L’immigration est-elle perçue comme une chance ? C’est moins vrai nous dit l’enquête de la German Marshall Fund. La méfiance, globalement, grandit

L’immigration, une chance et un défi avait titré la Commission européenne dans une de ses brochures il ya quelque temps de cela. Le ferait-elle aujourd’hui ? en tout cas , elle n’a pas convaincu, mais elle n’a pas fait l’effort de chercher à convaincre quelles que  soient ses bonnes intentions au départ.

Méfiance grandissante à l’égard de l’immigration c’est ce que confirme l’enquête du German Marshall Fund, en partenariat avec TNS Sofres, qui vient pour la troisième année consécutive d’évaluer les différentes perceptions dans les pays industrialisés. Cette étude fait apparaitre des écarts importants d’appréhension de la situation dans huit pays : Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Allemagne, Pays-Bas et France.

Dans chacun de ces pays, un échantillon de 1000 personnes de plus de 18 &ns a été interrogé entre le 27 août et le 13 septembre 2010 et entre le 10 et 21 novembre 2010 pour le Canada et les Etats-Unis.

Il ressort des sondages que, malgré la crise économique mondiale, globalement le scepticisme n’a pas augmenté autant qu’on pouvait le craindre : la proportion considérant que l’immigration est un problème est restée à peu près la même dans les huit pays mais avec des différences. Les plus méfiants sont les britanniques (65%) et l’opposé les canadiens sont les moins méfiants (27%).

En France la part des méfiants est restée stable (42%). En revanche, le pourcentage de sondés considérant que l’immigration est « une chance » chute de façon importante. Alors que plus de 50% des français partageaient  cet avis en 2008 et 2009 (ce qui les classait parmi les plus optimistes) ils ne sont plus que38% en 2010.

Cette chute non négligeable s’illustre particulièrement dans certaines questions qui leur ont été posées. En 2010, 55% des français considéraient en effet que les immigrés illégaux augmentaient la criminalité. Ils n’étaient que 31% en 2009. Plus de 70% pensaient aussi que les immigrés légaux étaient travailleurs, ils ne sont plus que 53% en 2010.

L’enquête internationale interroge sur les perceptions à la fois sociales, politiques et économiques.. Or sur ce dernier aspect, les britanniques et les américains sont ceux qui redoutent le plus que les immigrés prennent leur emploi. Ils sont respectivement56% et 57%  à se sentir en concurrence avec les étrangers contre une moyenne de 35% en Europe. Est-ce parce que leur niveau de qualification y est plus élevé ?

De même en matière d’aide sociale les « anglo-saxons » apparaissent nettement moins enclins à un soutien aux immigrés que les européens. Américains, britanniques et canadiens sont moins de 50% à souhaiter que les immigrés puissent accéder à des soins médicaux d’urgence contre 58% à 81% des européens ;

En matière « d’intégration » en revanche, les européens sont beaucoup plus inquiets que les anglo-saxons. Il n’y a qu’en Espagne qu’une courte majorité des sondés (54%)  qui ont le sentiment que les immigrés s’intègrent bien. Les néerlandais sont les plus pessimistes avec 60% d’opinions négatives. Aux Etats-Unis et au Canada 59% et 65% considèrent à l’inverse que les choses se passent bien. De la même façon, c’est outre-Atlantique que l’intégration des immigrés musulmans est la moins négative. Environ45% des personnes interrogées estiment qu’ils s’intègrent bien contre 37% des italiens et 25% des allemands. C’est aussi en France, Espagne, Allemagne que l’intégration des enfants d’immigrés est jugée le plus négativement.

Dans les huit pays sondés, les habitants ont tous tendance à surestimer le nombre d’immigrés par rapport à la réalité. En Italie, les immigrés représentent 7% de la population totale, mais les personnes interrogées l’évaluent en moyenne à 25% .

Résultats de l’enquête : http://www.gmfus.org/trends/immigration/doc/TTI2010_English_Key.pdf

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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