Quand donc aurons-nous un vrai débat sur les migrations ? Associons les migrants à un débat ouvert et constructif sur la migration plaide le Rapport de l’OIM (« Etat de la migration dans le monde 2011 »)

D’abord apprendre à bien communiquer sur la migration. Un débat excessivement tendancieux, polarisé et négatif . Un exemple la population a tendance à exagérer le nombre des migrants. La migration est souvent utilisée pour masquer les peurs et les incertitudes du lendemain. Il y a souvent des confusions entre les différentes catégories d’étrangers : demandeurs d’asile, migrants irréguliers, réfugiés, travailleurs réguliers, touristes, étudiants. Au Royaume-Uni, par exemple, ce sont les étudiants qui forment le plus grand groupe d’immigrés et non les demandeurs d’asile. Le moyen  d’action le plus efficace, est de largement diffuser des informations exactes. Les migrants doivent avoir les moyens de s’exprimer dans le débat. L’information la plus spectaculaire consiste à faire savoir qu’au cours de ces dernières années, le nombre des migrants n’a pas beaucoup évolué, voire il a diminué : Etats-Unis, Espagne, Royaume-Uni. Autre exemple, les médias ont relayé une idée force selon laquelle la crise en Afrique du nord allait entraîner une forte augmentation de la migration vers l’Europe, ce qui ne s’est pas vérifié.

Il  faut offrir aux migrants la possibilité de s’exprimer dans le débat sur la migration, aujourd’hui excessivement tendancieux, polarisé et négatif : tel est le message délivré par le Rapport de l’OIM  Etat de la migration dans le monde 2011 : Bien communiquer sur la migration. Ce rapport constate que la migration demeure un phénomène encore largement incompris à notre époque, pourtant caractérisée par une mobilité humaine sans précédent et par une prise de conscience accrue que les migrations sont l’un des traits caractéristiques du monde contemporain. C’est pourquoi, il plaide en faveur d’un virage radical dans la façon dont nous parlons de la migration, surtout en périodes de récession économique, lorsque le discours politique, les informations diffusées par les médias et l’opinion publique sur la nature, l’objet et les incidences socioéconomiques de la migration sont généralement négatifs. 

« Il est clair que la migration est souvent invoquée pour masquer les peurs et les incertitudes de la population face aux problèmes du chômage, du logement et de la cohésion sociale dans les pays d’accueil. La migration peut être également tenue pour responsable de la perte de capital humain et de la dépendance économique dans les pays d’origine » déclare le Directeur général de l’OIM, William Lacy Swing.

Le rapport soutient qu’un discours faussé sur la migration contribue à la propagation de sentiments anti-migrants, qui ont ressurgi depuis peu dans de nombreuses régions du monde.  Des préjugés négatifs, des attitudes discriminatoires, voire des manifestations de xénophobie sont réapparus dans les sociétés de destination, suscitant des controverses sur les avantages du multiculturalisme.

Cependant, le rapport ne prône pas pour autant un parti pris sans réserve sur les questions migratoires. Pour mener un débat ouvert sur la migration, il faut comprendre et affronter non seulement ce qui fait peur, mais aussi les attitudes négatives qui ressortent des enquêtes, afin d’apaiser l’hostilité publique.

« Le moyen d’action le plus important dans toute société confrontée à une diversité croissante consiste peut-être à largement diffuser des informations exactes sur la migration », ajoute M. Swing.

 

En analysant l’idée que se fait l’opinion des migrants et de la migration, le Rapport Etat de la migration dans le monde fait apparaître que, dans les pays de destination, la population a tendance à largement surestimer, parfois jusqu’à 300 %, la taille de la population migrante. En Italie, par exemple, le pourcentage de migrants se situait autour de 7 % en 2010. Or, les enquêtes ont montré que la population évaluait ce pourcentage à 25 %.

De même, aux Etats-Unis d’Amérique, certains sondages d’opinion ont révélé qu’en 2010, le public estimait à 39 % le pourcentage de migrants dans la population, alors qu’il se situait en réalité à 14 %. 

Le rapport relève que les mentalités face à la migration continuent d’être largement façonnées par le statut socioéconomique, l’âge et le niveau d’instruction des personnes interrogées, ainsi que par leur niveau de relations avec les migrants.

Selon un sondage d’opinion réalisé en 2009 en Allemagne, 60 % des jeunes considèrent qu’ils sont mieux disposés à l’égard de la migration parce qu’ils ont des contacts réguliers avec des migrants.

Les attitudes et les résultats d’enquête sont aussi influencés par les points de vue sur les possibilités d’emploi, et l’idée courante selon laquelle les migrants prennent le travail des nationaux et/ou mettent à rude épreuve les ressources d’un pays.

Or, le rapport signale que les sondages d’opinion sont parfois sujets à caution, leurs résultats reposant sur des suppositions erronées de ce qu’est ou n’est pas un migrant. Il souligne en outre que les enquêtes et les informations diffusées par les médias s’intéressent rarement aux employeurs et ne relaient guère leur opinion, alors même que ceux-ci sont aujourd’hui des acteurs clés sur la scène migratoire mondiale.

Le Rapport Etat de la migration dans le monde  fait valoir que l’on peut résoudre les questions posées par la composition fluctuante de nos sociétés et la diversité culturelle en intégrant celle-ci dans les grands médias, et en encourageant les migrants à recourir aux nouveaux médias sociaux pour nouer un dialogue régulier avec les sociétés d’accueil et d’origine.

« S’il est fondamental, pour garantir un débat éclairé sur la migration, que les médias diffusent des informations honnêtes et nuancées, il faut aussi donner aux migrants la possibilité de s’exprimer pour raconter leurs trajectoires. De la sorte, on les considèrerait tels qu’ils sont en réalité, à savoir les artisans de leur destin, alors que bien trop souvent, ils sont considérés comme des personnes passives, démunies et marginalisées », souligne le Directeur général, William Lacy Swing.

Il est absolument indispensable, selon le rapport, de bien communiquer sur la migration, car gérer les flux migratoires signifie aussi gérer la façon dont les migrants sont perçus dans la société.

Des initiatives telles que le projet Migrants in the Spotlight (Coup de projeteur sur les migrants) financé par la Commission européenne, qui a réuni des jeunes professionnels des médias et des migrants en République tchèque, en Hongrie, en Lettonie, en Lituanie, en Roumanie et en Slovaquie, permettent de se faire une idée des moyens à mettre en œuvre pour encourager un débat éclairé sur la migration. « Dans un monde toujours plus interconnecté comme le nôtre, il est de toute importance de bien communiquer sur la migration, afin de bien faire comprendre au plus grand nombre que la migration est tout à la fois une réalité et une nécessité. Gérée avec intelligence et dans le respect de la dignité humaine, la migration est aussi extrêmement souhaitable », indique William Lacy Swing.

Le rapport comprend en outre un aperçu des tendances migratoires et des principales questions de politique générale qui ont émergé en 2010-2011. En hommage au 60e anniversaire de l’OIM, une section spéciale jette un regard rétrospectif sur l’action menée par l’Organisation depuis sa création. Le tableau d’ensemble est complété par un aperçu statistique des programmes mis en œuvre par l’OIM au cours des dix dernières années.

 

Adresse du site : www.iom.int.

Texte du rapport (192 pages) (FR) http://publications.iom.int/bookstore/index.php?main_page=product_info&cPath=37&products_id=753&zenid=f838c3201667ef014e1754354073f6b5

(EN) http://www.iom.int/jahia/Jahia/media/news-releases/newsArticleEU/cache/offonce/lang/en?entryId=30986

Dossier de presse(FR) http://www.iom.int/jahia/Jahia/media/news-releases/newsArticleEU/cache/offonce/lang/fr?entryId=30986#presskit

   (EN) http://www.iom.int/jahia/Jahia/media/news-releases/newsArticleEU/cache/offonce/lang/en?entryId=30986#presskit

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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