L’enrôlement des enfants se généralise : un nouveau cri d’alarme, l’enquête du journal Libération en Colombie.

L’ancien  sénateur, Jimmy Chamorro fait campagne contre le recrutement d’enfants soldats. Il voit dans la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye un dernier recours. Pourquoi la Colombie a-t-elle besoin de la CPI pour punir les recruteurs d’enfants ? Parce que la loi colombienne organise l’impunité. L’article du code pénal qui punit l’enrôlement de mineurs de huit à quinze ans de prison n’est jamais appliqué. Deux commandants, une dirigeante des Farc et un paramilitaire sont les seuls à avoir été jugés pour avoir engagé des enfants. Mais grâce à une loi dite «Justice et Paix», ils ont obtenu des peines dérisoires en échange de leurs aveux. En gros, nous dit le sénateur Chamorro, face aux juges, vous risquez davantage si vous volez une poule que si vous recrutez un enfant. C’est pourquoi nous avons espoir dans la CPI.
Ces enrôlements sont en augmentation ! La Colombie est  le troisième pays au monde pour l’utilisation de mineurs combattants, avec 17 000 victimes, et le recrutement se généralise. Les enfants sont enrôlés autant par les guérillas d’extrême gauche que par les milices paramilitaires. Certains sont engagés de force, parce que leur famille est menacée, et beaucoup, dans les régions les plus pauvres, sont séduits par des promesses d’argent (jusqu’à 250 euros, soit 1,5 fois le salaire minimum).
L’exception de sept ans sur les crimes de guerre a aggravé la situation ? Le prétexte invoqué était de permettre des négociations de paix plus souples avec les groupes illégaux, en leur ôtant la pression d’un jugement. Cela n’a servi qu’à faire durer l’impunité sept ans de plus. Selon l’Unicef, le nombre d’enfants soldats a doublé depuis cinq ans et leur âge ne cesse de diminuer : ils ont, en moyenne, moins de 12 ans. Les guérilleros remplacent facilement leurs pertes avec ces enfants.

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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