Création d’un observatoire du pluralisme culturel et religieux (OPCR). La liberté religieuse devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

C’est une initiative inédite, à mi-chemin du religieux et du politique, au croisement du public et du privé. Un Observatoire du pluralisme culturel et religieux devrait être officiellement lancé en France au début du mois d’octobre. Pensé à l’origine par des responsables catholiques et protestants soucieux d’alerter l’opinion publique sur le sort des chrétiens d’Orient et du Nigeria, le projet a évolué.

L’ambition de l’équipe, également composée de responsables musulmans et juifs et présidée par l’éminente  juriste Mireille Delmas-Marty, membre de l’Institut, professeur au Collège de France est de montrer les « atteintes de plus en plus fréquentes et de plus en plus graves à la liberté de conscience, à la liberté d’expression et à la liberté religieuse à travers le monde et de favoriser l’émergence de sociétés pluralistes », selon les concepteurs du projet. Rappel er  ces objectifs, c’est aussi rappeler le contenu de contenu de la Charte européenne des droits fondamentaux. On a vu le Conseil des ministres de l’UE et le Parlement européen devenir plus sensible à cette problématique et l’évoquer dans l’enceinte officielle de  leurs travaux

Car si l’association a un statut privé, elle a bénéficié pour son lancement de l’aide financière du ministère des affaires étrangères français, qui a apporté une subvention de 200.000 euros sur un budget annuel estimé à 400.000 euros. Elle a aussi reçu le soutien du Sénat. Il veut s’inspirer en partie du rapport annuel du département d’Etat américain qui examine 198 pays en matière de liberté religieuse. Il est clair que toute initiative propre à la préservation et à la promotion du pluralisme des cultures et des religions, ne pourra que faire grandir la paix et la fraternité entre les hommes. C’est pourquoi Cette initiative rencontre aussi les préoccupations récurrentes de l’Union européenne, qui envisage de financer des associations à même d’informer sur la liberté religieuse à travers le monde. L’Observatoire français, qui espère être retenu et subventionné dans ce cadre, table aussi sur le mécénat pour compléter son budget. Pourtant les préoccupations de l’Union européenne n’ont pas reçu à ce jour une concrétisation visible. Pourtant les occasions ne manquent pas  faire décoller de tels projets : régulièrement à l’initiative de la Commission européenne, le Conseil et le Parlement européen rassemblent les dirigeants des communautés religieuses, de convictions, et autres organisations non confessionnelles. La Commission européenne entretien un dialogue ouvert, transparent et régulier avec toutes ces communautés. Le traité de Lisbonne, faut-il le rappeler, inscrit ce dialogue dans le droit primaire (article 17 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne ,TFTUE). Outre des séminaires réguliers avec les différents interlocuteurs, une rencontre annuelle de haut niveau est organisée avec les dirigeants des communautés religieuses et une autre avec les représentants des organisations philosophiques et non confessionnelles. La prochaine rencontre aura lieu le 12 juillet prochain et portera sur la solidarité intergénérationnelle et les défis démographiques à relever partout en Europe. Un des derniers séminaires organisés a été consacré précisément (le 30 MARS 2012) à « la liberté de religion, un droit fondamental dans un monde qui change rapidement ».

Sur le fond, il puise en partie son inspiration du rapport publié chaque année par le département d’Etat américain, qui passe à la loupe 198 pays en matière de liberté religieuse et dresse une liste des « pays particulièrement préoccupants ». Le dernier rapport a pointé la Corée du Nord, l?Iran ou la Russie. Mais ce travail n’oublie pas les démocraties comme la France ou l’Allemagne, régulièrement épinglées pour les restrictions imposées à l’expression publique des religions (avec notamment les situations liées au port du foulard islamique).

Si les promoteurs du projet, français, reconnaissent que les minorités chrétiennes dans les pays à majorité musulmane sont particulièrement visées par les atteintes à la liberté religieuse, ils tiennent à souligner le caractère « oecuménique et laïque » du projet, avec une préoccupation revendiquée pour « la défense des droits de l’homme en général ».  Il s’agit à la fois d’élargir la vision anglo-saxonne donnée par le département d’Etat sur cette question et de sortir de la vision uniquement chrétienne, relayée par des associations catholiques comme l’Aide à l’Eglise en détresse.

Ouvrir des chemins de paix dans une perspective œcuménique et interreligieuse tel est le thème dominant de la présentation de l’OPCR , le 6 février 2012

L’Observatoire du Pluralisme des Cultures et des Religions est un projet qui a germé au lendemain des nombreuses agressions subies par les chrétiens en Irak. Une mobilisation ocuménique, en 2008, a permis de sensibiliser l’opinion publique française autour de leur situation en Irak, au Proche et Moyen-Orient. Mais il a semblé alors qu’il ne fallait pas se focaliser sur les seuls chrétiens. C’est le pluralisme des cultures et des religions qu’il faut défendre aujourd’hui. S’est donc  constituée une Association qui réunit une grande diversité de personnes attachées à la défense de ce pluralisme. Le projet d’un observatoire en est issu, sous le nom d’Observatoire du Pluralisme des Cultures et des Religions au service des Droits de l’Homme(OPCR).

La création de cet Observatoire a été annoncée au Sénat mardi 31 janvier 2012. L’initiative en revient a des femmes et des hommes d’opinions, de convictions et de croyances diverses, tous soucieux des atteintes de plus en plus fréquentes et de plus en plus graves à la liberté de conscience, à la liberté d’expression, à la liberté religieuse, et tous désireux d’agir pour le respect des droits fondamentaux de la personne humaine, condition d’une paix mondiale véritable. Une seconde étape du processus de lancement interviendra dans la seconde quinzaine du mois de mai 2012. La constitution définitive de l’Observatoire, son organisation, ses méthodes de recueil et de traitement des observations et son site internet trilingue (anglais, français, arabe) seront présentés à la presse nationale et internationale à cette date en présence du Président et des membres du Conseil d’Administration et du Conseil d’Orientation.

Le cœur du site internet d’information sera constitué par les données recueillies et certifiées par l’Association et le réseau de correspondants qu’elle constituera et développera. S’agrégera un second niveau de données puisées auprès d’organisations similaires dont la fiabilité sera garantie. Enfin un troisième niveau de données permettra aux informations quotidiennes de venir compléter la situation, sans pour autant offrir la garantie d’objectivité de l’OPCR. Un tel site est appelé à devenir un précieux instrument pour les diplomates, les industriels, les associations, les responsables religieux ou les simples voyageurs qui y trouveront les informations nécessaires à une juste compréhension des données culturelles et religieuses des pays où ils voyageront et travailleront. Mais l’OPCR a aussi pour ambition qu’il soit plus encore un instrument au service des Droits de l’Homme et du respect du pluralisme des cultures et des religions.

 

 

Les fondateurs de l’OPCR ont souligné leurs motivations fondamentales :« La planète humaine vit des moments difficiles. La chute du mur de Berlin n’a pas apporté la paix mondiale espérée. A la guerre froide ont succédé une multitude de conflits de toutes natures et une montée dangereuse des terrorismes. Les crises, pétrolière, alimentaire, financière, culturelle, se sont multipliées. Parce qu’elle développe des inégalités grandissantes et parce qu’elle fait peur, la mondialisation peine à se faire humaine malgré les initiatives et les réalisations positives de beaucoup de personnes et de groupes sur tous les continents.

Dans ce contexte difficile, le pluralisme culturel et religieux, fondement majeur du vivre-ensemble mondial, est de moins en moins respecté en de nombreuses régions du monde. Ce non-respect se traduit par des atteintes de plus en plus fréquentes et de plus en plus graves à la liberté de conscience, à la liberté d’expression et à la liberté religieuse. Nous le voyons chaque jour, en Irak, en Inde, au Nigéria, en Chine, en Iran, en Egypte et en bien d’autres pays encore. Cette situation est indigne d’un monde qui se veut respectueux de chaque personne humaine quelles que soient ses convictions et ses croyances. Ne nous y trompons pas à terme, un tel mépris menace la paix du monde et donc l’avenir de nos enfants. Il devenait urgent de réagir. Il devenait impératif d’agir. La création de l’OPCR répond à ce besoin. »

La liberté religieuse devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU

 

Durant la XXe session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le 6 juillet à Genève, l’?observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies à Genève, Mgr Silvano Tomasi, s’y est exprimé à plusieurs reprises. Interrogé par Radio Vatican, il revient sur la question de la liberté religieuse, exprimant son inquiétude face à l’augmentation des violences commises contre les chrétiens. L’observateur du Saint-Siège a abordé des questions jugées importantes « pour le bien-être de plusieurs pays et de la communauté internationale » : parmi elles, le droit à l’éducation, la violence contre les femmes et la liberté religieuse. Des résolutions ont été adoptées concernant les droits de l’homme en Syrie, en Érythrée et en Biélorussie, indique Mgr Tomasi. Il a également été décidé d’envoyer dans ces pays des rapporteurs spéciaux pour que le Conseil des droits de l’homme puisse disposer d’informations valables à leur sujet, et prendre des décisions en conséquence.

Mgr Tomasi insiste sur l’urgence de la question de la liberté religieuse, dont il précise qu’elle comprend la liberté de croire, mais aussi celle de ne pas croire. Il souligne que le respect de cette liberté est fondamental pour pouvoir construire des communautés solides. Ce respect, facteur d’union, est selon lui une condition nécessaire pour le développement d’un pays. S’il n’est pas réel, il entraîne en effet une déstabilisation qui se manifeste par des crises répétées et des accès de violence, comme c’est le cas aujourd’hui au Nigeria et au Kenya, où les chrétiens sont la cible, depuis plusieurs mois, d’attentats islamistes. Mgr Tomasi s’inquiète de l’augmentation de l’hostilité envers les communautés chrétiennes dans le monde. Il affirme que les dérives dont elles sont victimes ne peuvent être que nuisibles pour la paix et la communauté internationales.

L’observateur permanent du Saint-Siège à Genève reconnaît aussi des avancées récentes en faveur de la liberté religieuse. Il évoque notamment la création à Rome d’un Observatoire sur la liberté religieuse : un observatoire laïc, dont le but est de promouvoir l’étude, l’analyse et la surveillance du respect de la liberté religieuse dans le monde. Cet observatoire est conçu comme un prolongement concret de la réflexion sur les droits relatifs à la liberté religieuse : il a pour objet « les mécanismes qui facilitent l’application de ces principes ». En définitive, insiste Mgr Tomasi, contre cette progression inquiétante des conflits intercommunautaires, il s’agit de « créer une mentalité favorable au maintien de la convivialité ».

 

      -. Bureau de l’Association pour le ‘Pluralisme des Cultures et des Religions : Président : Marc Stenger, évêque de Troyes. Vice-président : Jean-Arnold de Clermont, pasteur. Secrétaire : Jean-Claude Petit Trésorier : Gérard Testard

      -.Informations sur le dialogue que la Commission européenne entretient avec les Eglises, les communautés religieuses et les organisations philosophiques et non confessionnelles : http://ec.europa.eu/bepa/activities/outreach-team/dialogue/index_fr.htm

      -. La liberté de religion un droit fondamental dans un monde qui change rapidement

Aurel Ciobanu-Dordea freedom of religion in the context established by the treaty of Lisbon http://ec.europa.eu/bepa/pdf/seminars/ciobanu-dordea-freedomofreligion30march12.pdf

Speaking Points, current challenges for freedom of religion in the EU:http://ec.europa.eu/bepa/pdf/seminars/dimitrakopoulos-freedomofreligion30march12.pdf

      -. Interview de Mgr Tomasi par radio Vatican http://www.radiovaticana.org/FR1/articolo.asp?c=602900

   -. Dossier de Nea Say Liberté de pensée, de conscience et de religion http://www.eu-logos.org/eu-logos_nea-say.php?idr=4&idnl=124&lang=fra&lst=0&arch=0&nea=124&idssth=205

 

 

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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