Athènes critiquée pour la situation de ses immigrés. Les Nations Unies (UNHCR)s’inquiètent , Ampnesty International et Human Rights Watch également. Le Conseil de l’Europe sur la même ligne. Ce n’est pas nouveau !

Dans une Grèce meurtrie par la crise,le gouvernement de coalition dirigé par le premier ministre conservateur Antonis Samaras a baptisé du nom de « Xenios Zeus » (Zeus hospitalier) une opération d’arrestations et d’expulsions d’immigrés lancée le 2 août et qui se poursuit depuis. 12 455 personnes ont été interpellées, dont un peu plus de 2 000 ont été arrêtées. Environ 250 migrants ont été renvoyés vers leur pays d’origine.

L’opération fait des vagues. Elle a été dénoncée par des ONG, comme Amnesty International ou Human Rights Watch. Lors d’une visite à Athènes, jeudi 23 août, le représentant régional du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), Laurens Jolles, a alerté le ministre de la protection des citoyens, Nikos Dendias, sur « le risque que parmi les migrants arrêtés il puisse y avoir des personnes à protéger », risque accru par les défaillances de la procédure d’asile grecque. « C’est un phénomène qui a pris des dimensions inquiétants et semble être coordonné par des groupes et individus se prévalant d’agir au nom de la sécurité publique alors qu’en réalité ils menacent les institutions démocratiques »Il demande au ministre grec de « prendre des mesures pour lutter contre la hausse du nombre des attaques racistes, protéger les victimes et poursuivre en justice les auteurs et les instigateurs à la violence ».En l’absence d’une procédure adéquate d’octroi d’asile en Grèce, le UNHCR a demandé également de renforcer les mécanismes d’asile :  parmi les personnes arrêtées « il y a des personnes qui ont besoin de protection ». Trop souvent la police s’abstient de réagir

« Xenios Zeus » s’inscrit dans un contexte de vives tensions sur les questions d’immigration, marqué par le succès électoral d’un parti néofasciste, l’Aube dorée, qui affiche un langage et un comportement musclés à l’encontre des immigrés, et par la multiplication d’attaques subies par les étrangers. Le HCR n’est pas seul  à réagir : dix-neuf ONG ont dénoncé « le fait que les auteurs de telles attaques agissent sans être inquiétés ». Dans un rapport publié en juillet, HRW recense les attaques et met en évidence l’absence de réaction de la police, soupçonnée de protéger le parti Aube dorée. Une enquête de l’hebdomadaire To Vima a montré que ce parti réalisait des scores importants dans les bureaux de vote situés près des casernes de police.

Plusieurs milliers de travailleurs immigrés ont manifesté, vendredi 24 août, dans les rues d’Athènes, pour protester contre les violences dont ils ont été victimes. Le cortège, composé principalement d’hommes pakistanais. Ils  protestaient notamment contre l’attaque d’une mosquée au milieu du mois d’août, pendant le ramadan.

L’ouverture de centres de rétention est également source de conflits. Le gouvernement grec s’est plusieurs fois engagé à construire des centres de détention, pour lesquels il peut bénéficier de fonds européens, mais sans jamais tenir ses promesses. Les conditions de détention des immigrants en Grèce ont été dénoncées dans plusieurs rapports d’ONG, Nea say s’en est fait l’écho à plusieurs reprises. Ces opérations policières ne sont pas propres à la droite de Nouvelle Démocratie. L’ancien ministre socialiste de la protection des citoyens, Michalis Chryssohoïdis, avait lancé une opération de « nettoyage » du centre d’Athènes, peu avant le scrutin législatif du 6 mai. Son successeur, Nikos Dendias, a employé les grands moyens pour « Xenios Zeus ».

« Le problème de l’immigration est peut-être encore plus important que le problème économique », a estimé le ministre comparant « l’invasion des immigrés » à celle des Doriens, à la fin du deuxième millénaire avant Jésus-Christ. Le premier ministre, Antonis Samaras, se félicite de l’action de son ministre, qui reçoit le soutien d’une « vaste majorité de Grecs », tout en liant immigration clandestine et criminalité. M. Dendias s’est engagé devant le représentant du HCR à mettre en place une force spéciale contre les attaques racistes, qui s’attaquerait à ces brigades motorisées qui chassent et pourchassent les immigrés.

      -.  Human Rights Watch :Greece, Halt Mass MigrantRound-Ups http://www.hrw.org/news/2012/08/08/greece-halt-mass-migrant-round-ups

      -. Amnesty International: Greece must halt mass Police Crackdown on irregular migrants (EN) http://www.amnesty.org/en/news/greece-must-halt-mass-police-crackdown-on-irregular-migrants-2012-08-08 (FR) http://www.amnesty.org/fr/news/greece-must-halt-mass-police-crackdown-on-irregular-migrants-2012-08-08

      -. UNHCR: Greece racist violence http://www.unhcr.gr/fileadmin/Greece/News/2012/Racist_violence_DIKTYO_August2012_ENG.pdf

       -. Analyse de IRIN: nouvelles et analyses humanitaires du bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (FR) http://www.irinnews.org/fr/Report/96139/MIGRATION-Grèce-un-environnement-dangereux-pour-les-migrants

 

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

Laisser un commentaire