La controverse sur les ROMS en France est l’otage de la campagne électorale pour les présidentielles de 2012. Le bal des hypocrites ?

Bien que les prochaines élections présidentielles en France n’auront lieu qu’en 2012, bien des analystes soutiennent que le rapatriement plus ou moins forcé des Roms en Bulgarie ou Roumanie a en réalité démarré la campagne électorale et l’a prématurément propulsé sur le devant de la scène politique.

Pascal Perrineau, directeur du Centre de Recherche Politique à Sciences Po-Paris (CEVIPOF) pense que la campagne a déjà commencé. Il estime dans ce peut ou pourrait apparaitre comme une tentative d’améliorer sa cote politique dans les sondages, le président aurait arrangé le rapatriement des Roms. Par ces actions envers les Roms, M. Sarkozy semble « freiner sa « descente aux enfers » selon l’expression de Pascal Perrineau et sa cote d’approbation est montée de 2% puis 4% selonles plus récents sondages. En effet 65% des français  disent approuver les expulsions et 69% sont en faveur  du démantèlement des camps.

Une preuve supplémentaire en est le dernier épisode opposant la majorité actuelle et le premier ministre à Martine Aubry, secrétaire général e du Parti Socialiste et maire de Lille qu’ils accusent d’hypocrisie.

Martine Aubry a saisi la justice fin juillet pour demander, en tant que présidente de la Communauté urbaine de Lille, l’expulsion par la force de Roms qui occupaient un terrain à Villeneuve d’Ascq, selon un document publié par Le Figaro. Le quotidien publie jeudi 2 septembre la requête adressée par son avocat, Me Maurice-Alain Caffier, au tribunal de Lille le 19 juillet, la décision de justice qui fait droit à cette demande et le procès-verbal de réquisition de la force publique décidé pour mener à bien l’expulsion. « Depuis quelques jours, plusieurs véhicules et caravanes se sont installés (à Villeneuve d’Ascq – NDLR), sans droit ni titre. (…) Il s’agit là d’une violation flagrante du droit de propriété, cette installation sauvage risque d’être à l’origine de difficultés et troubles de voisinage et il y a urgence à ordonner leur expulsion », lit-on dans la requête de l’avocat de Martine Aubry. La dirigeante socialiste s’est vivement opposée à la campagne commencée fin juillet par le gouvernement et qui consiste à renvoyer des groupes de Roms en Roumanie. Cette mesure a été décidée après un fait divers impliquant des Manouches de nationalité française.

Martine Aubry estime que cette campagne pose un problème moral, puisqu’une catégorie de population est visée en tant que telle et se voit imputer une responsabilité collective. Elle voit dans cette initiative une tentative de diversion aux problèmes économiques et judiciaires de la majorité. La majorité UMP juge cette position hypocrite et le Premier ministre François Fillon a évoqué lundi dernier, à l’appui de cet argument, la démarche judiciaire de Martine Aubry. Les proches de Martine Aubry ont répliqué que l’évacuation d’un camp pouvait se révéler nécessaire pour des raisons de sécurité mais qu’elle ne pouvait être assimilée à une expulsion du territoire français. Les demandes d’évacuation sont gelées désormais, du fait de la campagne gouvernementale, précise la majorité de gauche de Lille. Le maire de Lille a déclaré mercredi à la presse qu’elle demandait désormais au préfet de ne plus procéder au démantèlement de camps sur le territoire de sa communauté urbaine. A suivre donc…

Le bal des hypocrites est général et ne concerne pas que les  socialistes français , il concerne tous(presque) les Etats membres de l’Union européen qui font la même chose(plus ou moins) que la France, mais discrètement et sans tapage. Certains font observer que des Roms expulsés d’Italie par le musclé ministre de l’intérieur Maroni se trouvent parmi les expulsés ou les volontaires au retour provenant de France. A qui le tour maintenant ? C’est une situation qui milite en faveur d’une approche européenne sur le fond.

Dans toute cette agitation le sort de Roms est subalterne, mais elle a eu le mérite de porter au niveau européen et en pleine lumière une situation intolérable qui ne peut plus durer. Autre effet , il apparait évident que la solution ne peut être qu’européenne. A l’avenir, rares seront les dossiers d’importance qui n’auront qu’une dimension nationale. Il est temps d’en prendre conscience.

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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