Réfugiés : à nouveau 500 naufragés ont péri, des centaines de milliers d’autres en attente en Libye. Rien n’est réglé et l’Europe doit faire plus.

Autre vérité : l’Europe va devoir vivre longtemps avec une massive poussée migratoire venue du sud avec les tragédies qui l’accompagnent ponctuant la déjà longue histoire de la migration venue de l’ensemble du Continent africain : de la Corne de l’Afrique à l’Afrique de l’ouest en passant par l’Afrique Sahélienne. Ce mouvement migratoire va se poursuivre et probablement s’accentuer. Il est moins lié à la guerre qu’à la misère et à l’explosion démographique sans précédent que connait l’Afrique et pose à l’Europe un problème majeur. Rien ne semble devoir arrêter ces jeunes femmes et ces jeunes hommes souvent parmi les plus entreprenants. Aucune solution n’est à la portée d’un ou de quelques pays C’est à l’UE dans son ensemble de tenter de maitriser avec les pays africains, ce flux migratoire. C’est contre les causes profondes de la migration irrégulière en Afrique qu’il faut centrer son action : plusieurs sommets furent consacrés à la lutte contre les causes profondes. A ce jour sans grand résultat.

La conférence de la Valette et le fonds fiduciaire d’urgence de l’UE donne une nouvelle chance, la dernière ?

Le président Juncker lance le fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour lutter contre les causes profondes de la migration irrégulière en Afrique. C’est un peu la dernière chance : les citoyens européens devraient s’approprier cet énorme enjeu. A eux de se regrouper pour   parrainer les différents projets : surveiller leur mise en ouvre quant à leur délais de lancement et de réalisation, mesurer les résultats, la promotion auprès des populations concernées. C’est une garantie supplémentaire de succès. Les procédures administratives et bureaucratiques qui ont leurs mérites interviennent trop tard. L’appropriation du projet par les personnes directement concernées est essentielle. L’Europe ne peut pas continuer à voir sa vie politique être prise en otage par la crise migratoire qui en devient l’élément structurant majeur au détriment des autres problèmes si important pour son avenir.

Le président de la Commission européenne a lancé en novembre dernier avec des États membres de l’UE et d’autres donateurs européens, le fonds fiduciaire d’urgence de l’UE en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et les personnes déplacées en Afrique.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ainsi que plusieurs chefs d’État européens, ont lancé à La Valette le fonds fiduciaire d’urgence de l’UE en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et les personnes déplacées en Afrique.

A cette occasion, le président Juncker a fait la déclaration suivante: «Par sa coopération de longue date en faveur du développement, l’UE a apporté une contribution substantielle à la lutte contre les causes profondes de la pauvreté et de la migration irrégulière. Nous franchissons aujourd’hui une nouvelle étape. Ce fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique, mis sur pied en un temps record, montre une fois de plus combien l’UE est déterminée à relever rapidement les défis de taille auxquels nous sommes confrontés dans la région. Pour y parvenir, nous devons collaborer avec les autres pays européens et avec les pays partenaires d’Afrique pour lutter contre les causes profondes de la migration irrégulière et pour améliorer les perspectives économiques et promouvoir l’égalité des chances, la sécurité et le développement. Pour que le fonds fiduciaire pour l’Afrique et notre réponse soient crédibles, je veux voir davantage d’États membres apporter leur contribution pour s’aligner sur l’enveloppe de 1,8 milliard d’EUR débloquée par l’UE.»

Le fonds fiduciaire d’urgence dispose de 1,8 milliard d’Euros provenant des instruments de financement de l’Union européenne, ainsi que des contributions d’États membres de l’UE et d’autres donateurs. À ce jour, 25 États membres de l’UE et 2 pays tiers (Norvège et Suisse) ont annoncé qu’ils fourniraient au total quelque 81,3 millions d’EUR. Le fonds fiduciaire d’urgence est une manière innovante pour l’UE de renforcer sa réponse collective aux défis actuels sur le terrain et il constitue un outil complémentaire à la coopération au développement que l’UE apporte déjà dans la région pour aider les pays africains les plus fragiles et les plus vulnérables. Il représente un outil important pour la bonne mise en œuvre du plan d’action adopté au sommet de La Valette et il profitera à la région du Sahel, au bassin du lac Tchad, à la Corne de l’Afrique et à l’Afrique du Nord. Prises conjointement, ces régions comptent les principales routes migratoires africaines vers l’Europe. Leurs voisins peuvent aussi profiter des projets du fonds fiduciaire pour faire face aux flux migratoires régionaux et relever les défis transfrontaliers qui y sont liés.

Contexte : sommet de La Valette sur la migration

La migration est depuis longtemps un volet important des relations entre l’UE et l’Afrique. Pour lutter contre les causes profondes de la migration, l’UE et ses États membres consacrent déjà chaque année plus de 20 milliards d’EUR d’aide publique au développement (APD) à l’Afrique. L’actuelle crise des réfugiés a toutefois montré que l’heure est venue d’accroître cette coopération entre l’Europe et l’Afrique, sur la base du partenariat et de la responsabilité partagée. Les deux continents ont en commun la volonté d’améliorer la gestion de la migration.

Le plan d’action destiné à renforcer la coopération sur la migration prévoit notamment des actions concrètes pour:

  • maximiser les effets positifs de la migration sur le développement et lutter contre les causes profondes du phénomène migratoire;
  • mieux organiser les canaux légaux de migration et de mobilité;
  • garantir la protection internationale des migrants et des demandeurs d’asile;
  • intensifier la lutte contre les réseaux criminels actifs dans le trafic de migrants et la traite des êtres humains;
  • renforcer notre coopération sur le retour et la réadmission.
  • mettre         l’accent sur la création d’emplois notamment pour les jeunes et la réinsertion économique des groupes vulnérables.

A ce jour (avril 2016) concrètement qu’est ce qui   est engagé ?

  • Dans la région du lac Tchad et des zones affectés par les terroristes de Boko Haram, huit projets pour 118 millions pour renforcer la résilience des personnes déplacées , des femmes et la prévention et la gestion des conflits.
  • Dans la région du Sahel. Deux actions de 30 millions pour les populations les plus vulnérables et l’insertion socio économiques des femmes du Burkina Faso ; Trois actions de 63 millions ciblés sur les régions d’origine des migrants du Sénégal et Mauritanie pour prévenir les migrations irrégulières et favoriser les retours ; Deux actions de 37 millions dans les zones de transit du Niger pour développer des activités rémunératrices des migrants et des populations locales ; Une action de 6 millions pour la mise en place d’une équipe d’enquête au Niger pour lutter contre les réseaux de trafic des migrants et la traite d’êtres humains ; Une action régionale de 5 millions pour renforcer les capacités de lutte contre le crime organisé, les trafics et le terrorisme dans la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ; Une action de 3 millions pour protéger l’enfance migrante en Mauritanie ; Une action de 6 millions pour renforcer l’engagement de la diaspora malienne en Europe ; Une action de 10 millions pour accompagner la mise en œuvre de l’accord de paix au nord Mali.

Au total 280 millions pour lutter contre les causes profondes des migrations illégales.

Ce n’est qu’un début !mais saluons le comme tel sans perdre de vue que nous sommes dans un phénomène structurel et que l’on continue de penser et d’agir en termes de crises conjoncturelles, alors qu’il faut donner une réponse politique structurée pour le moyen terme au lieu d’être dans la   gestion de crise et la réaction aux évènements. Cette crise de la pensée illustre la faillite du destin collectif européen. Or si L’Europe ne peut apporter une réponse commune à la plus grave crise humanitaire depuis la seconde guerre mondiale, sur quoi donc peut-elle avoir à l’avenir une politique commune crédible ?

Des gouvernements prisonniers de leurs opinions publiques ? ou n’ont-ils pas su convaincre leurs citoyens de l’urgence et de la gravité de la situation. Clairement on est confronté à un manque absolu de courage politique, c’est-à-dire que le politique renonce à sa mission et à ce qu’elle a de plus noble. En se plaçant à la remorque de l’opinion publique, il renonce à convaincre les esprits pour une solution qu’il estime juste. Y a-t-il une faillite morale plus grave ?

Pour de plus amples informations

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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