Amnesty s’alarme des dégâts humains causés par les politiques migratoires de l’UE

Dans son rapport portant sur The human cost of Fortress Europe : Human rights violations against migrants and refugees at Europe’s borders, Amnesty International s’insurge contre les dégâts humains liés au « verrouillage des frontières européennes ».

Le constat est clair : les frontières européennes sont de plus en plus fermées, au détriment de la sécurité des migrants et de la garantie du droit d’asile. Cette politique est non seulement sujette à caution du point de vue de son efficacité, mais également mise en cause pour son coût en vies humaines et les souffrances qu’elle impose à des populations déjà hautement vulnérable.

Les méthodes de surveillance et de cloisonnement (murs en Grèce, dans les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta) sont extrêmement onéreuses (l’UE a dépensé 2 milliards d’Euros entre 2007 et 2013 pour la protection des frontières externes) et imposent aux migrants des routes maritimes toujours plus dangereuses. Parallèlement, la constitution de zones tampons chez les voisins Méditerranées de l’UE (Maroc, Turquie, Libye) en contrepartie d’un soutien financier se fait au détriment d’une attention plus marquée sur les atteintes aux droits de l’homme.

Alors que, comme nous le notions il y a quelques semaines (cf. infra), il n’y a jamais eu autant de réfugiés depuis la Seconde guerre mondiale selon le HCR, l’Europe semble privilégier une vision sécuritaire de ses frontières plutôt que la solidarité face aux guerres et aux crises. Les autorités grecques sont à ce titre mises en cause pour avoir opérer un renvoi quasi-systématique et indifférencié de tous les candidats à l’immigration, sans accueillir de demandes d’asile, en violation des conventions internationales et du droit européen et au péril de la vie des migrants.

Or, selon Amnesty, la moitié des personnes cherchant à pénétrer en Europe sont des réfugiés, dont la majorité proviennent de Syrie, d’Afghanistan, d’Érythrée ou de Somalie. Dans son rapport paru le même jour, le Bureau européen d’appui en matière d’asile note une augmentation de 19% du nombre de demandes d’asile par rapport à 2013. Ce chiffre s’explique par l’augmentation rapide du nombre de demandeurs syriens, érythréens et ukrainiens, en dépit d’une baisse des demandes de citoyens russes.

Des d’amélioration doivent par conséquent être engagées. Amnesty salue d’ailleurs les progrès réalisés avec l’opération Mare Nostrum —initiée après la découverte de 400 candidats morts en mer le 3 octobre 2013— qui a permis de sauver 50 mille personnes. Cette opération doit inspirer les autres Etats membres. L’UE doit également mieux s’assurer que l’emploi de ses fonds, notamment dans les pays tiers, est conforme aux droits de l’homme.

Dans ce dossier, l’impulsion politique est déterminante pour amender des pratiques aux conséquences néfastes,durables. La présidence italienne, qui en a fait l’une de ses priorités stratégiques, est donc particulièrement attendue sur ce sujet.

Emmanuel Buttin

Pour en savoir plus :

-Rapport d’Amnesty (The human cost of Fortress Europe) : [EN]

-Le rapport de European Asylum Support Office sur les dernières tendances européennes : [EN]

Nos articles :

-Il n’y a jamais eu autant de réfugiés dans le monde, quelle place et rôle pour l’Europe ?: [FR]

-Hausse d’un tiers du nombre de réfugiés en Europe en 2013: [FR]

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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