L’Europe fragilisée par le non des néerlandais ? Disons avec plus de certitude que l’attitudes des élus, des politiques et des citoyens européens a été médiocre face à ce référendum.

Où mène ce nouvel usage de la démocratie directe en Europe qui en soi est une bonne chose et offre des possibilités ? Il n’a pas apporté une plus grande légitimité aux décisions politiques. Au lieu de donner du pouvoir aux citoyens, leurs voix ont été utilisées, confisquées dans les référendums populistes pour conserver le pouvoir ou briser le consensus existant à l’égard de la politique européenne.

Aucune réplique n’a été apportée aux affirmations outrancières, faussetés et mensonges. Une campagne d’une exceptionnelle médiocrité. C’est l’abstention des citoyens dans la campagne comme dans le vote qui est à l’origine de tout. Dés lors il est inutile de se couvrir la tête de cendres et à bien réfléchir, le dégât n’est pas si grand à considérer les résultats eux-mêmes et les conséquences concrètes immédiates. Mais c’est un désastre si l’on considère l’abstention et la démission collective et majoritaire de ceux qui ne sont ni eurosceptiques, europhobes ou populistes ou souverainistes.

Citoyens européens ressaisissez vous et portez la réplique !

Un bref retour sur ce référendum. Une consultation purement indicative le résultat ne liant pas le gouvernement. La question posée( approuvez-vous l’accord d’association avec l’Ukraine ?)n’a quasiment pas été abordée car elle n’intéressait personne. Portant elle aurait permis de démontrer que cet accord n’avait pas pour but l’adhésion à l’Union argument avancé par les partisans du Non. Le sujet de l’Ukraine n’a pas été discuté, sauf celui, bien évidemment, la libéralisation de l’attribution des visas aux Ukrainiens, une occasion en or pour déverser sa bile sur l’immigration, voire l’élargissement, pourtant nulle ment à l’ordre du jour. Ce référendum n’est que le révélateur d’une humeur, d’une méfiance à l’égard de l’Europe, ce que tout le monde sait. C’aurait pu être une occasion de clarification, de modification de la perception au cours des débats. L’occasion n’a pas été saisie. Le sera-t-elle ? Rien n’est moins assuré à l’avenir .Ce fut avant tout un piège, une magnifique occasion de voter contre l’Europe, « ils » ne l’ont pas ratée ! Les partis europhobes ont désormais à leur disposition un instrument de chantage efficace, le référendum.

Priorité des priorités, la réforme de l’Union qui doit procéder à une redistribution des pouvoirs et conduire à l’émergence d’une architecture capable de répondre à deux défis que le référendum néerlandais vient de souligner cruellement : la création d’un leadership politique (une personne, une institution) plus clairement identifiable, plus légitime et plus responsable d’une part et d’autre part le renforcement de la légitimité démocratique des décisions européennes par les parlements nationaux et le Parlement européen permettant aux Européens de se saisir politiquement et démocratiquement des enjeux. Parlement européen ce la semble évident, parlements nationaux cela semble moins évident mais le désintérêt des élus nationaux pour l’Europe est tragique et leur absence d’implication conduit directement à des désastres du type de celui du référendum néerlandais. En 2015, le rapport « compléter l’Union économique et monétaire européenne (dit rapport des 5 présidents s’inscrit dans cette logique, il faut s’en féliciter mais comme le souligne Thierry Chopin dans un excellent article(1) il reste incomplet concernant le problème de la légitimité démocratique. La création d’un Demos européen et son animation restent encore aujourd’hui des objectifs insaisissables.

Postscriptum : et maintenant ?

Pas de décision néerlandaise dans l’immédiat avant la tenue le 23 juin du référendum au Royaume-Uni sur son appartenance à l’Union européenne. C’est ce que le premier ministre Rutte a déclaré sur la base des premiers signaux reçus de ses partenaires européens. Pour lui, seul un débat public à Bruxelles (il est bien temps…) pourrait mener à des conclusions politiques l’objectif étant de parvenir à une solution avant l’été.

(1)    (« Zone euro, légitimité et démocratie : comment répondre au problème démocratique européen » http://www.robert-schuman.eu/fr/doc/questions-d-europe/qe-387-fr.pdf )

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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