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Les vœux d’EU-Logos

Chères amies, chers amis : les vœux de EU-Logos pour l’année 2018

Qui dit nouvelle année, dit rétrospective et prises de bonnes résolutions. Nous n’échappons pas à cette loi du genre. Année 2018, année décisive pour l’Europe, reconquérir ses citoyens, les mobiliser dans l’unité et l’efficacité. En 2018, confirmer un renouveau incontestable mais encore fragile, et aussi assumer ses responsabilités historiques. 2018, une année combative pour l’Union européenne, une année solidaire entre ses membres .L’année  2018, l’année du réveil et de la refondation ? année des conventions démocratiques et de leur succès ? C’est ici que les vœux prennent tout leur sens.

L’Europe a su faire preuve de résilience. Un redressement économique et financier réel mais limité et encore fragile pour certains. Les dangers politiques persistent eux aussi, ils  rôdent toujours. Le populisme et ses différents avatars ont  reçu un coup  mais pas un coup fatal. L’opinion publique est à l’arrêt  après avoir, pour une bonne partie d’entre elle, tourné le dos à un déni d’Europe manifestement excessif, et au bout du compte, peu convaincant. A l’arrêt,  elle  observe et s’interroge, elle est  prête cependant à faire confiance si se confirment les premiers succès.

Mais c’est une attente qui se  prolonge du fait de nouveaux phénomènes apparus entre- temps: le retour inattendu de la menace nucléaire, la confirmation des périls du cyber monde, le désarroi identitaire, la paupérisation des classes moyennes, l’aggravation, lourde de menaces, des inégalités  entre pays (1), mais aussi à l’intérieur d’un même pays : l’injustice sociale ne produirait-elle pas une double radicalisation, populiste et djihadiste ? A joutons les déstabilisations de tous ordres créées par des phénomènes migratoires non maitrisés .Que dire des développements de l’intelligence artificielle et des fantasmes qui lui sont liés ? Que dire aussi des futurs bouleversements liés aux  changements radicaux dans nos modes et comportements productifs ?

En face, les  errements de Donald Trump, et la Chine qui assume de plus en plus ouvertement son ambition de conquérir le leadership mondial que seule l’Europe semble en mesure de  lui contester ,en partie, surtout  s’il advenait que la Chine se présente, de façon trop assurée et permanente, comme le seul  héraut de la lutte contre le réchauffement climatique ou apparaisse comme le promoteur incontesté  d’une mondialisation qui serait alors  sans partage.

L‘Europe est comme à l’arrêt,  dans l’attente de confirmations, d’infléchissements ou d’effondrements imprévus. Mais l’avenir, on ne l’attend pas comme on attendrait un train, sur le quai d’une gare ; l’avenir, on le construit. Pour le construire, il n’est pas de meilleure occasion qu’un bon usage de ces conventions démocratiques initialement proposées par Emmanuel Macron et depuis rebaptisées « consultations citoyennes ».

Ces conventions présenteraient un premier intérêt : déborder les schémas proposés habituellement par les représentations traditionnelles (les partis, les syndicats, les bureaucraties….)  où s’inscrivent d’ordinaire les revendications. Une révolte donc   et, pour y être fidèles, consacrer nos énergies à l’organisation d’un vaste débat européen afin de poser les bons diagnostics de la situation actuelle et trouver les meilleures solutions. Nous donner les moyens de savoir ce que nous voulons. C’est-à-dire plus que des consultations, fussent-elles « citoyennes ».

Dans ces moments d’incertitudes à haut risques, nos démocraties européennes doivent savoir se remettre en cause, qu’il s’agisse d’éducation, de croissance économique durable et inclusive, du renforcement du lien social. Sur le plan international, face au renouveau des violences, au renouveau des idéologies et des régimes hostiles à la démocratie, l’Europe doit confirmer ses valeurs, assumer la charge de la défense de l’Etat de droit, y compris, le cas échéant, sur le plan militaire. Rappelons qu’en 2016, après cinq années consécutives de baisse des ventes d’armes, celles-ci viennent de repartir à la hausse et d’augmenter en 2016 de 4%, pour un montant  annuel de 217,2 milliards de dollars, les ventes de l’Europe occidentale restant stables.(Données du SIPRI).

Difficile d’imaginer des vœux plus engageants et plus ardents pour ces conventions démocratiques. Sur quoi doivent-elles faire porter prioritairement leurs efforts dans la conjoncture actuelle caractérisée par la persistance de l’extrême droite populiste et  sa banalisation ? Dans une Europe où tout repose sur le consensus et le souci de  l’apaisement, il est difficile de remettre en cause des pays au comportement peu démocratiques, mais élus démocratiquement. L’Europe est largement impuissante du fait de ses règles (l’unanimité par exemple) mais aussi de ses comportements. Pour toutes ces raisons, cette banalisation de l’extrême droite populiste fait malheureusement l’objet d’un consentement rampant, inavoué : ce consentement  est, qu’on le veuille ou non, accepté, toléré. Il faut reconnaître que ces droites populistes, ces gauches radicales sont polymorphes  avec une  forte plasticité redoutable, ce qui rend malaisée  la réplique. Pascal Ory (2) a bien décrit le phénomène : « Une culture politique de droite (…) dans un style de gauche (….) une idéologie de synthèse qui permet à la droite radicale de trouver le chemin des classes populaires en adoptant un style de gauche, avec, à droite comme à gauche, cette  stratégie,  intransigeante et volontiers paranoïaque, nourrissant une conception simple de l’univers, à la fois manichéenne et symétrique », eux et nous !

La capacité de l’UE à se remettre en cause est essentielle et cela constitue pour elle un défi d’un type nouveau. Elle va devoir se questionner, ce qui est compliqué quand il ne s’agit pas de tout casser, tout  faire éclater. Face à la persistance de l’extrême droite, il n’y a pas d’autre issue que d’inviter l’UE à se mettre en cause et proposer « du nouveau », à l’intégrer dans un contexte historique de longue durée , à l’opposé du « court-termisme » actuellement dominant où chacun semble ne vouloir retenir que ce qui  l’intéresse directement et immédiatement, dans une course éperdue à tous les opportunismes.

Pas d’autre issue que de confier aux conventions démocratiques cette tâche de la dernière chance. En outre, cette démarche est susceptible d’enlever aux citoyens le sentiment  qu’ils ne sont plus maîtres de leur destin, dépossédés de leur souveraineté. La voix des citoyens ne compterait pour rien. Or ce qui est proposé, c’est un processus délibératif d’un type inédit par son déroulement, sa méthode, son ampleur et sa durée, quasiment jusqu’aux élections du Parlement européen en 2019.

Concernant ces conventions démocratiques, nous y reviendrons régulièrement au cours des mois prochains et la première fois le 13 février 2018, où Eulogos organisera au Press Club de Bruxelles, une conférence intitulée « l’Union européenne à la reconquête de ses citoyens ». Ce sera l’occasion d’approfondir et de concrétiser ce nouveau concept de consultations citoyennes ou conventions démocratiques, en organisant leur mise en œuvre. Déclencher une dynamique nouvelle susceptible  de produire des « cahiers de doléances » qui, à l’image du précédent historique de 1789, viendraient alimenter  les « Etats généraux de l’Europe ».

 

Meilleurs vœux pour 2018. Que cette année soit une réussite !

  

Henri-Pierre Legros

 

  • Rapport sur les inégalités mondiales 2018 http://wir2018.wid.world/ World Inequality Lab
  • Pacal Ory «  Peuple souverain. De la Révolution populaire, à la radicalité populiste ». Ed. Gallimard

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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