Face au choc des enfants migrants , l’UNICEF appelle l’Europe à faire preuve d’humanité et rappelle ses 10 recommandations

Le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Anthony Lake, a appelé jeudi 4 septembre les Etats européens à ne pas perdre de vue le caractère profondément humain de la crise actuelle. Dans un communiqué de presse rendu public à New York, M. Lake a déploré les « images déchirantes de corps d’enfants échoués sur les rivages européens… étendus asphyxiés à l’arrière de camions franchissant les frontières… hissés au-dessus de barbelés par des parents désespérés ». A mesure que la crise des migrants et des réfugiés en Europe s’aggrave, ce ne seront pas les dernières images choquantes à inonder les médias sociaux du monde entier, les écrans de télévision et les pages des journaux, a-t-il ajouté.

« Mais que le monde soit choqué par ces images ne suffit pas. Le choc doit se traduire par l’action », a appelé le Directeur exécutif. « Parce que le sort de ces enfants n’est ni le fruit d’un choix, ni entre leurs mains propres, ils ont besoin d’être protégés ; ils ont le droit d’être protégés », a affirmé M. Lake.

Le Directeur exécutif a par conséquent énuméré quatre mesures devant, selon lui, être prises par les Etats européens : protéger ces enfants en leur faisant bénéficier de services de base (santé, alimentation, soutien affectif et éducation) et d’un logement convenable permettant de garder les familles de migrants et réfugiés sous un même toit ; déployer un nombre suffisant de spécialistes de la protection de l’enfance formés pour aider les enfants et leurs familles ; continuer les opérations de recherche et de sauvetage, non seulement en mer, mais aussi sur la terre, et accomplir tous les efforts possibles pour éviter les abus et l’exploitation des enfants migrants et réfugiés ; et prioriser l’intérêt des enfants dans toutes les décisions prises les concernant, notamment en matière d’asile.

« Nos pensées vont aujourd’hui aux familles qui ont perdu des enfants au large des côtes, sur les rives et le long des routes de l’Europe. Alors que les débats sur les politiques à mener se poursuivent, nous ne devons jamais perdre de vue le caractère profondément humain de cette crise », a exhorté M. Lake. Le Directeur exécutif de l’UNICEF a ajouté qu’au moins un quart des personnes qui cherchent refuge en Europe sont des enfants, dont 106.000 ont demandé l’asile au cours du premier semestre 2015. « Et nous ne devons jamais oublier ce qui se cache derrière tant d’histoires de familles cherchant refuge en Europe : de terribles conflits comme celui en cours en Syrie, qui a déjà contraint environ 2 millions d’enfants à fuir leur pays », a rappelé M. Lake. « Seule la fin de ces conflits pourra mettre un terme à tant de misère ». Ban Ki-moon appelle l’Europe à étendre les voies de migration légale

En se basant sur le principe absolu de « l’intérêt supérieur de l’enfant », l’UNICEF propose à la à l’Union européenne un plan en 10 points qui devrait les guider dans la protection des enfants migrants. Parce que les enfants migrants sont d’abord des enfants !

Les enfants migrants tombent souvent dans les failles des lois, politiques et pratiques des systèmes de protection. Ils sont confrontés à un accès limité à la justice, à l’éducation et aux soins de santé. Ils peuvent être soumis à la détention, à la déportation, aux expulsions collectives ou à des pratiques de contrôle des frontières qui peuvent mettre leur vie en danger.

  1. En toute circonstance, reconnaître toujours et avant tout les enfants migrants comme étant des enfants, comme le stipule la Convention internationale des droits de l’enfant.

 

  1. Appliquer la législation et les politiques existantes pour sauvegarder et protéger les droits des enfants affectés par la migration, y compris une évaluation permanente des directives et stratégies de l’Union européenne relatives à la traite, avec une attention spéciale sur la prévention, la réduction de la demande et les poursuites à l’encontre de ceux qui exploitent et abusent des victimes mineures.

 

  1. Dans toutes leurs décisions, les autorités doivent se baser sur la Convention internationale des droits de l’enfant : l’intérêt supérieur de l’enfant doit guider toutes les décisions relatives à la protection internationale, à l’octroi ou non de permis de séjour, aux transferts ou au retour.

 

  1. Protéger les enfants migrants en renforçant les systèmes nationaux intégrés de protection de l’enfant, en prenant des décisions au niveau de l’Union européenne pour développer des standards de protection et répondre aux besoins de protection transfrontaliers comme proposé dans les recommandations de la Commission Integrated Child Protection Systems.

 

  1. Les enfants ne doivent pas être placés dans des centres de détention ni être séparés de leur famille pour des motifs de migration.

 

  1. Dans les opérations de recherche et de sauvetage, il faut soutenir le droit maritime international et la coutume de sauver et de protéger des vies.

 

  1. À tout moment pendant et après les opérations de recherche et de sauvetage, les enfants et les femmes enceintes doivent recevoir une attention et des soins particuliers.

 

  1. Tous les enfants – quel que soit leur statut légal ou celui de leurs parents – doivent bénéficier d’un accès équitable à une éducation de qualité, à des soins de santé – y compris de santé mentale – à la protection sociale et judiciaire.

 

  1. Tous les enfants doivent bénéficier d’une protection sans la moindre discrimination basée sur la nationalité, la résidence, le statut migratoire ou la race, d’eux-mêmes ou de leurs parents.

 

  1. Investir dans l’éradication des causes profondes de l’émigration dans une approche globale qui inclue la réduction du risque, la réponse d’urgence et le développement.

Que fait l’UNICEF ?UNICEF travaille actuellement avec les ONG et les responsables politiques sur le renforcement des systèmes de protection concernant les enfants migrants (qu’ils soient accompagnés ou non-accompagnés), afin que ces enfants reçoivent un traitement égal indépendamment de leur origine, que leurs droits soient pleinement respectés et que l’on tienne compte de l’intérêt supérieur de l’enfant dans les politiques migratoires.

UNICEF réalise aussi des analyses de situation dans les pays d’origine des enfants migrants qui arrivent en Europe pour engager les décideurs à protéger les droits de tous les enfants migrants, peu importe leur statut migratoire.

Pour en savoir plus :

Convention internationale des droits de l’enfant http://www.unicef.be/fr/a-propos-unicef/notre-inspiration/les-droits-de-lenfant/

 

 

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

Laisser un commentaire