serbie, la Suisse et la Turquie ont voté oui. Tandis que l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, Croatie, le Montenegro, et la Fyrom/Macédoine (les Balkans en quelque sorte) s’abstenaient. La politique américaine y est sans doute plus prégnante que dans la « vieille » Europe.

Le mot de la fin revient au Parlement européen, il le mérite, mais on peut regretter qu’une fois de plus la position du Parlement européen ait été ignorée par les acteurs et les médias. Sa résolution a été votée dès le 22 novembre alors que les jeux étaient loin d’être faits, bien avant par exemple que la France ait fait connaître sa position. Comme c’est la règle depuis les massacres de Sabra et Chatila une majorité pro palestinienne s’est dégagée à la faveur d’un vote d’une résolution, même si comme d’habitude l’empoignade a été rude et les résultats serrés. Cette reconnaissance par les Nations Unies a été saluée rapidement dés jeudi soir (minuit) par Martin Schulz, le président du Parlement européen. « Je considère cela comme un pas important pour avoir une représentation palestinienne plus visible, plus forte et plus efficace » a-t-il déclaré. Le Parlement européen, seule institution européenne démocratique élue au suffrage universel direct, avait déjà marqué, dans sa résolution, son soutien à la candidature de la Palestine pour devenir un Etat non-membre observateur à l’ONU. Et de réaffirmer son soutien à « une solution à deux Etats sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale des deux Etats, avec l’État d’Israël et un État de Palestine indépendant, démocratique et viable, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité ». « Le Parlement européen appuie dans ce contexte le souhait palestinien de devenir observateur non membre des Nations Unies et y voit une étape importante pour donner davantage de visibilité, de force et d’efficacité aux revendications palestiniennes ».(Résolution du 22 novembre 2012) Cependant a averti Schulz : « Le vote d’aujourd’hui à l’Assemblée générale des Nations Unies n’est en aucun cas un substitut à une solution politique globale négociée acceptable par les deux parties. Nous appelons les deux parties à faire tout leur possible pour revenir à la table des négociations et de créer les conditions pour la reprise des pourparlers de paix directs. ». C’est reprendre presque mot pour mot le texte voté par les 138 pays aux Nations Unies et aussi le texte de la déclaration de Catherine Ashton au nom des vingt-sept de l’Union européenne.

Les députés de gauche, éléments moteur du vote ont des sentiments mélangés : le soulagement le dispute à un optimisme mesuré né de l’espoir que ce vote sera un catalyseur. Daniel Cohn-Bendit vice-président du groupe des verts estime que le vote est « historique » « un pas important dans les futurs pourparlers de paix entre les parties au conflit au Proche-Orient (…) l’attribution du statut de non membre représente un soutien aux palestiniens et permettra d’assurer un meilleur équilibre en vue d’une éventuelle reprise ses négociations ».Le président du groupe socialiste S&D, l’autrichien Hannes Swoboda et la socialiste belge Véronique de Keyser se sont dits « soulagés » par le vote (…) cela va soutenir ceux en Palestine qui ont aspiré pendant des décennies à une sortie politique et négociée du conflit » ont-ils souligné. Pour la présidente du groupe de gauche,l’allemande Gabi Zimmer, le statut d’Etat observateur « était vraiment nécessaire pour faire avancer une solution à deux Etats (…) Nous croyons que ce vote agira comme un catalyseur pour la réunification du peuple palestinien et mènera à la reprise des négociations directes pour trouver une solution durable au conflit israélo-palestinien ».

Quelle conclusions pour l’UE , celle tirée par le représentant spécial pour le processus de paix, Andreas Reinicke, pour qui l’important est de reprendre les négociations : «  le vote est derrière nous, il faut regarder vers le futur et on s’attend à ce que les deux parties s’impliquent dans les négociations aussi vite que possible », des espoirs vite douchés par Israël.

Le texte voté par les Nations Unies à une écrasante majorité est en tout cas comme l’a fait remarquer Daniel Levy, membre du European Council for Foreign Relations (ECFR) de Londres , « proche des positions, des intérêts et des valeurs » de l’UE.

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Pour en savoir plus :

-. Daniel Levy The Palestine UN vote and Europe http://ecfr.eu/content/entry/commentary_the_palestine_un_vote_and_europe

 

-. Résolution du Parlement européen du 22 novembre 2012 sur la situation à Gaza (FR) http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P7-TA-2012-0454+0+DOC+XML+V0//FR&language=FR

(EN) http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P7-TA-2012-0454+0+DOC+XML+V0//EN

 

-. The European Commission’s humanitarian support for the Palestinina people : translating solidarity into action (EN) http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-12-921_en.htm  ECHO in the field 28/11/2012 http://blogs.ec.europa.eu/echo-action/it%e2%80%99s-time-to-work-together-%e2%80%93-a-young-palestinian-from-lebanon/#more-844

 

-. Declaration by the High Representative on behalf of the European Union on the Middle East Peace Process: http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_Data/docs/pressdata/en/cfsp/133902.pdf

 

-. Déclaration du Saint Siège aux Nations Unies sur le vote concernant la Palestine http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/Declaration-du-Saint-Siege-sur-le-vote-a-l-ONU-concernant-la-Palestine-_NG_-2012-11-30-881981

 

-. Déclaration de l’Assemblée générale des Nations Unies (FR) http://www.un.org/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/67/L.28&Lang=F (EN) http://www.un.org/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/67/L.28&Lang=E

 

-. Compte rendu de l’Assemblée générale des Nations Unies (EN) http://www.un.org/News/Press/docs//2012/ga11317.doc.htm

 

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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