Changement climatique : « Il n’y a pas de plan B, parce qu’il n’y a pas de planète B ».

Le 18 avril dernier, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, avait saisi l’occasion du concert Global Citizen organisé à Washington D.C pour qualifier 2015 d’année de l’action pour le changement climatique. Pour Ban Ki-moon, il est indispensable de trouver un consensus sur le changement climatique cette année.

 

« Faisons en sorte que, dans deux cents ans, on puisse dire ‘c’est à Paris qu’il y a eu la révolution climatique’ Faisons-la ».

Dans la lignée du Secrétaire général des Nations Unies, le Président de la République française s’est lui aussi exprimé sur la question. François Hollande a ainsi récemment déclaré que la communauté internationale avait « une obligation de résultat » lors de la COP21. Rappelant la Révolution française qui avait eu lieu à Paris en 1789 et qui avait « changé le destin du monde », le Président français a publiquement estimé que ce serait là une véritable révolution si les objectifs fixés pour la COP21 parvenaient à faire l’objet d’un accord entre les Parties.

Toute créature vivante a « une valeur en soi, d’existence, de vie, de beauté et d’interdépendance avec les autres créatures » Le Pape François semble également beaucoup attendre de la COP21, souhaitant notamment qu’y soit érigé un « vrai droit de l’environnement ».

La COP21 qu’est ce que c’est ?

La  « COP », Conference of the Parties, réunit les représentants des Etats « Parties » à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). Cette Convention-Cadre fut adoptée en 1992, lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro. Elle constitue « un cadre d’action de lutte contre le réchauffement climatique ».

Depuis 1995 et une fois par an, les « COP » réunissent les représentants des Parties à la Convention-Cadre, mais aussi des acteurs non-étatiques (collectivités territoriales, organisations non gouvernementales, agences des Nations unies, société civile, scientifiques, etc.). Elles permettent de faire un état des lieux de l’engagement des Etats Parties, de l’application de la Convention-Cadre et d’adopter des accords (négociés en amont des sommets).

En 1995 se tint donc la 1ère « COP » à Berlin. Elle reconnaît la « nécessité d’un renforcement des engagements des pays développés » et fixe des objectifs quantifiés de réduction/limitation des émissions, et des politiques et mesures par pays et par région.

Lors de la deuxième Conférence (Genève, 1996), les Parties s’accordèrent pour déclarer que « les changements climatiques représentent un danger pour l’humanité ».

La troisième Conférence est certainement la plus connue de toutes. Elle se déroula à Kyoto en 1997 et fut marquée par l’adoption du Protocole de Kyoto. A l’occasion de la COP3, les Etats signataires ont en effet revu les objectifs initiaux de la Convention-Cadre de Rio, les ont considéré insuffisants et ont entrepris d’élaborer de nouveaux objectifs. Considérant que la réponse internationale à l’évolution du climat devait être renforcée, les Etats Parties ont ainsi adopté un nouveau Protocole par lequel les pays développés s’engageaient à atteindre des « objectifs chiffrés juridiquement contraignants de réduction des émissions ». 37 pays développés promettaient de réduire leurs émissions de 5% en moyenne sur la période 2008-2012 par rapport aux niveaux de 1990. Un « objectif national précis » était néanmoins défini pour chaque pays. L’Union européenne escomptait une réduction de 8%.

D’autres sommets ont fait l’objet de nombreux commentaires. La COP15, qui se déroulait à Copenhague en 2009, eut beau être médiatisée, elle n’emporta pas les résultats escomptés. Aucun accord global n’y fut trouvé.

Deux ans plus tard, lors de la COP17 (Durban, 2011), fut adopté le Fonds Vert pour le Climat.

L’année d’après (COP 18, Doha, 2012), les Parties adoptèrent l’accord de Doha qui prolonge le Protocole de Kyoto de 1997. Elles s’engagèrent à cette occasion à réduire leurs émissions de 18% en moyenne par rapport aux émissions de 1990, sur la période 2013-2020.

 Un enjeu « de taille » pour la COP21

La COP21, en cours de préparation se tiendra à Paris, du 30 novembre au 11 décembre 2015. L’on envisagera d’obtenir « pour la première fois, en plus de 20 ans de négociations aux Nations unies, un accord universel juridiquement contraignant sur le climat, ayant pour but de maintenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C ».

L’objectif est double. D’une part, cet accord devra permettre de « lutter efficacement contre le dérèglement climatique » et d’autre part, il s’agira « d’impulser/d’accélérer la transition vers des sociétés et des économies résilientes et sobres en carbone ». La Présidence française de cette 21e Conférence veillera à ce que les « efforts » ainsi souhaités « [prennent] en compte les besoins et capacités de chaque pays ». Un accord qui semble somme toute ambitieux, si l’on se fie au désir exprimé de le voir « entrer en vigueur à partir de 2020 » et de devenir un engagement « durable pour permettre une transformation à long terme ».

Une préparation hors du commun également pour cette COP21 puisque « chaque pays doit publier, dès que possible et avant la COP21, une contribution présentant ses efforts nationaux » dans la lutte « universelle » contre le dérèglement climatique, ce qui représente « une grande nouveauté dans le cadre des négociations climatiques internationales ». Avant la Conférence et une fois les contributions de tous les Etats Parties réunies, le secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies en publiera la synthèse, afin de visualiser « l’effet cumulé de tous ces efforts ».

Pour Ségolène Royal, ministre française de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, « ce défi là, c’est une occasion de repenser notre modèle de développement, d’apporter du bien-être aux peuples du monde entier, de leur donner une occasion de reprendre leur destin en main ».

Quid du rôle de la France ?

La France accueillera et présidera cette 21ème Conférence, dont l’objectif est d’aboutir à un nouvel accord international sur le climat, qui soit applicable à tous les pays et dont le but serait de maintenir le réchauffement mondial en-deçà de 2°C.

Il s’agira donc pour la France de relever le défi de « faciliter la recherche d’un consensus » entre l’ensemble des Parties, que ce soit au sein des Nations unies, ou même au sein de l’Union européenne, étant entendu que celle-ci « occupe une place importante dans les négociations sur le climat ».

« Ecouter chacun » et « promouvoir une vision partagée par tous les pays pour arriver à un vrai engagement », telle est la mission que s’est fixée Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, futur Président de la COP21.

Ségolène Royal, qui co-présidera cette 21ème Conférence a poursuivi en évoquant la France : « nous avons une responsabilité particulière, nous devons être exemplaire, pour entraîner les autres pays afin qu’ils s’engagent ensemble contre le dérèglement climatique et nous devons prouver qu’il est possible d’agir efficacement, de changer notre modèle énergétique ».

Des objectifs ambitieux sont donc fixés et une réponse audacieuse est attendue de « Paris Climat 2015 ». La COP21 devrait en outre être l’occasion d’avaliser une Déclaration universelle des droits de l’Humanité.

  

Aurélie DELFOSSE

 

 

En résumé :

           –           1992 : adoption de la Convention de Rio, qui inclut l’adoption de la CCNUCC

           –           Depuis 1995, organisation, chaque année, de « COPS » (Conferences of the Parties)

           –           Objectif principal des « COPS » : réviser la mise en œuvre de la Convention

           –           COP3, Kyoto, 1997 : adoption du Protocole de Kyoto

           –           COP18, Doha, 2012 : adoption de l’accord de Doha, prolongeant le Protocole de Kyoto

           –           COP21, Paris, 2015 : Sommet actuellement en cours de préparation

           –           (COP22, Marrakech, 2016) 

 

 

Pour en savoir plus :

 

–           Connaissance des énergies, « Climat : qu’est-ce qu’une COP ? », 4 mai 2015http://www.connaissancedesenergies.org/climat-quest-ce-quune-cop-141022

–           Actu-environnement, Conférence des Parties (COP) http://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/conference_des_parties_cop.php4

–           Paris 2015, « COP21, de quoi s’agit-il ? » http://www.cop21paris.org/a-propos/cop21

 

–           Paris 2015, « Qu’est-ce que la COP21/CMP11 ? »http://www.cop21.gouv.fr/fr/cop21-cmp11/quest-ce-que-la-cop21-cmp11

            –           Paris 2015, UN Climate Change Conference, Enjeux de la COP21http://www.cop21.gouv.fr/fr/cop21-cmp11/enjeux-de-la-cop21

            –           Climate Action Programme, COP21 (EN)http://www.climateactionprogramme.org/cop21

–           Centre d’actualités de l’ONU, Les dépêches du Service d’information de l’ONU, « A Washington, Ban Ki-moon appelle à faire « de nos objectifs globaux une réalité globale », 19 avril 2015 http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=34632#.VgqJFcvtmko

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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