Amnesty demande à Athènes d’améliorer le sort des immigrants. « Les migrants ne sont pas des délinquants ! »

Amnesty International exhorte la Grèce à ne plus traiter les demandeurs d’asile et les immigrants clandestins comme des délinquants et à améliorer leurs conditions de détention. Près de 90% de ceux qui émigrent clandestinement dans l’Union européenne transitent par la Grèce. Amnesty International écrit, dans un rapport publié le 27 juillet, que la Grèce retient ces personnes dans des endroits surpeuplés, qui ne répondent pas aux normes d’hygiène et où l’accès à de l’eau propre est limité.

 L’ONG critique le traitement par la Grèce des mineurs non accompagnés, notant qu’ils sont parfois tenus enfermés avec des adultes pendant de longues périodes et dans de mauvaises conditions. Les immigrants n’ont par ailleurs qu’un accès limité à des avocats, des interprètes et des assistantes sociales. « Il en résulte que leur situation n’est pas évaluée correctement et que beaucoup d’entre eux, qui auraient besoin d’une protection internationale, risquent d’être renvoyés à l’endroit qu’ils ont fui, tandis que d’autres sont privés de soins et d’un soutien appropriés », déclare Nicola Druckworth, directeur du Programme Europe et Asie centrale d’Amnesty.

Le document « Greece :  Irregular migrants and asylum-seekers routinely detained in substandard  conditions“ http://www.amnesty.org/en/library/asset/EUR25/002/2010/en/07291fb2-dcb8-4393-9f13-2d2487368310/eur250022010en.pdf  décrit le traitement réservé à ces personnes, dont un grand nombre sont retenues dans des conditions déplorables dans des postes de frontière ou des centres de détention pour migrants, où l’assistance juridique, sociale et médicale est restreinte ou inexistante. « Les demandeurs d’asile et les migrants en situation irrégulière ne sont pas des criminels, a déclaré Nicola Duckworth. Pourtant, les autorités grecques les traitent comme des délinquants et sans respecter les droits qui sont les leurs aux termes du droit international. Aujourd’hui en Grèce, les migrants sont systématiquement détenus sans que la nécessité d’une telle mesure ne soit évaluée. La détention des demandeurs d’asile et des migrants en raison de leur situation irrégulière doit rester une mesure de dernier recours. »

Il arrive que des migrants en situation irrégulière et des demandeurs d’asile soient détenus jusqu’à six mois en Grèce avant d’être expulsés. Aux termes du droit grec, le fait d’entrer irrégulièrement dans le pays ou d’en sortir de façon irrégulière constitue une infraction pénale. Des dizaines de milliers de migrants en situation irrégulière et de demandeurs d’asile arrivent chaque année en Grèce. La grande majorité des demandeurs d’asile et des personnes fuyant des pays déchirés par la guerre arrivent par la frontière terrestre et la côte turco-grecques. Il s’agit pour la plupart d’Afghans, d’Érythréens, d’Irakiens, de Palestiniens et de Somaliens.

« À l’issue d’un voyage souvent périlleux, les migrants échouent dans des centres de détention sans pouvoir consulter d’avocats, ni se faire aider d’interprètes et de travailleurs sociaux. De ce fait, les circonstances de leur venue ne sont pas évaluées correctement et un grand nombre de ceux qui auraient eu besoin d’une protection internationale peuvent être renvoyés dans le lieu qu’ils ont fui, et d’autres ne pas recevoir les soins ou le soutien nécessaires », a ajouté Nicola Duckworth. Ni les migrants en situation irrégulière, ni les demandeurs d’asile ne sont informés de la durée de leur détention et de ce qu’il va leur arriver. Ils peuvent être détenus pendant de longues périodes dans des installations surpeuplées où les mineurs ne sont pas séparés des adultes. L’aide médicale y est très restreinte ainsi que la mise à disposition de produits d’hygiène. Très peu de demandeurs d’asile se voient accorder le statut de réfugié par les autorités grecques. Sur les plus de 30 000 personnes dont la demande d’asile a été examinée en 2009, seules 36 ont reçu le statut de réfugié et 128 se sont vu accorder une forme de protection subsidiaire. Dans une grande majorité des lieux de détention qu’ont visités les délégués d’Amnesty International, les conditions allaient d’inadaptées à très mauvaises. Des personnes détenues ont fait état à Amnesty International de cas de mauvais traitements infligés par des garde-côtes et des policiers. En février 2010, Venna dans le nord-est de la Grèce a été le théâtre d’un mouvement de protestation de migrants en situation irrégulière et de demandeurs d’asile contre les conditions déplorables et la durée de leur détention. De même en avril 2010, des migrants en situation irrégulière ont entamé une grève de la faim sur l’île de Samos pour protester contre la durée de leur détention.

« La détention ne peut pas être utilisée comme un outil de contrôle de l’immigration, a déclaré Nicola Duckworth. Pour chaque cas, il incombe aux autorités de démontrer qu’une telle détention est nécessaire et proportionnelle à l’objectif recherché et que d’autres solutions ne seraient pas efficaces. » Amnesty International considère que les centres de filtrage que les autorités grecques prévoient de développer devraient intégrer d’autres solutions telles que des centres ouverts ou semi ouverts pour les personnes arrivant dans le pays. Les autorités doivent veiller à ce que les migrants en situation irrégulière et les demandeurs d’asile arrivant dans ces centres bénéficient, gratuitement, d’une assistance médicale ainsi que d’une aide juridique et de services d’interprétariat dans une langue qu’ils comprennent.

Voir également :

 The Dublin II Trap : Transfers of asylum-seekers to Greece, mars 2010 http://www.amnesty.org/en/library/i

 Migrants en situation irrégulière et demandeurs d’asile : des solutions pour éviter la détention, avril 2009 http://www.amnesty.org/fr/library/i

 Greece : Out of the spotlight – The rights of migrants and minorities are still a grey area, octobre 2005 http://www.amnesty.org/en/library/i

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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