Un sursaut éthique de l’Union européenne: la présidence belge reçoit la COMECE (Conférence des épiscopats de la Communauté européenne). Les présidents de la Commission, du Parlement et du Conseil européen reçoivent des représentants des organisations philosophiques non confessionnelles

Ces rencontres se sont tenues  pour la première fois dans le nouveau contexte du traité de Lisbonne, dont l’article 17 prévoit que l’Union maintient un «dialogue ouvert, transparent et régulier» avec les religions, les Églises et les communautés de conviction. Les rencontres  témoignent de l’importance que les institutions européennes accordent à ce dialogue.

La lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale au cœur du débat, mais aussi la liberté religieuse et le réchauffement climatique.

      -. 12 octobre 2010, rencontre des représentants des Eglises en Belgique et en Europeavec la Présidence belge de l’UE.

. La rencontre a eu lieu dans le cadre de l’article 17 du Traité sur le fonctionnement de l’UE qui établit un dialogue régulier entre les Eglises et l’UE. En outre, cette réunion s’inscrit dans une tradition déjà bien établie de rencontres entre les Eglises et les Présidence tournantes du Conseil de l’UE. Le Premier Ministre belge, Yves Leterme, a reçu les représentants des Eglises pendant une heure dans sa résidence de fonction.

Les Représentants des Eglises ont évoqué plusieurs sujets en relation avec la Présidence belge de l’UE et notamment :

      – la pauvreté et l’exclusion sociale en Europe: Faisant suite aux nombreuses initiatives et contributions des Eglises dans le cadre de « 2010 – Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale » et du développement de la stratégie UE 2020, les représentants des Eglises ont réitéré leur requête d’un renforcement du modèle d’Economie sociale de marché qui assure l’équilibre entre, d’une part, la concurrence et, d’autre part, la cohésion sociale et les limites de la croissance. «La protection de la dignité humaine, la cohésion sociale et le développement durable dans un monde globalisé doivent être au cœur des politiques européennes », ont-ils déclaré. Considérant l’augmentation de la pauvreté en Europe et dans le monde et le projet de Plateforme européenne de lutte contre la pauvreté comme initiative phare de la stratégie UE 2020, les Eglises ont demandé a être associées, aux côtés de la société civile, au traitement de ces questions.

Le Premier Ministre a répondu en soulignant que l’Union Européenne n’était pas seulement un espace économique, mais une communauté mue par des valeurs et ce, même si en raison la crise économique et financière, les questions de gouvernance économique semblent actuellement prédominantes. Il a prédit qu’un grand débat sur les standards sociaux européens devrait s’amorcer très bientôt et a indiqué son désir de collaborer avec les Eglises pour les questions relatives à la cohésion sociale au-delà de la Présidence belge de l’UE.

      -. Dans le cadre du Service d’action extérieure de l’UE, trois sujets ont été abordés : l’importance de la protection de la liberté religieuse au sein des relations étrangères de l’UE et l’équilibre essentiel entre les intérêts commerciaux et politiques dans les relations de l’UE avec les pays tiers. En ce qui concerne la liberté religieuse, la situation particulière de la Turquie et l’importance de rappeler l’application du droit à la liberté religieuse pour toutes les communautés du pays dans le cadre des négociations d’adhésion ont été mentionnées.

La Présidence belge a déclaré qu’elle désirait soutenir l’introduction de la liberté religieuse en tant que Droit Fondamental à promouvoir au sein du futur Service d’action extérieure et le Premier Ministre a promis d’agir en ce sens.

      -. En vue de la 16ème conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Cancún (Mexique, du 29 novembre au 10 décembre 2010), les représentants des Eglises ont demandé à l’UE de prendre ses responsabilités en matière de lutte contre les changements climatiques. Les Eglises ont exprimé leur désir que soit atteint un accord allant au-delà de la proposition actuelle d’une réduction de 20% des émissions de CO2. Rappelant le principe chrétien fondamental d’une « option préférentielle pour les pauvres », les Eglises appellent à mettre en place d’urgence les fonds « Fast start » de financement à mise en œuvre rapide décidés à Copenhague et de le doter de moyens suffisants.

      -. 15 octobre rencontre de  dix-huit représentants d’organisations philosophiques non confessionnelles ont rencontré aujourd’hui à Bruxelles le président M. José Manuel Barroso, M. Jerzy Buzek, président du Parlement européen, et M. Herman van Rompuy, président du Conseil européen.

 

 Ils ont débattu des moyens de lutter efficacement contre la pauvreté et l’exclusion sociale, un impératif pour la gouvernance européenne.

José Manuel Barroso, président de la Commission, a fait la déclaration suivante: «Nous ne pouvons tolérer la pauvreté et l’exclusion sociale au sein de l’Union européenne. La force de l’Union est et sera mesurée au vu de notre capacité de venir en aide aux plus vulnérables! L’Union veut promouvoir la croissance, mais pas n’importe quel type de croissance. Nous voulons une croissance inclusive dans une économie sociale de marché. La réunion d’aujourd’hui offre une grande opportunité de mobiliser tous les secteurs de la société, notamment les organisations philosophiques non confessionnelles, en vue d’atteindre ces objectifs.»

Jerzy Buzek, président du Parlement européen, a quant à lui ajouté: «S’attaquer à la pauvreté est au cœur même de l’Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, et le Parlement européen a toujours adopté une position ferme contre ces fléaux. Nous devons y associer tous les groupes concernés, et cette Année européenne offre une occasion précieuse d’entamer un dialogue entre tous les acteurs de ce domaine essentiel. J’attends avec impatience la visite du secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-Moon, qui, le mardi 19 octobre au Parlement européen à Strasbourg, prononcera devant les parlementaires une allocution sur l’utilisation de la microfinance pour aider les personnes à sortir de la pauvreté. Également la semaine prochaine, les membres du Parlement européen débattront d’une résolution sur le rôle du revenu minimum dans la lutte contre la pauvreté et la promotion d’une société inclusive en Europe, et la soumettront au vote.»

Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, a déclaré: «La pauvreté et l’exclusion au sein de l’Union européenne constituent un fléau. La rencontre de ce jour nous a permis d’attirer l’attention sur ce phénomène. L’expérience des dirigeants humanistes et philosophiques nous sera très utile pour relever ce défi. Je me réjouis de renforcer encore ce dialogue. Notre objectif commun est de faire en sorte que les personnes confrontées à la pauvreté et à l’exclusion puissent vivre dans la dignité et jouer un rôle actif dans la société.»

Dans le cadre de l’Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (2010) et de la plateforme européenne contre la pauvreté, les institutions européennes entretiennent un dialogue avec la société civile, les ONG, les pouvoirs publics et d’autres prestataires de services sociaux, afin de trouver des approches, des actions et des partenaires nouveaux pour soutenir les efforts déployés partout en Europe pour éradiquer la pauvreté.

La promotion de l’emploi, de la cohésion sociale et d’une croissance inclusive est au cœur de la stratégie Europe 2020. Les progrès seront mesurés à l’aune de trois principaux indicateurs, à savoir le risque de pauvreté, le dénuement matériel et le nombre de ménages sans emploi. Ces indicateurs de l’UE et le suivi régulier des progrès accomplis témoigneront de la responsabilité des États membres.

Deux grands objectifs de la stratégie Europe 2020 tiennent à la nécessité d’améliorer l’équité et la qualité dans l’éducation: ramener le taux d’abandon scolaire à moins de 10 % et porter à 40 % au moins la part de la population âgée de 30 à 34 ans ayant achevé un cursus universitaire ou équivalent, d’ici 2020.

La discussion de ce jour s’est tenue dans un esprit de franchise et d’ouverture. Les représentants, issus de onze États membres (France, Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Italie, Grèce, Roumanie, Luxembourg, Portugal, Espagne et Irlande), ont exprimé leur soutien à la stratégie Europe 2020 et à ses objectifs dans le domaine social et de l’éducation.

Ils ont souligné leur engagement permanent en faveur d’un renforcement de la cohésion sociale et d’un sens accru de la solidarité et de l’engagement civique au sein de la population européenne. Ils ont également insisté sur le fait que la crise actuelle ne pourra être surmontée qu’en plaçant les individus et la justice sociale au cœur des politiques européennes.

NOTA BENE Des rencontres entre les présidents des institutions européennes et des personnalités représentatives des organisations philosophiques et non confessionnelles ont eu lieu à plusieurs reprises dans le passé. La dernière réunion s’est tenue le 26 juin 2009 http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/09/1046&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=fr

Le 19 juillet 2010, les trois présidents ont rencontré les dirigeants religieux pour évoquer le même sujet. http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/10/967&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=fr

      -. la stratégie Europe 2020 http://ec.europa.eu/eu2020/index_fr.htm

      -.  l’Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale 2010 : http://www.2010againstpoverty.eu/?langid=fr

      -.  les chiffres clés sur l’inclusion sociale

http://www.2010againstpoverty.eu/opencms/extranet/About_the_Year/key_data.pdf

Pour plus d’informations à propos du dialogue entre l’UE et les religions, Églises et communautés de conviction: http://ec.europa.eu/bepa/activities/outreach-team/dialogue/index_fr.htm

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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