L’Europe sous la pression des mafias européennes selon le rapport de Europol.

Le rapport 2011 de l’Agence européenne de police Europol (OCTA, Organised Crime Threat Assessement) confirme la progression des mafias en Europe. Nea say ( N° 103 http://eu-logos.eu/eu-logos_nea-say.php?idr=4&&nea=88&lang=fra&arch=0&idnl=1963) a déjà consacre récemment deux articles au phénomène. La députée européenne  Sonia Alfano (groupe ALDE) a présenté un rapport à la commission LIBE le  12 avril dernier   (Libertés civiles, justice et affaires intérieures) et elle a organisé plusieurs auditions. « Le crime organisé est entrain de changer » assure le directeur de Europol, Rob Wainwright. Il déplore l’emprise croissante de groupes de plus en plus structurés, d’origines très variés : roumains, nigérians, albanais, lithuaniens.

 Ceux de l’ancienne Russie soviétique commencent à étendre largement leur influence à l’oust ; ils sont réputés pour leur hyper violence, spécialisés aussi dans les actions de braquage, proxénétisme et de racket.. Nous assistons à l’essor d’une délinquance plus intellectuelle et cosmopolite, qui sait exploiter les failles du droit, la misère humaine, les hautes technologies. Leur impact sur la société s’est fortement accru depuis deux ans estime les responsables de Europol, qui établit un lien direct avec la crise qui frappe l’économie depuis 2008. C’est la première fois qu’un responsable de ce niveau établit un lien entre crise économique et le développement de la criminalité.

Les familles mafieuses se seraient réparties « le marché du crime en cinq plates-formes de coopération (immigration illégale, braquage et racket, faux documents, contrefaçon, drogue, fraudes à la TVA). L’emprise des mafias s’établit au plus près du « consommateur ». Autre évolution inquiétante, les organisations mafieuses ont intensifié la pratique du troc entre elles pour éviter d’être suivi via les comptes en banque et les numéros de billet : exemple la cocaïne en provenance des Antilles peut être payée avec du haschich d’une toute aitre provenance géographique, les livraisons de drogues et de leurs précurseurs se font en échange de biens volés ou d’armes ou encore contre des euros contrefaits ou des voitures volées. Pour Rob Wainwright les organisations criminelles partagent de plus en plus les coûts et les risque, groupant, par exemple, les livraisons dans les mêmes conteneurs comme on optimise le remplissage d’un avion.

La crise a aussi facilité la corruption de fonctionnaires et de cadres à la recherche de compléments de salaires surtout dans des secteurs susceptibles de fournir une aide en matière de fraude et de fausse monnaie. Les passeurs de filières d’immigration clandestine s’appuient également sur des complicités policières et douanières. Toujours selon Europol, l’intégration d’Internet dans la « politique commerciale » des groupes criminels est constatée partout. Internet est utilisé comme outil de communication, service financier et comme marché où l’on peut appâter le client, vendre et recruter. La banque on-line offre aux groupes criminels la possibilité de virer leurs avoirs illicites à la vitesse de l’éclair. Aujourd’hui la pègre se parle sur Skype, à l’abri de micros indiscrets, les sites sociaux comme Facebook jouent un rôle déterminant pour faciliter les contacts, conclure  les transactions.

C’est toute l’atmosphère de la collaboration au sein de la criminalité internationale qui est bouleversée.

Au niveau géographique la logistique est organisée autour de cinq zones qui sont comme autant de « hubs » : nord-ouest pour la drogue, nord-est pour le trafic des matières premières, les groupes liés avec la Russie et la criminalité violente polyvalente, sud-ouest cocaïne et résine de cannabis ainsi que la prostitution, le sud la contrefaçon et la fusse monnaie. La zone du sud-est (mer Noire et Balkans) est la zone qui connait l’expansion la pus rapide, notamment en matière d’immigration illégale via la Grèce. Des groupes (notamment albanais, turcs et russes) sont déjà à l’affut des opportunités en vue de la prochaine entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace de Schengen. L’exemption de visa pour l’Ukraine, la Moldavie et les pays des Balkans de l’oust a un effet similaire

Texte du Rapport Europol http://www.europol.europa.eu/publications/European_Organised_Crime_Threat_Assessment_(OCTA)/OCTA_2011.pdf

Communiqué de Presse de Rob Wainwright http://www.europol.europa.eu/index.asp?page=news&news=pr110504.htm

Projet de rapport de Sonia Alfano sur la criminalité organisée en Europe (FR) http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/libe/pr/862/862645/862645fr.pdf

 (EN) http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2009_2014/documents/libe/pr/862/862645/862645en.pdf

 

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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