Bateaux de migrants: que peut faire l’Europe pour éviter les drames? C’est grave, très grave ! C’est urgent, très urgent ! Demain ce sera pire.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que la Méditerranée est devenue un cimetière de migrants, le compteur d’une comptabilité macabre semble s’affoler et tourner de plus en plus vite. L’horrible d’aujourd’hui semble toujours devoir être surpassé demain par plus horrible encore . Dernier exemple : des chrétiens auraient été jetées à l’eau par des musulmans . Les témoignages et la police italienne parlent d’une quasi guerre de religion en pleine mer. C’est la première fois que nous avons connaissance de ce type de violences religieuses. Les risques, les affrontements physiques ont toujours existé mais jamais auparavant pour des motifs religieux. Face aux drames qui se succèdent, l’Europe déploie des opérations qui, de Mare Nostrum à Triton, ne semblent pas capables de résoudre le problème. Si les flux de migrants en provenance de pays enlisés dans des conflits armés, comme la Syrie ou la Libye, l’Erythrée et ailleurs sont en hausse, le problème vient surtout d’une crise de gouvernance au sein de l’Union européenne, nous avons rapporté ces derniers jours des déclarations de plus en plus nombreuses allant dans ce sens . Il est temps d’y mettre fin.

Ce ne serait pas la première fois que l’Europe peine à se mettre d’accord sur une politique extérieure commune. Encore balbutiante, la diplomatie à l’échelle européenne pourrait pourtant permettre de dialoguer avec les pays du pourtour méditerranéen. La diplomatie pourrait être utilisée pour trouver des accords migratoires. « Les partenariats pour la mobilité » rénovés et approfondis après les premières expériences pourraient constituer une partie de la solution. Dans certains Etats membres des déclarations ministérielles vont dans ce sens, mais l’idée d’une politique européenne de l’asile et de l’immigration fondamentalement modifiée est difficile à faire passer : on n’arrive pas à changer le discours autour de l’immigration perçue fortement de façon négative. C’est peut-être par là qu’il faudrait commencer : une contre propagande serait-elle la seule issue ? Quoi qu’il en soit, un fait de racisme violent et inhabituel s’est produit, les agresseurs ont été conduits en prison par les carabiniers sous « l’accusation d’homicides multiples, aggravés par la haine religieuse » rapporte la presse italienne. Les agresseurs sont de confession musulmane, originaires du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal ; leurs victimes étaient de foi chrétienne, venues du Ghana et du Niger. Les récits des rescapés sont horribles.

Un problème européen ? Certainement .Plusieurs organisations internationales et humanitaires somment l’Union européenne de réagir et d’en faire plus pour éviter de nouveaux drames. Mais plutôt que de dénoncer une fois de plus, essayons de cerner au plus prés les responsabilités des uns et des autres, de prendre conscience de la situation réelle avec toute l’acuité possible : il n’y a plus de place pour tergiverser. La situation est grave et elle va empirer dans les prochaines semaines et les prochains mois en raison de l’amélioration des conditions climatiques et de l’instabilité croissante et durable dans les pays voisins a déclaré en substance le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas. Sa collègue, Natasha Bertaud, l’a relayé : la Commission ne peut pas tout faire toute seule. Elle n’a pas les moyens, tous les moyens qui permettraient de résoudre tous les problèmes d’un seul coup. Notamment elle n’a pas les financements ni le soutien politique pour créer un système européen de gardes-frontières. (cf . l’article de Fioranza Pandolfo).Les propositions qu’elle va remettre très bientôt va peut-être se révéler comme l’élément déclencheur, les émotions publiques aidant, qui va permettre de mener à bien ce qui n’a pu être réalisé jusqu’à maintenant. L’UE va-t-elle, enfin, consentir à associer fortement les pays tiers, pays de départ et pays de transit. On perçoit un sursaut allant dans ce sens. Le temps presse

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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