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#LaRéplique : La volonté d’indépendance persiste en Catalogne

La Catalogne est à nouveau le centre de l’attention pour ses volontés indépendantistes lorsque le 7 septembre le Parlement catalan a voté en faveur de la mise en place d’un référendum. La question de celui-ci serait « Voulez-vous que la Catalogne soit un État indépendant sous forme d’une République ? ». Cela ravive les débats déjà très anciens en Espagne et dans la région catalane.

Une histoire marquée par des volontés indépendantistes

L’histoire de l’Espagne est très ancienne, c’est une monarchie qui est en place depuis de très nombreux siècles, et malgré des conquêtes et pertes de territoire, il y a une continuité territoriale. Tenant cela en compte, nous pouvons considérer que la perte de l’indépendance de la Catalogne a été relativement récente, ayant eu lieu au XVIIIème siècle. À ce moment, tout ce qui était en rapport avec la culture de la région, notamment la langue, a été réprimé. Cependant, pendant l’entre-deux-guerres, il y a un bref retour de l’indépendance de la région, qui aboutit à la mise en place de la Généralité de Catalogne, considérée comme communauté autonome d’Espagne. Néanmoins, suite à la prise de pouvoir dictatorial, l’identité catalane a à nouveau été très sévèrement réprimée, et les institutions politiques toutes abolies. Ce n’est qu’en 1977 que la Généralité est rétablie, et qu’il y a un retour de l’identité, de la culture et de la langue dans la région. Les vrais problèmes ne reviennent qu’en 2010, lorsque la Cour Constitutionnelle espagnole nuance ses pouvoirs d’autonomie. Deux ans plus tard, le Président catalan de l’époque, Artur Mas, tente d’ouvrir des négociations avec l’Espagne pour un nouveau pacte fiscal, ce qui a été refusé et a créé un mouvement populaire. Depuis, les tensions ne font qu’empirer, avec en 2013 une tentative de référendum, qui a finalement eu lieu en 2014 en forme de consultation non contraignante, malgré le fait que cela ait été considéré comme inconstitutionnel par le gouvernement espagnol. Il n’y a eu que 42% de votants, mais ceux-ci ont voté à 81% pour l’indépendance de l’État. Depuis 2015, le mouvement indépendantiste s’est fortement accentué, avec des coalitions pro-indépendantistes dans les élections régionales, de nombreuses manifestations et des débats publics.

Depuis quelques mois, cela semblait être moins accentué, jusqu’à ce nouveau vote dans le Parlement catalan. De nos jours, nous pouvons compter plus de 7,5 millions d’habitants dans la région, constituant ainsi plus de 16% de la population totale espagnole.

Le refus de la part de l’Espagne

Le prochain référendum en date est censé avoir lieu le 1er octobre ; cependant, suite à de très fortes réactions de la part du gouvernement espagnol, cela n’est pas sûr. En effet, le maire de Barcelone et des hauts fonctionnaires d’autres municipalités catalanes reviennent en arrière sur la décision d’avoir un référendum. Cette décision a été prise par peur des sanctions, notamment sur le personnel, suite à la suspension du référendum par la Cour Constitutionnelle espagnole. En effet, les employés des municipalités risqueraient d’être sanctionnés sous plusieurs formes, tandis que les politiciens pourraient être retirés de la vie politique, et même bannis. De plus, selon « Politico » (un journal américain), le procureur général catalan a annoncé qu’il allait faire un procès à tout le Cabinet catalan et aux avocats régionaux qui se sont investis dans le processus de mise en place du référendum, pour des charges criminelles. La Cour Suprême catalane a répondu en affirmant prendre en compte ses demandes. Le Premier ministre, quant à lui, affirme qu’un référendum n’aura pas lieu. Actuellement, un tiers des municipalités revient en arrière sur sa décision de tenir le référendum, tandis que 40% de celles-ci comptent toujours coopérer dans sa mise en place. Le Ministre de l’Économie espagnol, quant à lui, a affirmé que le PIB catalan baisserait de 25-30% avec l’indépendance, puisque 75% des biens catalans seraient soumis à de nouveaux tarifs et la monnaie qui serait créée serait dévaluée entre 30 et 50%.

La situation s’est dégradée dans la semaine qui suivit, suite aux affirmations du gouvernement espagnol. Celui-ci a mis en garde les autorités et le peuple catalans quant à la diffusion de tracts, émissions télévisées, ou toute autre forme de communication concernant le référendum. Depuis, plus d’un million de tracts pro-indépendance ont été saisis par la police, et le gouvernement espagnol n’a pas exclu l’option d’emprisonnement des politiciens les plus influents de la région, ce qui s’est avéré par la suite. Le 20 septembre, la police a fait une descente aux institutions catalanes, en confisquant non seulement du matériel mettant en place le référendum (dont 10 millions de bulletins de vote), mais aussi 14 personnes emprisonnées, dont un ministre et des officiers gouvernementaux haut placés. Suite à cela, l’Espagne a mis en place un État d’urgence et a suspendu le gouvernement autonome catalan.

Le mécontentement social

Les Catalans sont à nouveau sortis dans les rues pour faire entendre leurs voix. Tout d’abord, le vendredi 8 septembre, environ 800 Barcelonais ont fait connaître leur mécontentement devant la Mairie de Barcelone, par rapport à la décision du Maire. Celui-ci a critiqué la décision du gouvernement espagnol, mais ne lui a pas pour autant fait face. Le Président de la région, Puigdemont, a fait appel à la population des municipalités qui se sont prononcées contre pour qu’elle fasse elle aussi entendre son mécontentement à l’égard de la décision de leurs représentants. De plus, le ministre des Affaires étrangères de la Catalogne a rappelé que les Catalans à l’étranger avaient déjà commencé à voter, ce qui signifie que le processus de vote est déjà en place.

Le 11 septembre, jour national de la Catalogne, environ un million de personnes ont marché pour l’indépendance de la région. Cependant, malgré les grandes manifestations, il semblerait que le vote gagnant serait celui des voix contre l’indépendance, qui l’emporteraient à 49,4% contre 41,1% pour les partisans de l’indépendance. Il est important de tenir en compte que les estimations sont, cependant, peu fiables, puisque tous les jours les résultats semblent être différents. Néanmoins, il y a une volonté globale du peuple catalan de pouvoir voter, de pouvoir donner démocratiquement son avis, selon certains témoignages. Cela devient même une volonté croissante, suite aux actions du gouvernement espagnol concernant le référendum. En effet, le 15 septembre un nouveau regroupement a eu lieu en faveur du référendum, avec, en tout, 4000 personnes. Depuis, les regroupements se multiplient et les personnes viennent de plus en plus nombreuses, puisque les réponses de la part de l’État espagnol deviennent, elles aussi, plus dures. Nous pouvons même noter des rassemblements à l’extérieur de la région du pays, comme cela a eu lieu, par exemple, à Bruxelles, mais aussi en Espagne de la part de non-Catalans, qui voient maintenant cela comme une lutte pour des droits démocratiques.

« Il est évident que si un ‘oui’ à l’indépendance à la Catalogne voyait le jour – à voir – nous respecterions ce choix » – Jean Claude Juncker

La Commission européenne, quant à elle, tient des propos différents du gouvernement espagnol. En effet, lors de son discours de l’État de l’Union, Jean-Claude Juncker a affirmé que la Commission respecterait le choix du peuple catalan, quel que soit le résultat, puisqu’il considère ce débat comme légitime. Cependant, il a mis en garde le gouvernement catalan sur le fait que, si une indépendance se produisait, les Catalans ne seraient pas automatiquement membres de l’Union européenne, et que, comme pour le débat sur l’indépendance de l’Écosse, ils devront faire une demande d’adhésion comme n’importe quel autre État.

Cette position prise par le Président de la Commission a été reçue de façon positive puisque le Représentant de la communauté autonome de Catalogne auprès de l’UE, M. Amadeu Altafaj i Tardio, a considéré que M. Juncker a vu la question d’un point de vue politique, contrairement à ses prédécesseurs qui ne prenaient en compte que le côté juridique de la question. Il a aussi rappelé que cette question était vue comme démocratique et acceptable par M. Juncker, ce qui donne une toute nouvelle légitimité au référendum. Cependant, suite aux positions officielles prises par la Commission européenne, le ton de M. Altafaj a changé, lorsque le 21 septembre, il a fait la déclaration suivante : « Je connais la ligne officielle prise par l’Union européenne et la Commission européenne en particulier […] la ligne officielle est principalement de dire : c’est un problème intérieur, lié à l’ordre constitutionnel de l’Espagne et, pour cette raison, la Commission ne veut pas interférer. […] Ce n’est pas acceptable ».

Peu de politiciens se sont, individuellement, exprimés sur la situation – c’est une situation délicate, et qui touche à la situation interne d’un pays. Cependant, le porte-parole du gouvernement hongrois a malgré tout affirmé que la Hongrie respectera le résultat du référendum. De son côté, Justin Trudeau, le Président canadien, qui connaît bien les questions de volontés indépendantistes, a affirmé que le droit à l’autodétermination des peuples est important, malgré le fait de vouloir se tenir à l’écart des affaires internes des pays. En effet, il n’a pas voulu commenter directement sur la situation catalane, mais n’a pas hésité à répéter son avis sur le droit à l’autodétermination.

Quels arguments pour, contre ?

Malgré la volonté d’affirmer leur voix à travers ce référendum, peu de personnes se sont montrées disponibles pour témoigner leur opinion, ce, quel que soit le positionnement politique adopté.

Janne Riitakorpi (Public Diplomacy Council of Catalonia) est spécialiste en la question. Il a ainsi répondu à trois de nos questions pour mieux comprendre la situation.

EU-Logos : Pourquoi pensez-vous que les Catalans ont le droit d’avoir un référendum, en prenant en compte le fait que la Cour Constitutionnelle espagnole l’a considéré comme inconstitutionnel ?

Janne Riitakorpi : La situation en Catalogne est plus un problème politique que judiciaire. Malgré le fait que la Cour Constitutionnelle espagnole ait statué contre cela, nous pouvons argumenter que la légitimité de le tenir vient du principe du droit à l’auto-détermination. […] Le Parlement catalan a continuellement exprimé le droit pour la Catalogne à l’auto-détermination, depuis 1988 et jusqu’à l’année dernière.

[…]

Depuis que la Cour Constitutionnelle Espagnole a rendu sa décision sévère contre le Statut d’Autonomie Catalan en 2010, la classe politique dirigeante espagnole a été incapable d’offrir des solutions au problème catalan. Cela ne s’est pas déroulé en un jour, mais à travers un long processus dans lequel les autorités catalanes ont, à répétition, demandé à l’Espagne de tenir des négociations en faveur de la mise en place d’un référendum. La réponse a toujours été non.

[…]

La Catalogne n’a pas d’autre choix que de tenir ce référendum de façon unilatérale. L’autre option est de se résigner et laisser tomber juste parce que l’Espagne a dit non. De plus, il est important de noter que le Parlement catalan s’est déclaré souverain sur le fait de tenir le référendum, selon l’article 3 de la Loi sur les Référendums. Tenir le référendum le 1er octobre peut aller à l’encontre de l’interprétation espagnole de la Constitution, mais ce sera légal selon le Parlement catalan.

EU-Logos : Selon vous, quels sont les principaux arguments de ceux qui sont pour l’indépendance ?

Janne Riitakorpi : Les principaux arguments des personnes pour l’indépendance peuvent être divisés en trois catégories. Le plus important est politique. Le manque d’auto-gouvernance et de reconnaissance pour la Catalogne dans le Royaume d’Espagne est devenu évident après que la Cour Constitutionnelle ait annulé et modifié des parties importantes du Statut de l’Autonomie de la Catalogne qui a été à la fois approuvé par le Parlement espagnol et catalan, ainsi que dans un référendum en Catalogne en 2006. […] Cette décision est probablement la plus grande raison derrière l’envie d’indépendance. Bien sûr que d’autres événements politiques qui ont eu lieu par la suite tels que l’élection du PP (Parti Populaire) en Espagne en 2011, leur rejet face aux négociations concernant le Pacte Fiscal pour la Catalogne en 2012, et les représailles subséquentes sur, par exemple, le procès participatif du 9 novembre 2014* ont augmenté les soutiens en faveur de l’indépendance. Les personnes pensent tout simplement que la Catalogne ne peut pas atteindre son potentiel total en Espagne, et considèrent que cela ne peut se faire qu’à travers un État indépendant […].

Les deux autres catégories sont économiques, culturelles et historiques. L’économie est bien sûr importante. Le manque d’investissement de l’Espagne en Catalogne ou le déficit net de la Catalogne qui contribue pour d’autres communautés autonomes d’Espagne est souvent critiqué et les personnes peuvent défendre l’indépendance pour cela. La crise économique que l’Espagne a vécue a augmenté l’importance de cette catégorie, mais elle n’est pas aussi importante que la raison politique. De plus, nombreux soutiens de l’indépendance argumentent que, puisque la Catalogne est une région prospère, ils pourraient très bien s’en sortir dans des termes économiques si elle devenait indépendante.

La troisième catégorie concerne des raisons culturelles et historiques. Les Catalans ont leur propre culture, langue et histoire socio-politique qui remonte au Moyen-Âge. Cela a sûrement une influence sur la raison pour laquelle autant de personnes soutiennent l’indépendance en Catalogne. Le sens personnel de la nationalité est également lié à cela. Les personnes se sentent-elles exclusivement catalanes, catalanes et espagnoles, ou l’inverse ?

EU-Logos : Et pour les Catalans contre l’indépendance ?

Janne Riitakorpi : Les Catalans qui sont contre l’indépendance citent souvent les liens historiques et culturels [que la région a] avec l’Espagne. Leur expérience peut aussi être celle de parents qui ont immigré d’autres parties de l’Espagne assez récemment. Ils se sentent avant tout Espagnols. Ils alertent aussi sur les conséquences d’une indépendance, ou sont inquiets sur la réintroduction de la Catalogne dans l’Union européenne après l’indépendance. Et ils peuvent ne pas voir le déficit à d’autres communautés autonomes comme étant restrictif d’une amélioration de la société catalane, comme le voient ceux en faveur de l’indépendance.

Les propos de M. Riitakorpi se sont avérés proches des Catalans favorables à l’indépendance. En effet, l’association « Catalans for yes », créée en 2014, a affirmé « être en faveur de l’indépendance parce que nous pensons que la Catalogne a le droit de devenir une nation indépendante européenne, d’avoir une voix dans le monde, d’améliorer sa démocratie et les droits de ses citoyens, d’avoir une meilleure économie, de protéger la langue et la culture catalane, etc. Parce que la Catalogne a un taux de chômage plus faible que le reste de l’Espagne, elle a un PIB similaire à d’autres pays de l’UE et une plus grande population que d’autres pays de l’UE. Pourquoi serions-nous mieux en étant dans un pays qui ne nous laisse pas contrôler nos propres affaires, taxes et lois ? ». De la même façon, Josep, un citoyen de Girona, dans la région catalane, considère que « l’indépendance de la Catalogne est une question de dignité historique, pas juste une question économique comme certains politiciens le mettent en avant. Nous avons un langage différent, une culture différente, une façon différente de penser et de faire, que même le « Franquisme » n’a pas pu annihiler. Mais nous regardons le futur avec optimisme, en essayant de reconstruire notre nation et en espérant rentrer dans l’Union européenne le plus vite possible. »

Les opposants catalans à une indépendance semblent plus difficiles à joindre. M. El Yattioui, Docteur en Science Politique, nous a cependant, expliqué leur point de vue : « Ceux qui sont contre sont les plus pragmatiques. Ils se sentent Catalans avant tout puis Espagnols car ils savent qu’une Catalogne indépendante ne pourrait pas intégrer l’UE et donc l’euro. Elle serait donc marginalisée et perdrait son attraction économique ». Nous avons également eu l’avis de deux descendants espagnols, qui représente une partie de l’opinion des opposants espagnols à l’indépendance. Simon considère que, « Pour faire simple je trouve ça pas très cool que la région la plus puissante économiquement d’Espagne décide [d’abandonner les autres] sous couvert de protection de sa culture. D’ailleurs protection d’une culture, sentiment de supériorité, on touche quelque chose du doigt, non ? ».

Max, de son côté, nous explique que : « Ma famille est originaire de la province de Valencia dans la Communauté Autonome de Valencia, donc les questions culturelles, on connait (d’ailleurs on parle un dialecte très proche du catalan : de mon point de vue, je dirais même qu’on partage la même langue). En fait si je suis contre l’indépendance de la Catalogne, c’est pour deux raisons, et la première est principalement économique.

« On sait tous que l’Espagne traverse une crise assez dévastatrice. Chômage de masse, départ massif des jeunes qui ne trouvent pas de travail, précarité, je ne vais pas m’étendre là-dessus, c’est assez connu. Le problème que j’ai avec l’indépendance de la Catalogne, c’est que c’est le moteur économique de l’Espagne. Dans un pays essentiellement axé sur le tourisme et les produits de faible valeur ajoutée, la Catalogne joue un rôle moteur dans le sens où c’est une zone de production industrielle à forte valeur ajoutée. J’ai révisé mes chiffres, et j’ai trouvé dans un article de La Dépêche que la Catalogne représentait 20 % du PIB de l’Espagne, 30 % de ses exportations et 50 % de l’activité à forte valeur ajoutée. Autant dire que, sans la Catalogne, l’Espagne est foutue. Si la moitié de l’industrie de pointe, un tiers des exportations et 1/5 du PIB s’en va, la crise, qui est déjà extrêmement dure, ne sera que plus destructrice pour le reste du pays. Comme si ça ne suffisait pas, la Catalogne a un taux de chômage de 13%, alors que l’Espagne dans son ensemble frôle les 18% (les chiffres sont sans doute sous-estimés, parce qu’ils ne prennent pas en compte les emplois précaires, etc.)

« Voilà pour l’argument économique. En plus de ça, la Catalogne jouit déjà d’une certaine autonomie politique, économique et culturelle (autonomie que je ne conteste pas). Le Catalan est utilisé dans l’administration, dans les écoles, dans les universités (où il est possible de suivre un cursus entièrement en Catalan si on le souhaite). L’oppression culturelle envers les Catalans, si j’admets qu’elle peut exister de façon anecdotique, reste donc très minime si on se rattache aux faits matériels.

« Donc dans la mesure où la Catalogne est un moteur économique de l’Espagne – une région qui domine économiquement même, on peut le dire – que l’autonomie politique et culturelle des Catalans est respectée, je ne comprends pas les envies d’indépendance de certains. Quand je vois ça, j’ai l’impression d’entendre un discours un peu autocentré dont la traduction serait « les autres communautés autonomes sont plus faibles, arrêtons d’être solidaires, laissons-les se débrouiller ». En somme, je trouve qu’il y a beaucoup d’égoïsme et d’ethnocentrisme derrière tout ça. En tant que Valencien, je suis très préoccupé par la crise qui frappe ma région de plein fouet. Si l’Espagne est amputée de la Catalogne, ça ne sera que plus dur pour nous et pour le reste du pays. En gros, un peu plus de solidarité et un peu moins d’autocentrisme serait le bienvenu selon moi. »

La question de l’indépendance catalane semble ainsi beaucoup diviser, à la fois les Catalans et l’Espagne. Cependant, c’est une question qui ne fait que revenir, et essayer de l’effacer – comme le fait le gouvernement espagnol avec l’interdiction de tenir le référendum et toute campagne pro-indépendance – ne fera sûrement que l’empirer, comme nous avons pu observer les dernières années. Il y a une volonté d’expression démocratique, que ce soit pour ou contre l’indépendance. Il y a donc une volonté de résoudre définitivement le problème, même si le « non » l’emporte. La situation semble se dégrader à grande vitesse, et ce qui se passera le 1er octobre et suite à l’éventuel vote reste nébuleux. Les sondages donnent des résultats très différents, et si cela se déroule comme en 2014, il y aura finalement peu de personnes qui se déplaceront aux urnes. La réaction du gouvernement espagnol semble aussi se durcir, donc les conséquences d’un tel vote sont encore, également, incertaines. D’un autre côté, les Catalans semblent avoir le soutien de la Commission européenne pour la mise en place du référendum ; cependant, cela n’aura sûrement aucune influence réelle sur les événements en Espagne.

Quoi qu’il en soit, la communauté internationale, notamment européenne, va sûrement continuer de suivre la situation attentivement, puisque cela peut, à nouveau, raviver des débats indépendantistes et populistes dans le reste de l’Europe.

* Le 9 novembre 2014 a eu lieu un vote symbolique concernant l’indépendance catalane.

Carolina Duarte de Jesus

Pour en savoir plus :

Bulletin Quotidien Europe 11863, Agence Europe, 2017, [consulté en ligne le 18/09/2017]. http://www.agenceurope.eu

Bulletin Quotidien Europe 11867, Agence Europe, 2017, [consulté en ligne le 22/09/2017]. http://www.agenceurope.eu

“Anger in Barcelona after Spanish police arrest Catalan minister and 12 officials in raids over referendum”, The Telegraph, 2017, [consulté en ligne le 21/09/2017]. http://www.telegraph.co.uk

“Aprobada la papeleta para votar en el referéndum sobre la independencia de Cataluña el 1-O”, 20 minutos, 2017, [consulté en ligne le 12/09/2017]. http://www.20minutos.es

“Catalan election: A history of the region’s independence struggle”, The Telegraph, 2015, [consulté en ligne 12/09/2017]. http://www.telegraph.co.uk

“Catalans remain defiant over independence vote”, Euronews, 2017, [consulté en ligne le 18/09/2017]. http://www.euronews.com

“Espagne”, PopulationData, 2017, [consulté en ligne en 12/09/2017]. http://www.populationdata.net

“Hongria respectarà el resultat del referèndum de l’1-O”, El Nacional, 2017, [consulte en ligne le 21/09/2017]. http://www.elnacional.cat

« La Catalogne, c’est le vrai moteur économique de l’Espagne », La Dépêche, 2017, [consulté en ligne le 15/09/2017]. http://www.ladepeche.fr

“La mayoría de los catalanes no quiere la independencia”, ABC, 2017, [consulté en ligne le 12/09/2017]. http://www.abc.es

“Police raids anger Catalan referendum supporters”, Euronews, 2017, [consulté en ligne le 21/09/2017]. http://www.euronews.com

“Trudeau : ‘El derecho a la autodeterminación de los pueblos es importante’”, El Nacional, 2017, [consulté en ligne le 21/09/2017]. http://www.elnacional.cat

JONES Sam, “One million Catalans march for independence on region’s national day”, The Guardian, 2017, [consulté en ligne le 12/09/2017]. http://www.theguardian.com

GAYLE Everton, “Juncker: An independent Catalonia would have to apply to join EU”, Euronews, 2017, [consulté en ligne le 18/09/2017]. http://www.euronews.com

HIRST Nicholas, “Barcelona mayor hesitates on Catalan referendum over court fears”, POLITICO, 2017, [consulté en ligne le 12/09/2017]. http://www.politico.eu

NOGER Miguel, « El Gobierno de Cataluña se instala en la desobediencia », El País, 2017, [consulté en ligne le 18/09/2018]. http://politica.elpais.com

SAEED Saim, « Spanish minister: Catalonia’s GDP to contract by 30 percent if it secedes », POLITICO, 2017, [consulté en ligne le 18/09/2017]. http://www.politico.eu

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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