Afrique et Europe résolues à renforcer leur partenariat pour la prospérité et la paix. Les migrations et la mobilité à l’ordre du jour.

Le Quatrième Sommet a établi sa feuille de route pour la période 1014-2017 avec notamment un plan en cinq points pour les migrations et la mobilité. La feuille de route comprend cinq objectifs prioritaires d’une stratégie commune : la paix et la sécurité ; la démocratie, la bonne gouvernance et les droits humains ; le développement humain et la croissance durables et inclusifs, et l’intégration continentale; les questions globales et émergentes, comme la lutte contre le changement climatique . 

De l’avis des participants le sommet a été fructueux en termes d’objectifs et de perspectives faisant incontestablement franchir une étape importante à leur partenariat malgré les conflits dévastateurs qui marquent encore beaucoup de pays africain : le taux de croissance moyen sera de 6% en 2014.

Est à souligner tout particulièrement le plan d’action en cinq points pour éviter que ne se reproduisent les drames de la migration tels que celui du 3 octobre dernier à Lampedusa qui avait causé la mort de 300 africains. En adoptant une déclaration spécifique sur la mobilité et la migration, l’UE et les pays africains se sont engagés « à lutter contre l’immigration illégale en promouvant une coopération efficace et complète pour éviter les conséquences dramatiques de la migration illégale et protéger la vie des migrants ». Ce plan d’action court jusqu’en 2017, date du prochain sommet. L’impact humain et social de la migration irrégulière devrait être contrecarré avec efficacité.

Concrètement le plan s’articule autour :

– de la lutte contre la traite des êtres humains (renforcement du partenariat et de la coopération en matière de prévention, de protection et de poursuite et de la lutte contre ceux qui profitent de toutes ces formes d’exploitation) ;

– de la coopération pour éviter les conséquences dramatiques de la migration illégale et protéger la vie des migrants (prévention, renforcement de la gestion des migrations et des frontières,lutte contre le trafic des migrants, retour et réadmission) ;

– du renforcement du lien entre le développement et les migrations ;

– de la promotion de la migration légale et de la mobilité ;

– du renforcement de la protection internationale « à travers la mise en oeuvre des instruments internationaux et régionaux en matière de protection des réfugiés, de demandeurs d’asile et de personnes déplacées à l’intérieur d’un même pays ».

 Le respect des droits de l’homme fondamentaux des migrants, indépendamment de leur statut juridique, constitue une question transversale de « notre coopération » souligne la déclaration en matière de conclusion.

 Ce qu’il faut retenir : l’UE semble vouloir renouer avec la pratique qui fut la sienne lors de la deuxième moitié de la décennie passée : des sommets accompagnés de déclarations ayant les apparences d’engagements d’où il n’est guère sorti des résultats tangibles et durables pouvant déboucher sur de nouvelles pratiques. Ce sera-t-il à nouveau le cas ? Par exemple le dernier sommet tenu en Libye en 2010 avait buté sur les réticences des africains à contrôler leurs frontières, à l’avenir y aura-t-il un changement réel des comportements ? On peut en douter. En contrepartie des efforts réclamés aux africains, l’UE a promis d’intensifier  les « efforts visant à réduire les coûts des envois de fonds par les immigrés à leur pays d’origine » « de promouvoir l’immigration légale et la mobilité » La réorientation par l’UE de son aide au développement en faveur de la formation et de l’emploi des jeunes(65% de la population africaine a moins de 35 ans et c’est dans ses rangs que se recrute la majorité des candidats au départ ) doit, espère-t-elle, freiner les aspirations à l’immigration.

 Les droits de l’homme sont également une source de tensions vives : menée par le premier ministre belge, l’UE a appelé les dirigeants africains à veiller au respect des droits des minorités y compris sexuelles alors que tous les pays africains (à l’exception notable de l’Afrique du sud) ont une législation anti- homosexuelle plus ou moins répressive. «  Prévenir de nouvelles barbaries comme les massacres Rwandais passe par l’éducation de jeunes à la tolérance et à la non-discrimination. » « Nous ne pouvons pas tolérer, où que ce soit, que certains soient privés de leurs droits et persécutés en raison de leurs origine, de leur orientation sexuelle, de leur religion, de leur conviction » a souligné le premier ministre belge . « Il y a encore trop d’hommes et de femmes dans le monde qui doivent se battre pour leur dignité et leurs libertés. Trop de minorités sont méprisées, trop de droits sont déniés ». Le président ougandais n’est pas seul dans sa croisade anti-homosexuelle, accompagné qu’il est par le président nigérian ou kenyan. Plusieurs pays européen ont dé jà annoncé le gel d’une partie de leur aide destinée à l’Ouganda notamment. La partie européenne souhaitait faire adopter une déclaration explicité comportant une référence au respect « de l’égalité des sexes et des droits des groupes les plus vulnérables, incluant ceux appartenant à des minorités », une mention assez vague qui disparu du projet final : reste un engagement à combattre toutes les formes de discrimination, de racisme, de xénophobie et tous les actes d’intolérance sur les deux continents ».

 La politique migratoire de l’UE reste trop lourdement handicapée par des difficultés qui vont croissantes : difficultés économiques, difficultés à maîtriser les flux migratoires aux frontières, dans un contexte vécu de façon anxiogène, la mondialisation, les élargissements successifs mal gérés, les craintes d’attaques terroristes, le vieillissement démographique. Les politiques migratoires de l’UE restent axées pour l’essentiel sur le contrôle des frontières extérieures, la lutte contre l’immigration irrégulière, l’accueil des demandeurs d’asile, la régulation de l’immigration légale et l’intégration des migrants. A cela s’ajoutent la domination des Etats membres soucieux avant tout de décider souverainement de qui peut entrer et séjourner sur leur territoire, une extrême diversité des politiques et pratiques nationales, des pays qui se sentent diversement concernés par les phénomènes migratoires et enfin une solidarité entre Etats membres qui trouve rapidement ses limites. Enfin des oppositions fortes de nature culturelle qu’on ne peut cacher ou minorer.

 Face à tant de handicaps structurels et de handicaps aussi anciens, la moindre déclaration commune doit être saluée comme une avancée qui a ses mérites.

 Henri-Pierre Legros

 Pour en savoir plus :

– Texte de la déclaration : (FR) / (EN

–  Intervention du président van Rompuy à l’issue du Sommet: (FR)

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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