La crise aggrave les inégalités hommes-femmes, en matière d’emploi notamment, signale l’OCDE

L’OCDE souligne les progrès en matière d’éducation pour les filles mais insiste sur le retard persistant sur le front de l’emploi et des revenus. Les inégalités s’accroissent tout au long de la vie professionnelle des femmes. Dans un rapport, publié ce lundi, l’OCDE souligne les progrès en matière d’éducation pour les filles mais insiste sur le retard persistant sur le front de l’emploi et des revenus. Les uns soulignent l’écart entre hommes et femmes et les discriminations dont les femmes sont les victimes. D’autres mettent l’accent sur le coût économique d’une telle situation et la nécessité d’y mettre fin. 

«Aujourd’hui, les filles obtiennent de meilleurs résultats que les hommes dans certaines matières et sont moins susceptibles d’abandonner prématurément l’école. Mais les femmes continuent à gagner moins que les hommes, ont moins de chance d’atteindre le sommet de la hiérarchie au travail et ont un plus grand risque de finir leur vie dans la pauvreté», résume l’étude de l’organisation internationale.

 Les jeunes femmes étudient plus longtemps – 42% sont diplômées de l’enseignement supérieur contre 33% pour les garçons – et excellent dans les matières littéraires, un peu moins en mathématiques. L’OCDE pointe la persistance des stéréotypes, qui se prolongent dans le choix des formations et le type d’emploi. «82% des diplômés en informatique sont des hommes qui sont globalement surreprésentés dans les filières scientifiques et techniques, ayant plus de débouchés, ce qui contribue aux inégalités de carrière et de revenu». L’écart de salaire s’aggrave en France et ces inégalités s’accroissent tout au long de leur vie professionnelle, elles s’aggravent avec l’âge, le niveau de responsabilités et le nombre d’enfants, qui entraînent des interruptions de carrière et du travail partiel. Le taux d’emploi des femmes de 15-64 dans la zone OCDE n’atteint que 56,7% contre 73% pour les hommes. Les Françaises occupent aussi plus souvent des postes de direction: 38% contre une moyenne de 33% dans le club des pays riches.

 La feuille de salaire n’est pas plus à leur avantage: en 2010, elles accusaient un retard de revenus de 16% par rapport aux hommes, écart qui s’est toutefois réduit depuis 2000. En France, l’écart est moindre, de 13%, mais tend à augmenter malgré les différentes décisions prises par les pouvoirs publics depuis début 2000. Plus significatif encore est le différentiel de pensions: les femmes perçoivent une retraite inférieure de 39% à celle des hommes.

 Si les politiques publiques sont indispensables, explique l’OCDE, qu’il s’agisse des plans d’actions d’égalité dans les entreprises ou des modes de garde efficaces permettant aux femmes de mieux concilier vie de famille et vie professionnelle, il faut surtout un changement des mentalités dans la société et dans l’entreprise. Il y a trop de stéréotypes qui commencent dans l’éducation et se prolongent dans le choix des formations et le type d’emploi, dénonce le rapport de l’OCDE.

 Mais l’OCDE présente aussi une autre vision car  vue sous un tout autre angle. Si davantage de femmes  entraient dans la vie active, c’est-à-dire exerçaient un travail rémunéré, la croissance économique mondiale bénéficierait d’un véritable « coup de fouet », affirment les experts de l’OCDE.

 « Toute diminution de 50% de l’écart hommes-femmes en termes de taux d’activité devrait aboutir à une hausse du taux de croissance du produit intérieur brut par habitant de 0,3 point de pourcentage ; et de 0,6 point dans l’hypothèse d’une convergence totale d’ici à 2030, ont-ils calculé, en se basant sur les taux de croissance à long terme des économistes de l’Organisation. Ce qui équivaut à une progression totale de 12 % du PIB sur vingt ans. »

Les pays qui en bénéficieraient le plus, parce que partant de plus loin, sont l’Italie, dont le PIB progresserait de 22,5 % sur vingt ans, ainsi que la Corée du Sud, la Grèce, la Hongrie et le Japon.

 Mais, pour qu’il en soit ainsi, plusieurs conditions doivent être réunies. Le partage des tâches doit en particulier devenir plus équitable. Car si les femmes sont moins nombreuses que les hommes à exercer une activité rémunérée, elles passent globalement plus de temps à travailler – de façon rémunérée ou pas – que les hommes dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE.

L’Inde et le Portugal font partie des plus mauvais élèves. C’est dans ces pays que le temps de travail global est le plus inégal, en défaveur des femmes. La France se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE. En revanche, les temps de travail sont globalement équilibrés en Allemagne et au Royaume-Uni. Dans ces deux pays, le surcroît de travail non rémunéré exercé par les femmes équivaut au surcroît de travail rémunéré exercé par les hommes.

Pour que davantage de femmes puissent entrer dans la vie « active », il est donc nécessaire de permettre à tous, hommes et femmes, de mieux équilibrer vie personnelle et vie familiale.

 Les préoccupations de l’OCDE rejoignent celles de la Commission européenne et de sa vice-présidente, Viviane Reding. Ouvrir davantage les portes du marché du travail aux femmes implique aussi de « modifier les stéréotypes sexués », rappelle ce rapport. Car si les filles ont de meilleurs résultats scolaires en fin de secondaire dans de nombreux pays de l’OCDE, elles continuent d’être moins nombreuses à s’orienter vers des études scientifiques et techniques.

Elles sont également sous-représentées dans le secteur des entreprises et à l’inverse en grand nombre dans la santé, l’aide sociale, l’enseignement et l’administration. Parce qu’elles perçoivent ces métiers comme plus compatible avec leurs tâches familiales ; mais aussi par reproduction de schémas culturels.

 Il n’est donc guère étonnant que les femmes soient aussi peu nombreuses en haut de l’échelle hiérarchique. « Les femmes occupent moins d’un tiers des postes de direction dans la zone OCDE », précise le rapport. La France apparaît comme le pays le moins machiste à cet égard. Environ 37 % des postes de direction y sont détenues par des femmes. En revanche, le Luxembourg, pays de la finance reine, est le plus mal noté.

 Même à ce niveau, les écarts de rémunérations restent aussi marqués, en particulier parmi les plus hauts revenus. Mais l’écart salarial entre hommes et femmes est plus resserré en France que dans la moyenne des pays de l’OCDE. Les femmes sont aussi moins nombreuses que les hommes à créer leur entreprise. « Par crainte des conséquences juridiques et sociales d’un éventuel échec de leur entreprise », rapportent les experts de l’OCDE.Alors que « les nouvelles entreprises détenues par des femmes affichent de meilleurs scores en terme de créations d’emplois sur trois ans que celles détenues par des hommes en France, en Italie, en Nouvelle-Zélande et en Pologne, tandis qu’elles accusent un certain retard en Finlande, aux Pays-Bas, en République slovaque et en Suisse », précise le rapport. Il souligne également le rôle que pourraient jouer les financiers dans cette sous-représentation des femmes créatrices d’entreprises. « Les investisseurs en capital-risque sont principalement des hommes », peut-on y lire. Le pays le plus vertueux à cet égard est l’Autriche, avec 30 % d’investisseurs féminins. La Corée du Sud n’en compterait aucune. Et la France se situe en haut du peloton, avec un peu plus de 20 % de femmes.

 C’est que, suggère le rapport, il y a moins de crédits pour les dirigeantes d’entreprise

Les femmes chefs d’entreprise empruntent beaucoup moins que les hommes dans la même situation, constate le rapport de l’OCDE sur les inégalités hommes-femmes. Que ce soit pour créer leur entreprise ou pour la faire fonctionner. Les femmes seraient plus réticentes à chercher des crédits, constate le rapport. Est-ce par prudence, par manque d’ambition? Ou parce qu’il leur est plus difficile et plus coûteux de contracter des prêts? Sans trancher, le rapport note néanmoins que cette deuxième raison prévaut dans plusieurs pays. Ainsi, au Canada, les femmes doivent fournir davantage de pièces justificatives aux établissements financiers que leurs homologues masculins. Et en Italie, les femmes entrepreneurs se voient demander des taux d’intérêt plus élevés.

 La conclusion est à emprunter au sous-titre du rapport :« il est temps d’agir ! »

  Pour en savoir plus :

 Texte intégral  (FR) http://www.oecd.org/fr/parite/agir.htm  (EN) http://www.oecd.org/gender/closingthegap.htm

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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