Alarme ! Déplacés climatiques :chiffres en hausse selon le rapport IDMC

L’International Displacement Monitoring Centre (IDMC) en collaboration avec le Norwegian Refugee Council (NRC), viennent des publier un dernier rapport 2014 qui présente les estimations globales des déplacés à cause des catastrophes naturelles. Alorsque la communauté internationale était en train de renouveler son engagement dans la lutte contre le changement climatique au Sommet Climat 2014 à New York, l’IDMC publiait son dernier rapport sur les victimes ultimes des catastrophes naturelles qu’il provoque : les déplacés climatiques.

 Selon les résultats du rapport, près de 22 millions de personnes, sur au moins 119 pays, ont dû fuir leur domicile, principalement à cause d’inondations ou tempêtes, mais aussi du séisme ou d’autres désastres météorologiques et géologiques. Ce chiffre est trois fois plus élevé que le nombre des déplacés en raison de conflits ou violences, même si, comme souligné par le rapport, les deux phénomènes peuvent être étroitement liés entre eux.

 Les facteurs responsables d’un risque , majeur ou mineur d’évacuation massive du pays, sont : la densité de la population dans la région touchée, l’exposition au risque d’aléa climatique, mais aussi le niveau du développement du pays. En effet, il détermine la capacité de résilience aux catastrophes, en fonction de la vulnérabilité et de la pauvreté interne, ainsi que des mesures politiques et technologiques dégagées afin de les prévenir.

 Dans une perspective historique, dès 1970 il a été enregistré une incrémentation importante (doublement) du nombre des personnes déplacées. Cela à cause de trois facteurs principaux, notamment : l’augmentation de la population mondiale, l’amélioration des mécanismes d’alerte précoce, qui permettent de sauver un plus large nombre de personnes sans toutefois éviter leur déplacement, et une méthodologie plus précise d’analyse, même si perdurent malgré tout certaines limites.

 Le continent le plus affecté a été l’Asie, où, entre 2008 et 2013, ont été enregistrés 80.9% des déplacements. Les pays les plus concernés, et non par hasard ceux à plus haute densité d’habitants, ont été la Chine, l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh et les Philippines. En effet, c’est ici qu a eu lieu le phénomène à plus large impacte : le typhon Haiyan, qui a causé la fuite de 4,1 millions de personnes.

Des chiffres alarmants ont été enregistrés aussi en Afrique Sub-Saharienne, où, en 2013, 1,8 million de personnes ont fui leur domicile, principalement car leurs conditions de vie sont extrêmement vulnérables, souvent combinées aux conséquences des conflits en cours, comme dans le cas du Sud-Soudan. De plus, le rapport signale les déplacements qui ont eu lieu aux États-Unis et au Japon, à cause des aléas climatiques imprévus, malgré le haut niveau de développement.

 D’ailleurs l’IDMC met aussi l’accent sur des éléments qui difficilement réussissent à rentrer dans les estimations, mais qui ont un impact non négligeable sur le phénomène des déplacements climatiques. Plus spécifiquement, les désastres naturels plus restreints ne sont pas enregistrés de façon appropriée; cependant, ils tendent à se présenter plusieurs fois dans un court délai, par conséquent ils ont un impact cumulatif qui aggrave les conditions de vulnérabilité et de pauvreté de la population.

Autre cas sous-représenté par les estimations globales est celui des déplacés permanents : nombreux sont ceux qui se trouvent dans l’impossibilité de rentrer dans leur pays ou à leur domicile, souvent par manque de ressources, ce qui prolonge leur condition de précarité et risque. De plus, les régions où ils choisissent de s’installer temporairement ne sont pas toujours sûres : il y a une forte tendance à ne pas s’éloigner trop de leur région d’origine, pour maintenir les liens sociaux et économiques. D’ailleurs, il y a d’autres cas de déplacements répétitifs, ou, encore, de retour volontaire même si la situation n’est pas encore stabilisée, ce qui éloigne l’accès aux Droits fondamentaux de ces peuples.

 En outre, le rapport soulève deux problématique de plus large ampleur, toutefois sous-estimées : d’un côté l’impact des conflits qui ont lieu dans les états les plus fragiles, en fait, non par hasard, dans plus de 91% des pays affectés par des conflits, il y a eu des désastres naturels causant des déplacements dans la même période (2008-2012). D’autre part, le changement climatique provoque des effets sur une plus longue période, qui sort des statistiques sur les désastres à impact immédiat, tout en restant un des responsables principaux. Cependant, malgré l’évidence du lien entre ces problématiques, les autorités politiques tendent à les séparer, sans proposer une solution cohérente.

 En conclusion, face à la complexité du phénomène des déplacements à cause des catastrophes naturelles, le rapport Global Estimates 2014, présente une série de solutions envisageables. Premièrement, afin de mieux prévenir les désastres, il faudra améliorer les systèmes de surveillance, d’information et mieux investir dans des mécanismes de réduction des risques. D’autres mesures devront être prises pour réduire les effets négatifs des catastrophes, notamment grâce à des meilleures planifications urbaines et en matière d’infrastructures. Toute mesure politique devra tenir compte des déplacements et de l’impact qu’ils ont sur les individus ; leur protection devra être garantie jusqu’à une rentrée définitive dans le domicile d’origine, la réintégration socio-économique et le plein accès aux Droit Fondamentaux.

 Cette solution durable sera atteinte seulement si tous les États de la communauté internationale prennent en considération les facteurs du changement climatique et les désastres naturels extrêmes imprévisibles, qui sont liés. Dans de telles perspectives, le 23 septembre 2014, les États ont eu l’occasion de démontrer leur disponibilité à s’engager. Toutefois, malgré l’urgence d’une réponse plus concrète, qui mettrait en avant l’intérêt et les droits des êtres humains, le bilan n’a pas été satisfaisant. Le Green Climate Fund n’a pas reçu un renforcement important de ses ressource , qui serait investi dans des technologies plus avancées pour la prévention des risques de catastrophes, ou dans d’autres projets au bénéfice des pays moins développés.

 D’ailleurs, comme souligne Anick Girardin, ministre du développement en France, lors d’une interview à EuroActiv, les Objectifs Millénaire pour le Développement doivent être abordés en parallèle aux actions entreprises dans le cadre de la lutte contre les effets négatifs du changement climatique ; de surcroît, selon ce que constate le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés, le changement climatique force les personnes à une pauvreté croissante et les déplacements augmentent les risques de conflits.

La responsabilité des État face aux individus, dans le plein respect de Droits Fondamentaux, notamment dans le cas des déplacements climatiques, est évidente. Il faudra, toutefois, attendre Paris 2015, date du prochain sommet, et espérer dans un plus fort et plus sérieux engagement en ce sens.

 

 

(Elena Sbarai)

 

 

Pour en savoir plus: 

 

 

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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