Appel d’urgence européen, le 112 ? connais pas ! s’obstinent à répondre les européens. Un projet devenu controversé, sans doute mal ou insuffisamment expliqué.

Seulement 41 % des Européens savent qu’ils peuvent contacter les services d’urgence n’importe où en Europe en tapant le 112 sans avoir à payer de frais, selon les derniers sondages de l’UE. Ceci malgré le fait que le 112 soit accessible depuis 2008 partout au sein des Vingt-huit, mais aussi dans l’Espace économique européen (EEE), qui comprend la Norvège et l’Islande. Le numéro est accessible sans frais et à partir de n’importe quel appareil, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

 Pour la Commission européenne, les États membres de l’UE sont responsables de la méconnaissance des citoyens relative à ce service paneuropéen. Selon elle, les États membres tardent à prendre les initiatives nécessaires au niveau national. « Je m’inquiète du fait que les citoyens méconnaissent un service fondamental important et que les gouvernements nationaux ne n’agissent pas davantage pour les en informer et rendre ce service opérationnel sur le terrain, » a déclaré Neelie Kroes, (cf. infra « Pour en savoir Plus », communiqué de presse), commissaire en charge de la stratégie numérique.

 Au cœur du débat se trouvent les services de localisation de l’appelant, qui n’ont pas été mis en œuvre dans tous les pays européens. « Régler la question de la localisation de l’appelant relève de la responsabilité des gouvernements nationaux, pas de la responsabilité de l’UE, » a poursuivi la commissaire néerlandaise, en réponse aux critiques formulées à l’encontre de la Commission, qui n’aurait pas assez agi pour appliquer cette législation.

 Elle a d’ailleurs rappelé à l’ordre les ministres nationaux. Dans une lettre, elle a demandé à ces derniers de fournir des informations quant aux plans nationaux développés en vue de promouvoir et de mettre en place de façon efficace le 112. La réponse devra être remise au plus tard le 30 mars 2014. « L’UE a mis ce service à disposition, aux autres maintenant de prendre leur responsabilité, » a-t-elle prévenu.

 La Commission sésormais sous les feux de la critique : malgré tout, Neelie Kroes a essuyé de nombreuses critiques pour son manque de dynamisme en vue de rendre le numéro d’urgence européen 112 réellement opérationnel.« Malgré le soutien inconditionnel du Parlement européen, la Commission, et en particulier Neelie Kroes, a peu agi pour accroître la sensibilisation autour du 112 [parmi les citoyens européens] et optimiser sa mise en œuvre, » a estimé, de son côté, l’Association du numéro européen d’urgence du 112 (EENA).

À l’occasion de la journée européenne du 112, le 11 février dernier, l’EENA a organisé un évènement au Parlement européen en vue de sensibiliser sur ce sujet.

Artūras Kedavičius, l’ancien responsable du service 112 en Lituanie, a expliqué à quel point le manque d’encadrement au niveau européen a eu des conséquences tragiques. Il a cité le cas d’une femme qui a appelé huit fois le 112 mais qui n’a pu être localisée et, par conséquent, sauvée.

Après cet évènement dramatique, le Lituanien a dû démissionner. « J’ai dû endosser la responsabilité de ce qui est arrivé, alors qu’en fait la Commission européenne aurait dû contraindre les opérateurs de téléphonie mobile à envoyer les informations de localisation aux services d’urgence, » a expliqué Artūras Kedavičius.

 Malgré tout, un système d’appel d’urgence sur tous les véhicules européens en 2015 ?

 Entre-temps, la commission du marché intérieur (IMCO) a voté en faveur du projet « eCall » : un système dont tous les nouveaux véhicules utilitaires légers et voitures particulières européens devront être équipés à partir d’octobre 2015. (cf. infra pour en savoir plus)

 Le système, qui utilise le numéro d’appel d’urgence européen, permettra aux services d’urgence d’atteindre les lieux de l’accident plus rapidement, ce qui permettra de sauver plus de vie et de réduire le nombre de blessés, ont expliqué les eurodéputés. Selon eux, ce nouveau système pourrait sauver 2 500 vies chaque année.Cependant, le docteur Demetrios Pyrros, actif au sein de l’EENA, n’est pas très enthousiasmé par ce projet, car selon lui, ce système ne concerne seulement que 1,7 % du nombre total des appels d’urgence au sein de l’UE.

« Je ne peux pas comprendre ou accepter que la Commission dépense des millions d’euros dans le projet eCall, » s’est-il indigné. « Au moins 4 milliards d’euros pourraient être économisés par an grâce au déploiement d’un système approprié de localisation des appelants : la Commission aurait-elle peur des pressions des opérateurs de téléphonie mobile ? », s’est interrogé le médecin grec.

Henri-Pierre Legros

Pour en savoir plus :

– Parlement européen. La commission du marché intérieur en faveur du système eCall pour les voitures: (FR)/(EN

– Portail de la Commission européenne. 112 emergency number: (EN)

– Association européenne du numéro d’appel d’urgence (site officiel): (EN)

– Communiqué de presse de la Commission: (FR)/(EN)

– Rapport de la Commission sur la mise en œuvre du 112: (EN)

– Matériel promotionnel du 112: (EN)

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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