Amnesty International demande des comptes à l’Europe concernant les « extraordinary renditions », une affaire que l’on croyait oubliée !

Il y a trois ans, il ne se passait pas de semaines sans que révélations, auditions dans une atmosphère surchauffée, rebondissements spectaculaires se bousculent dans l’actualité des institutions européennes, essentiellement Parlement européen et Conseil de l’Europe. Nea say en a rendu compte régulièrement dans le détail. Depuis presque trois un silence presque absolu ; il vient d’être rompu par Amnesty international. A la veille du sommet transatlantique à propos duquel le Parlement européen demandait des comptes à propos de Weakileak, mais restait étrangement silencieux sur les prisons et vols secret de la CIA (cf. Nea Say n° 97)

Amnesty International presse les gouvernements européens de rendre justice aux victimes des programmes de restitutions illégales et de détentions secrètes menés par l’Agence centrale de renseignement (CIA) qui se sont traduits par les disparitions forcées, des enlèvement en plein jour dans les rues de Milan au vue et au su de tout le Monde par exemple, des actes de tortures et de mauvais traitement infligés à certaines personnes, des erreurs parfois grossières. Les gouvernements des Etats membres ont l’obligation légale, estime Amnesty international, de répondre pleinement de leurs actes pour ces atteintes graves aux droits fondamentaux. C’est ce qu’a réaffirmé Nicola Beger, directeur du Bureau européen d’Amnesty international à l’occasion de la publication de leur nouveau rapport : « Open secret : Mounting evidence of Europe’s complicity in rendition and secret detention ».

Il rassemble les dernières informations mettant en lumière la complicité d’Etats européens dans les programmes mis en place par la CIA dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Tout ou presque a été déjà relaté dans les rapports du parlementaire européen Fava et du parlementaire  du Conseil de l’Europe, Dick Marty. Des enquêtes ont été menées ou sont en cours, (Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Pologne, Lituanie, Roumanie, Suède et ancienne république yougoslave de Macédoine) mais évoluent avec beaucoup de lenteur et dans le désintérêt y compris par ceux qui, à un moment, ont milité avec beaucoup d’ardeur pour que toute la lumière soit faite.

Dans son nouveau rapport, l’organisation apporte de nouveaux éléments sur ce qui a pu se dérouler en Europe.

      -. Récemment, La Lituanie a reconnu l’existence de deux prisons secrètes sur son territoire. Ce centre a pu être visité par des délégués du Comité européen pour la prévention de la torture, ce qui est une première. Une enquête doit désormais veiller à ce que les responsables soient tenus de rendre des comptes.

      -. La Roumanie aurait, elle aussi, hébergé un établissement secret. Les autorités nient toutefois ce qui apparaît de plus en plus comme une évidence, de nouvelles preuves prouvant sa participation au programme des services secrets américains ayant été apportées.

      -. La Macédoine nie, elle aussi, toute action illégale de ses agents mais la Cour européenne des droits de l’homme devra statuer sur sa complicité dans la « restitution » d’un ressortissant allemand vers l’Afghanistan. C’est une autre première.

      -. En Pologne, la police des frontières a révélé que sept appareils affrétés par la CIA auraient atterri près d’une prison secrète présumée. Le bureau du procureur poursuit ses investigations et a reconnu le statut de victime à un plaignant.

      -. Au Royaume-Uni, le nouveau gouvernement a admis que le territoire avait été survolé par des vols de « restitution » et a promis une enquête sur l’implication éventuelle d’agents dans des mauvais traitements. En Italie, les autorités invoquent toujours la nécessaire protection des « secrets d’Etat » pour entraver le travail des juges. En Allemagne, il est avéré que des membres des services de renseignement ont eu recours à la torture dans une prison syrienne, mais la victime n’a pas encore obtenu justice.

« L’Union européenne s’est jusqu’ici montrée incapable d’amener les Etats membres à rendre des comptes », déplore en conclusion Nicolas Berger.

      – . Article du Huffington post http://blog.soros.org/2010/11/breaking-the-conspiracy-of-silence-europe-and-extraordinary-rendition/

      – . Rapport de Amnesty International http://www.amnesty.org/en/library/asset/EUR01/023/2010/en/3a3fdac5-08da-4dfc-9f94-afa8b83c6848/eur010232010en.pdf

      -. Press release http://www.amnesty.eu/en/press-releases/all/0470-0470/

 

 

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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