ROMS France : évacuations forcées dans des campements deux fois plus nombreuses qu’en 2012. Où est la cohérence d’une politique ? Un dossier inextricable gangréné par les manœuvres politiciennes. Un diagnostic décourageant.

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 Le gouvernement français a procédé en 2013 à 21.537 évacuations forcées de campements Roms, soit deux fois plus qu’en 2012, selon un rapport diffusé mardi par la Ligue des droits de l’homme (LDH) et l’European Roma Rights Center (ERRC).Les organisations estiment que ces évacuations forcées ont atteint des niveaux « injustifiables, inutiles et coûteux » et qu’elles sont l’expression d’une « politique de rejet » des Roms, qui a « empiré » sous la gauche. Cette information est à mettre en regard des articles de Nea say sur la politique d’intégration en France et ceux sur la libre circulation dans l’Union européenne : où est la cohérence dans tout cela ?En 2013, les autorités ont démantelé 165 campements sur les 400 recensés en France, expulsant 19.380 personnes, contre 9.404 en 2012 et 8.455 en 2011, selon le document. Le nombre total d’expulsions est supérieur car certaines personnes ont été déplacées à plusieurs reprises au cours de l’année. Le plus grand nombre d’évacuations forcées a été observé en Ile-de-France, comptant pour 57% de leur total, le record étant détenu par le département de Seine-Saint-Denis. Ailleurs, 39% des évacuations ont eu lieu dans les quatre régions du Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Aquitaine.

 Pour la LDH et ERRC, ces expulsions sont inutiles puisque les Roms « vivent toujours en France dans des campements qu’ils ont reconstruits un peu plus loin ». »Nous demandons une nouvelle fois l’arrêt immédiat de cette politique : les évacuations forcées ne peuvent se perpétuer au mépris des traités internationaux et européens », indique Dezideriu Gergely, directeur du ERRC. Pour Florian Philippot, vice-président du Front national, ce doublement des expulsions sera utilisé par le gouvernement « à des fins de communication alors qu’il traduit au contraire une très grande faiblesse. « Ce chiffre démontre que le gouvernement ne fait que déplacer en permanence le problème, à des fins purement médiatiques, au lieu de chercher à le traiter », écrit-il dans un communiqué.

Constatons que démantèlements et expulsions n’ont pas fait baisser le nombre des roms en France, plus faible que dans bien des pays européens, un chiffre qui reste stable , parallèlement la délinquance, essentiellement le fait des mineurs a explosé exacerbant l’opinion publique au plus haut degré.« Ces évacuations forcées sont l’expression d’une politique de rejet » des Roms, qui a « empiré » sous la gauche, déplorent les auteurs du rapport. « Les autorités ne souhaitent qu’une seule chose : leur retour dans leur pays d’origine. » Mais, soulignent-ils, cette politique, défendue par le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, est « injustifiable, coûteuse et inutile ». M. Valls a toujours défendu les démantèlements de campements roms, au motif que, selon lui, « les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie ». En septembre, il avait également mis en doute la volonté des Roms de s’intégrer ; ce qui avait provoqué une violente crise au sein du gouvernement. Pour ramener le calme, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait assuré que la politique du gouvernement était définie dans une circulaire interministérielle d’août 2012. Un préfet était désigné pour surveiller l’application de cette circulaire et au besoin l’humaniser.

Le but de ce texte était d’essayer de limiter les effets pervers des évacuations et de favoriser l’intégration sociale et professionnelle des Roms. Fruit d’une intense  concertation avec le monde associatif, la circulaire du 26 août 2012 prévoyait notamment de réaliser un « diagnostic » de la situation des familles avant l’expulsion et de les orienter ensuite au minimum vers des logements d’urgence en dur temporaires, comme l’exige le Code de l’action sociale. Mais ce texte se heurte à des difficultés peu nombreuses mais difficiles à surpasser, par exemple :

 -.d’un côté la mauvaise volonté d’un certain nombre de préfectures, mairies, ou autres acteurs institutionnels  sans parler du harcèlement policier;

 -.de l’autre, une difficile conciliation avec le souhait de beaucoup de Roms de plutôt rester dans des allers et retours avec leur pays d’origine que d’intégrer des programmes d’insertion longs et contraignants qui les obligent à cesser tous les petits trafics leur permettant de faire vivre leur famille ou de se construire une maison en Roumanie ou en Bulgarie.

 – . enfin beaucoup de communes, de départements ou de régions buttent, elles, sur des contraintes moins financières – l’Europe dispose de larges fonds pour participer à la mise en place de programmes d’aide aux Roms – qu’immobilières. Tous les relogements de Roms se font en effet aujourd’hui dans le parc social. Or celui-ci est à l’heure actuelle saturé dans beaucoup de villes, notamment en Ile-de-France, où se concentrent la plupart des Roms. Les relogements ne peuvent donc se faire qu’au compte-gouttes. Il faut ainsi parfois plusieurs années entre le moment où des familles sont repérées en état de précarité sur un terrain et le moment où les communes volontaristes parviennent à leur trouver un nouveau toit. N’oublions jamais qu’en dehors des roms, immigrés et réfugiés il existe en France (au bas mot) 150 000 SDF sans domicile fixe.

-. la question de l’insertion professionnelle est par ailleurs souvent délicate ; beaucoup de Roms n’ayant pas été scolarisés. Pour les plus jeunes, la découverte de l’école est aussi généralement un moment difficile  à gérer (c’est un euphémisme)pour les enseignants qui les accueillent. Le cas de Leonarda qui a fait la « une » de l’actualité est à cet égard illustratif, tout en n’étant pas un cas particulièrement grave ou compliqué et c’est le fait d’être tombé sous les feux de l’actualité qui a rendu la recherche d’une solution raisonnable si difficile.

Pour en savoir plus :

       – . Communiqué de presse de la ligue des droits de l’homme http://www.ldh-france.org/Evacuations-de-Roms-des-niveaux,5219.html

      -.Texte du rapporthttp://www.ldh-france.org/IMG/pdf/evacuations_forcees_2013.pdf

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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