Il n’y a jamais eu autant de réfugiés dans le monde, quelle place et rôle pour l’l’Europe ?

Les chiffre établis par le Rapport sur les tendances globales 2013 du HCR sont marquants : 51,2 millions de personnes sont déplacées dans le monde, 6 millions de plus qu’en 2012, soit 32 200 par jour -une toutes les 4 secondes-, le chiffre le plus élevé depuis le sortir de la Deuxième guerre mondiale, un pays hypothétique qui représenterait le 26ème en nombre d’habitants ! Pire : les enfants représentent la moitié de ces réfugiés.

Les causes, nombreuses et protéiformes, se mêlent : désastres naturels, conflits civils (Syrie, Mali, Centrafrique, RDC, Sud Soudan), violations des droits de l’homme, mais aussi explosion démographique, insécurité alimentaire. Cette multiplicité de facteurs nuance la distinction entre les migrants (qui cherchent une vie meilleure) et les réfugiés (qui fuient les conflits et les persécutions).

Le Haut Commissaire aux réfugiés, Antonió Guterres, souligne que ces chiffres correspondent à un « monde où la paix est dangereusement en déficit », notamment en raison de « l’incapacité de la communauté internationale à éviter les conflits et à trouver des solutions à ces conflits ». Il a rappelé que l’humanitaire ne constituait pas une solution, laquelle ne peut qu’être politique. Ces remarques font échos à la situation en Syrie dont 40% de la population est déplacée (2,5M ont fuit, 6,5M sont déplacés de l’intérieur).

Cette population est tout d’abord constituée des réfugiés (16,7 millions). Hormis les Palestiniens –qui font l’objet d’un programme spécifique des NU-, les principaux groupes sont les Afghans (2,56 millions), les Syriens (2,47M) et les Somalis (1,12M). Ces réfugiés se tournent le plus souvent vers les pays limitrophes (Pakistan, Iran, Liban, Jordanie, Turquie), dont le niveau de développement n’est souvent pas éloigné de leur pays d’origine (86% des réfugiés se trouvent dans un pays en développement), occasionnant des troubles sociaux et des difficultés d’approvisionnement. La situation du Liban, qui accueille 178 réfugiés pour 1000 habitant est à ce titre particulièrement critique.

Le second groupe est celui des demandeurs d’asile, lesquels sont moins nombreux (1,2M) et s’adressent davantage à des pays développés (Allemagne en tête). Les Syriens (64 300), la RDC (60 400) et la Birmanie (57 400) constituent les principaux pays d’origine. Enfin, le groupe le plus important et difficile à évaluer est celui des déplacés intérieurs (33,3M).

Face à cette situation, les organisations -en premier lieu le HCR- disposent de moyens largement insuffisants pour répondre aux multiples crises. L’organisation des NU pour l’alimentation a ainsi dû réduire ses rations dans les camps de réfugiés. La massification du phénomène laisse une place grandissante aux réseaux criminels qui exploitent la situation (trafics d’êtres humains, immigration illégale) sans que les Etats en développement ne disposent des outils suffisant pour y faire face.

Dans un rapport de mars (UNHCR Asylum Trends 2013), le HCR notait déjà que l’Europe a reçu 486 600 demandeurs d’asile, en augmentation de 32% par rapport à 2012. Bien que ces chiffres ne concordent pas avec ceux d’Eurostat publié jeudi dernier (voir notre article infra), ils indiquent une tendance inquiétante. Face aux défis considérables auxquels ils doivent faire face, les Etats membres ne sauraient trouver d’issue favorable s’ils ne font montre d’une solidarité accrue en matière d’asile.

Une note de l’Institut Jacques Delors élaborée par Corinne Balleix, (cf infra) en appelle d’ailleurs à une amélioration du traitement externalisé des demandes d’asile et à une révision du règlement Dublin pour introduire des critères de population ou de richesse du pays d’accueil dans la répartition des demandeurs d’asile.

  

 

Emmanuel Buttin

 

Pour en savoir plus

 

-. Document de la Commission sur le Wordl refugee day : http://ec.europa.eu/echo/news/2014/20140620_en.htm

 -. Vidéo synthétique du HCR : http://www.unhcr.org/cgi-bin/texis/vtx/home/do_inline_video_yt.html?comid=53a2e66e0

-. Policy Paper 114 du 19 juin 2014, « Contrôles aux frontières et droit d’asile : quel nouveau cap pour l’UE ? » : http://www.notre-europe.eu/011-19515-Controles-aux-frontieres-et-droit-d-asile-quel-nouveau-cap-pour-l-UE.html

 -.UNHCR Asylum Trends 2013 : http://www.refworld.org/docid/532c325c4.html

-. Rapport et article du HCR sur les tendances mondiales 2013 : http://www.unhcr.fr/53a2e37ac.html

 Notre article sur les chiffres de l’asile Européen d’Eurostat dans Nea say http://www.eu-logos.org/eu-logos_nea-say.php?idr=4&idnl=2431&nea=120&lang=fra&lst=0

 

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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