En parlant d’intégration…des experts critiquent sévèrement la politique européenne en matière d’immigration illégale.

 La limite la plus grande des politiques migratoires c’est qu’elles finissent par augmenter l’immigration  illégale» au lieu de la limiter. C’est une machine à fabriquer de l’illégalité ! Ceci a été l’affirmation par laquelle Christophe Bertossi, Directeur du Centre Migrations et Citoyennetés de l’Ifri, a ouvert la conférence qui a eu lieu hier, le 27 septembre, au Centre Ifri de Bruxelles. Elle a réuni des éminents experts qui ont débattu sur le thème « Undocumented migrants in Europe : the limits of immigration policies », chacun montrant le phénomène par rapport à leur pays.

 

 Christophe Bertossi a souligné également l’inadéquation de ces politiques en ce qu’elles s’adressaient prioritairement aux Etats alors que ceux qui sont en charge, (au quotidien) de l’application de ces politiques (essentiellement des autorités locales, régionales, la société civile) sont confrontés à de nombreux centres de pouvoirs politico-administratifs où il est difficile de s’y retrouver et qui pratiquent des politiques différentes. Plus que l’Etat, ce sont les collectivités locales qui gèrent les chocs de la société : vieillissement de la population, désarticulation des familles, principes de précaution et contraintes environnementales, cohésion sociale, logements, pression  migratoires, éducation, chômage etc… Si l’Etat et l’Europe établissent des normes, ce sont les collectivités qui payent, organisent, expérimentent, subissent au jour le jour. C’est la réalité du terrain que perdent de vue les politiques européennes.

 

Danièle Joly, Professeur à l’Université de Warwick, a décrit la situation anglaise. Elle a distingué trois phases de politiques migratoires :

            -.la première, caractérisée par une immigration très contrôlée et des lois sévères ;

            -.la deuxième, caractérisée la production massive de lois et d’une politique de sensibilisation s’adressant  aux citoyens dans le  but de dénoncer le migrant irrégulier ;

            -.la dernière phase à laquelle nous assistons est caractérisée le  passage de responsabilité de l’Etat aux autorités locales.

Une des contradictions les plus graves dans le comportement du gouvernement anglais c’est  la contradiction  entre les politiques migratoires, visant à l’inclusion et dans la pratique la réelle exclusion des migrants dans la vie de tous les jours, comme le travail et les relations sociales.

 

La situation espagnole est pas moins grave ; Hector Cebolla Boado, Professeur de l’Universidad Nacional de Educaciòn a Distancia de Madrid a montré  les problèmes de son Pays. Il y a ici un modèle top-down des politiques migratoires, similaire à  la dernière phase anglaise, dans lequel les décisions concernant la politique migratoire sont confiées aux autorités locales. L’aspect le plus intéressant en Espagne est que derrière les politiques inclusives et les promesses des hommes politiques  se cachent de grands intérêts économiques et politiques : en augmentant l’intégration des immigrés, on va diminuer le taux de criminalité et on va fournir des emplois pour les services généralement mal considérés et mal rémunérés

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Enfin, comme a montré Johannes Knickenberg, Professeur au Katholisches Forum Leben in der Illegalitat, en Allemagne,les politiques migratoires sont s’accompagnent de contrôles massifs par les forces de l’ordre. Le besoin de recourir à des formes de politique de type inclusive est encore plus urgent dans les grandes villes, comme Berlin, Münich ou Düsseldorf, où les migrants sont plus nombreux. Dans le même temps, dans le  but de contribuer à l’intégration des migrants réguliers le gouvernement a réalisé de nombreux  projets pour diffuser la culture allemande, organisant des cours de langue, des leçons d’histoire et géographie pour les immigrants.

Ce dont il faut souvenir en parlant d’immigration est qu’elle doit être considérée  d’un nouveau point de vue, c’est-à-dire comme source de développement culturel  et économique, pas comme un obstacle pour lui. Il est donc nécessaire que  les Etats  ne parlent pas de politique migratoire en général, mais uniquement de celles bien spécifiques qui permettent le développement économique et social et la bonne intégration.

 

 

 

                       Federica Mango

Università degli Studi di Napoli, L’Orientale

 

 

Pour en savoir plus :

 

 

-. Rapport de Danièle Joly (Royaume-Uni) http://ifri.org/?page=detail-contribution&id=6808&id_provenance=106

 

-. Rapport de Barbara Laubenthal et Patricia Pielage (Allemagne) http://ifri.org/?page=detail-contribution&id=6809&id_provenance=106

 

 

-. Rapport de Gemma Pinyol et Hector Cebolla Boado (Espagne) http://ifri.org/?page=detail-contribution&id=6811&id_provenance=106

 

 

-. Rapport de Christophe Bertossi (France)http://ifri.org/?page=detail-contribution&id=6810&id_provenance=106

 

 

-. Rapport de Ariana Cascelli, (Italie) http://ifri.org/?page=detail-contribution&id=6812&id_provenance=106

 

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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