Drogues : premier rapport conjoint Europol/Office européen des drogues examiné au Parlement européen. Discussion sur les précurseurs

Le premier rapport sur les marchés européens de la drogue a fait l’objet d’un débat lors de la dernière réunion de la commission LIBE, à Bruxelles, le 20 février 2013. Le rapport a été présenté par Wolfgang Götz, Directeur de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) et Michael Rauschenbach, responsable de la criminalité grave et organisée à Europol. Autre point à l’ordre du jour, le projet de rapport sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) nº 273/2004 relatif aux précurseurs de drogues présenté par le rapporteur Anna Hedh (S&D).

La commission LIBE du Parlement européen du 20 février a traité du thème de la drogue en présentant le premier rapport sur les marchés européens de la drogue.  C’était la première fois que les deux agences, l’OEDT et Europol, unissaient leurs efforts pour faire une analyse stratégique du marché de la drogue en Europe.

 Wolfgang Götz, directeur de l’OEDT, a exposé les grandes lignes du rapport, qui est « une analyse approfondie du marché européen de la drogue et du trafic illicite, avec une série de recommandations politiques […] il constitue aussi une excellente analyse pour obtenir des informations utiles pour l’avenir » a-t-il affirmé. Le directeur a souligné que la mondialisation et le progrès technologique entrainent des conséquences négatives et des changements significatifs pour le marché de la drogue, c’est la raison pour laquelle il faut adapter les politiques à la nouvelle réalité. Il a ajouté que l’on ne peut pas considérer les drogues individuellement et surtout que les nouvelles drogues (« Legal highs ») sont dangereuses en raison de la vitesse avec laquelle elles sont mises en circulation (on est passé de 49 substances notifiées en 2011 à 73 en 2012, 230 au total depuis 2005) et du phénomène mondial qu’elles représentent – aujourd’hui, de plus en plus jeunes les achètent sur Internet.

Wolfgang Götz a également mentionné les autres drogues comme le cannabis, qui est produit dans tous les États membres et est cultivé grâce à une technologie de point. Il a souligné que le problème le plus important est la demande, car 250 tonnes sont consommées chaque année dans l’UE avec l’Italie, la France et l’Espagne comme principaux marchés. M. Götz a par ailleurs mentionné la cocaïne, qui est la deuxième drogue illicite plus importante après le cannabis.

 Le directeur de l’OEDT a ensuite remarqué qu’il est nécessaire de travailler ensemble afin de lutter contre la criminalité organisée en raison des techniques de plus en plus complexes utilisées par les trafiquants pour importer la drogue. En conséquence, il est nécessaire d’identifier ces menaces pour les contrer efficacement.

Enfin, il a affirmé qu’il est souhaitable que l’UE dispose de plus de compétences à ce sujet, car ce problème ne peut être traité qu’au niveau européen et mondial. 

Michael Rauschenbach a quant à lui rappelé qu’il y a en Europe 1,4 million de consommateurs d’héroïne, plus de 2 millions de consommateurs d’ecstasy et 73 nouvelles substances psychoactives en circulation. Les conséquences de la diffusion des drogues sont très sérieuses lorsque l’on tient compte des vols, des extorsions et des homicides commis par les toxicomanes. Le directeur a aussi remarqué que le secteur criminel le plus grand dont s’occupe Europol est celui de la drogue et que le trafic de drogue est l’activité principale des groupes criminels.

 Enfin, il a souligné que la priorité majeure est de travailler ensemble pour minimiser les dommages causés par les drogues. « L’école, la politique et la police doivent faire comprendre que ce n’est pas “cool” d’utiliser des drogues », a-t-il dit.

En ce qui concerne le projet de rapport sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) nº 273/2004 relatif aux précurseurs de drogues, le rapporteur Anna Hedh (S&D) y a défini les précurseurs de drogues comme des produits chimiques utilisés par les compagnies pharmaceutiques pour produire des parfums ou des détergents, mais qui peuvent également être utilisés pour la production de drogues illicites. En particulier, l’anhydride acétique (AA), la substance utilisée pour produire du plastique et du textile, mais aussi de l’héroïne, de la cocaïne et de l’amphétamine. La proposition de la Commission à cet égard prévoit une série de mesures afin de contrer ce qui se passe sur le marché en ce qui concerne le trafic de drogue.

  

Antonella Del Prete

 

 

Pour en savoir plus

 

      -. First European Drug Markets Report

http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/libe/dv/emcdda_europol_drug_report_/emcdda_europol_drug_report_en.pdf

       -. Draft report HEDH on the amendment of Regulation (EC) No 273/2004 on drug precursors

http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/libe/pr/924/924781/924781en.pdf

 http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/libe/pr/924/924781/924781fr.pdf

       -. Proposal for a Regulation of the European Parliament and of the Council Amending Regulation (EC) No 273/2004 on drug precursors

http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/com/com_com%282012%290548_/com_com%282012%290548_fr.pdf

 http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/com/com_com%282012%290548_/com_com%282012%290548_en.pdf

  

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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