Adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l’espace Schengen : malgré l’appui renouvelé du Parlement européen, leur cause a-t-elle réellement progressé ?

La Bulgarie et la Roumanie ne doivent pas être les otages du populisme ont insisté les députés. Les Etats membres doivent décider de leur adhésion uniquement sur la base des critères existants, affirme le Parlement européen dans une résolution adoptée ce jeudi. Les députés demandent au Conseil européen de prendre les mesures nécessaires pour permettre aux deux pays de rejoindre l’espace sans contrôle aux frontières. Mais leur mauvaise image persiste et l’attentat récent contre un journaliste( cf. autre nouvelle) ne dissipera pas les préjugés négatifs  à l’égard de ces deux pays. Mais le droit et l’obligation d’un traitement équitable gardent toute leur force. Il faut s’en tenir aux règles fixées et tenir les promesses faites, à savoir les critères techniques reconnus par le Conseil comme remplis  et prendre une décision uniquement sur cette base.

La Bulgarie et la Roumanie « ont rempli tous les critères » nécessaires pour rejoindre Schengen, insistent les députés. Les deux pays ont pleinement mis en œuvre l’acquis de Schengen, qui « constitue la seule condition à remplir en vue de leur adhésion » à l’espace sans frontières.Le Parlement demande instamment à l’ensemble des États membres de prendre la décision d’élargir l’espace Schengen à la Bulgarie et à la Roumanie sur la seule base de l’acquis et des procédures de Schengen. Des critères additionnels ne sauraient être imposés à ces deux pays, souligne le Parlement européen, demandant aux États membres d’honorer leurs engagements et de « ne pas donner priorité au populisme national ».

Les députés ont rejeté un amendement invitant la Commission à présenter des propositions visant à renforcer l’acquis de Schengen en y intégrant des critères supplémentaires concernant la criminalité organisée et la corruption. Il ne faut pas changer les règles d’accession en profitant notamment en profitant de la réforme actuellement en cours des règles de Schengen et des mécanismes d’évaluation.

Les députés estiment qu’en matière de sécurité des frontières, la Bulgarie et la Roumanie sont des partenaires fiables. « Les deux pays « ont fondamentalement repensé et réorganisé leur système de gestion intégrée des frontières en investissant massivement dans leurs services répressifs » (…) et ont visiblement renforcé leurs cadres institutionnels et légal », souligne la résolution. Le PE met en évidence le soutien et la solidarité dont la Bulgarie et la Roumanie ont constamment fait preuve en tant que partenaires fiables du sud-est de l’Europe ainsi que la manière dont ces deux pays contribuent en permanence à la sécurité des frontières dans cette partie de l’Union.

« La Bulgarie et la Roumanie méritent d’être dans l’espace Schengen. Elles réunissent tous les critères requis. Leurs frontières sont sécurisées. J’exhorte tous les États membres à prendre la décision sur l’élargissement de l’espace Schengen à ces deux pays uniquement sur la base de l’acquis et des procédures de Schengen. La Bulgarie et la Roumanie devraient pouvoir compter sur la solidarité et l’équité de leurs partenaires de l’UE », a déclaré le Président du Parlement européen, Jerzy Buzek.

Au cours du débat le changement de règles au cours du jeu avait été sévèrement critiqué par plusieurs députés dont Renate Weber (ADLE, roumaine). D’autres ont marqué fortement leur déception et leur surprise comme le maltais Simon Busutill (PPE) qui a estimé le report «injustifi é». La commissaire Cecilia Malmström a réaffirmé le soutien de la Commission à leur candidature et a appelé à son tour les Etats membres à se prononcer au plus vite. La présidence polonaise considère ce dossier comme l’un de ses dossiers prioritaires et a promis tous ses efforts pour trouver un compromis. Les premiers ministres roumain et bulgare avaient d’ailleurs demandé dans une déclaration commune qu’au Conseil européen soit  trouvée rapidement une solution, souhaitant que la question soit traitée au prochain sommet du 23 octobre prochain. Mais rien n’est moins garanti : Pays-Bas et Finlande ont dit non  et n’entendent pas changer d’avis et cette nouvelle résolution du Parlement européen, la deuxième après celle du mois de juin dernier, a peu de chance d’ébranler les deux récalcitrants.

Texte de la résolution non législative (FR) http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P7-TA-2011-0443+0+DOC+XML+V0//FR&language=FR

(EN) http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P7-TA-2011-0443+0+DOC+XML+V0//EN

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

Laisser un commentaire