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L’UE face au Coronavirus : vers une remise en question du système politique et économique ?

Depuis que l’Europe, et désormais un tiers de la population mondiale, est en confinement total, on ne parle plus que du Covid-19. A raison bien sûr, mais la surexposition médiatique et politique de cette crise engendre un nombre impressionnant de fake news et autres interprétations malhonnêtes. Il s’agit ainsi de faire un état des lieux objectif de la situation, en analysant la gestion de crise de l’Union européenne (UE) et la réaction des différents États membres. En ces temps difficiles, la solidarité n’est pas de mise qu’entre les citoyens, elle doit impérativement l’être entre les pays de l’UE, et il a bien été constaté que ça n’a pas été toujours le cas. Cet échec, dans les premières semaines de la crise, a donc alimenté le discours de tous les détracteurs de l’UE, mais aussi de ses fervents défenseurs, tels que l’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors. Il est ainsi nécessaire, dans ce type de conjoncture, de savoir reconnaitre les erreurs commises, afin de repartir sur de nouvelles bases. Si l’UE joue la carte du « repli nationaliste » comme on l’a constaté auparavant, il ne faudra pas s’étonner du retour de bâton. Toutefois, il est impératif de concentrer tous les efforts pour renforcer cette solidarité européenne, trop peu existante, et qui ne peut être que bénéfique aux États membres et à l’image de l’UE. 

Cet article n’a pas pour but de prendre position, de critiquer ou d’encenser la gestion de la crise par l’Union Européenne, car cela viendra en temps et en heure. De plus, il n’est pas propice de se quereller futilement dans une période de crise aussi intense. La fin de l’épidémie et la reprise du cours normal des choses sonneront l’heure du bilan, où l’on pourra déterminer les aspects positifs et négatifs de cette gestion de crise. En revanche, il me parait plus intéressant de réfléchir dès maintenant à l’après-crise. Cette dernière a mis en lumière de nombreuses défaillances dans nos systèmes politiques et économiques, reconnues par de nombreux décideurs politiques européens. Une crise est toujours suivie d’une période de remise en question, et celle-ci doit nous aider à envisager l’avenir dans un espace européen qui prend en compte l’avis de tous ses citoyens, et qui revient sur cette doctrine néo-libérale qui le fait courir à son éclatement. Le modèle économique dominant en Europe est déjà de plus en plus contesté ; il le sera encore plus à la fin de la crise, après avoir démontré que la mondialisation libérale est dans une impasse.

Enfin, si cette épidémie ne peut pas être directement reliée aux questions environnementales, elle peut nous aider à nous sensibiliser pour la suite des évènements. Selon certaines études scientifiques, le virus proviendrait de l’animal le plus braconné au monde, le pangolin, ce qui est révélateur. En effet, la fragilité constatée des systèmes économiques et politiques, ajoutée aux mesures de confinement, peut nous faire réfléchir sur notre avenir : veut-on d’un avenir où la consommation est toujours le maître-mot, ou au contraire d’une société où l’humain, la nature et les traditions seront remis au centre des attentions ? Les décideurs commencent déjà à parler de relocalisation, ou de refondation des systèmes de production. Il reste désormais à savoir si ces annonces de crise auront un réel impact sur l’avenir de l’Union.

  • La nécessaire solidarité entre États membres

Le 28 mars 2020, l’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, a lâché un pavé dans la mare. Il a estimé que le manque de solidarité entre les pays européens vis-à-vis de l’épidémie faisait « courir un danger mortel à l’Union européenne »(1). Une telle déclaration venant d’une personnalité européenne aussi reconnue ne peut que faire réagir les responsables. Cependant, on peut entendre cette assertion à profusion depuis le début de la crise de la part de groupes politiques eurosceptiques, pas vraiment sur la même ligne que Mr. Delors. La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a par exemple surfé sur cette vague, en affirmant que l’UE serait la première victime du coronavirus.(2) Toutefois, ces accusations, même si elles peuvent être fondées, sont uniquement politiciennes et ne se calquent que  sur l’idéologie du RN, qui est la fermeture des frontières et de l’espace Schengen. Il s’agit alors de comprendre pourquoi cette accusation de non-solidarité est au bord de toutes les lèvres.

Tout d’abord, au niveau des mesures concrètes prises par chaque État membre, il y a eu un décalage considérable. Chaque pays est entré en confinement à une semaine, deux semaines, voire trois semaines d’écart, ce qui a pu accélérer la propagation du virus. Le premier à être entré en confinement le 9 mars est bien sûr l’Italie, qui fut fortement affectée par un foyer de contagion dans le nord du pays. Suivirent, pour l’Europe occidentale, l’Espagne le 14 mars, le Portugal en confinement partiel le 16 mars, la France le 17 mars (très progressivement), la Belgique le 18 mars, et enfin le Royaume-Uni le 23 mars, après avoir refusé d’établir de telles mesures et compté sur « l’immunité collective ». L’Allemagne et les Pays-Bas, quant à eux, n’ont toujours pas mis en place des mesures de confinement, en comptant sur le dépistage massif et la mise en quarantaine uniquement des personnes infectées (3), mais de nombreux lieux publics et les établissements scolaires sont fermés. La Suède a également une approche singulière de la gestion de crise, car aucune mesure de confinement n’a été prise et les lieux publics et établissements scolaires sont encore ouverts. Un grand taux d’absentéisme a ainsi été constaté par peur de l’épidémie, ce qui a été condamné par le gouvernement. Ce dernier commence ainsi tout juste à réfléchir à une loi d’urgence, qui serait néanmoins très mal reçue par la population. De plus, le système politique suédois décentralisé ne permet pas une réaction politique immédiate qui contraindrait les libertés individuelles (4). Une situation qui peut être donc préoccupante pour ses voisins scandinaves, qui sont en confinement.

Encore une fois, il ne s’agit pas de critiquer l’un ou l’autre, ou de dire si une mesure est meilleure que l’autre. En revanche, un constat est facile à faire : il n’y a eu aucune coopération européenne pour chercher et trouver des mesures collectives, ce qui aurait pu être bien plus efficace. Le fait de ne pas remettre en cause l’espace Schengen pendant la crise, alors que certains pays limitrophes ne sont pas en quarantaine, parait effectivement absurde. La Belgique est en confinement depuis le 18 mars, mais les Pays-Bas n’ont toujours pas pris de mesures, et il est toujours possible pour les Belges et les Néerlandais de prendre un train pour Bruxelles ou Amsterdam. Ce manque, non pas de solidarité, mais de coordination dans cet espace européen qui est censé avoir des politiques communes, ne peut qu’être négatif pour son image. Toutefois, les États membres ont aussi une forte responsabilité individuelle, car peu nombreux sont ceux qui ont voulu s’asseoir à la table des négociations pour agir de concert. La rapidité de propagation du virus, et la gestion de crise dans l’urgence absolue, peuvent expliquer cet empressement qui a empêché de prendre des mesures collectives.

Par ailleurs, l’épidémie de Covid-19 risque d’entrainer la planète dans une grave crise économique et financière, notamment à cause des mesures de confinement. Le premier pays à avoir expérimenté cet affolement sur les marchés financiers est l’Italie. Déjà fragilisée par un taux de chômage élevé et une forte dette, l’Italie avait besoin d’une aide matérielle et financière, que pouvait lui apporter l’UE. 

La Banque Centrale Européenne (BCE) était donc attendue au tournant, car les marchés financiers ont été habitués (avec son ancien directeur Mario Draghi) à une politique de relance économique à travers la baisse, parfois drastique (0%), des taux directeurs. La nouvelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, a tenu une conférence de presse le 12 mars afin de clarifier la marche à suivre (5). Néanmoins, par son refus de baisser les taux intérêts et son ton qu’on peut qualifier d’abrupt lorsqu’elle évoque la dette italienne, cet exercice de communication fut un échec, et très mal reçu en Italie. Selon le ministre italien du développement économique, Stefano Patuanelli, c’est en partie ces annonces qui auraient provoqué la chute vertigineuse la bourse de Milan (-16.92%)(6). Près d’une semaine plus tard, la BCE annonçait le déblocage de 750 milliards d’euros dans le cadre du Pandemic Emergency Purchase Programme (PEPP), une somme supérieure aux 500 milliards proposés par la Federal Reserve américaine (FED). Cet argent devrait servir à soutenir les États et les entreprises en rachetant massivement leur dette.(7)

Pourtant, nombreux sont ceux qui considèrent que ça ne sera pas assez, et que la BCE, ou l’UE  en général, n’ont pas à prendre l’ensemble de la charge financière. Les pays les plus touchés par l’épidémie – la France, l’Italie et l’Espagne – ont formulé une demande auprès du président du Conseil européen, Charles Michel, afin d’émettre ce qui a été appelé des Coronabonds. Ces derniers constituent une façon de mutualiser la dette publique des pays européens. Cependant, l’Allemagne et les Pays-Bas s’y opposent, invoquant notamment le respect de l’orthodoxie budgétaire. Les pays du sud ont pourtant abandonné l’idée de respecter les critères de Maastricht cette année, et le pacte de stabilité et de croissance a été suspendu le 20 mars.(8) Le président français, Emmanuel Macron, avait de toute façon remis en cause la règle des 3%, estimant qu’elle « est d’un autre siècle »(9). La crainte principale des pays du nord est la « frénésie dépensière » des pays du sud, qui pourrait augmenter si l’ensemble des États membres émettaient des coronabonds.(10) Le ministre des finances néerlandais a même demandé une enquête de la Commission pour comprendre pourquoi certains pays du sud n’avaient pas les moyens financiers de faire face à la crise. Cela a créé une vague d’indignation, poussant le Premier ministre portugais, Antonio Costa, à qualifier publiquement cette attitude de « répugnante », et « contraire aux principes de l’Union européenne »(11). Ce climat n’est donc pas très adapté à la coopération. Quelques jours plus tard, le gouvernement néerlandais reconnaissait le manque d’empathie des pays riches du nord à l’égard de leurs voisins du sud.(12) Pour résumer, il est nécessaire de reconnaitre que l’UE a gravement manqué à certaines de ses prérogatives, notamment de soutenir ses États membres en difficulté. L’Italie et les Italiens ont ressenti un fort sentiment d’abandon et de mépris, et cette tâche risque d’être indélébile si l’UE ne se reprend pas en main pendant cette crise. 

Par ailleurs, certaines politiques libérales menées par l’UE ces dernières années ont un effet très négatif pour la gestion de crise actuelle. Pour n’en citer qu’une, l’eurodéputé Martin Schirdewan du groupe de la Gauche unitaire européenne,  a déclaré que la Commission européenne avait demandé à 63 reprises (entre 2011 et 2018) aux États membres de réduire leur budget en matière de santé publique et de privatiser certains secteurs du milieu médical.(13) Il parait aujourd’hui évident que l’UE doit revenir sur ces mesures qui prouvent aujourd’hui leur inefficacité et leur absurdité. 

Malgré tous ces éléments négatifs qui démontrent une certaine impuissance collective, il est nécessaire de rappeler les éléments positifs à l’actif de l’UE. Comme évoqué plus haut, un grand apport financier a été finalement débloqué par la BCE pour aider les pays les plus en difficultés. Il existe aussi une solidarité entre certains pays, qui accueillent des malades étrangers dans leurs propres hôpitaux, tels que les patients mulhousiens emmenés par hélicoptère au Luxembourg.(14) La France avait fait de même avec l’Italie quelques semaines plus tôt. Après un étrange cafouillage qui avait conduit les autorités tchèques à réquisitionner 680 000 masques chinois à destination de l’Italie, ces dernières ont finalement envoyé 10 000 combinaisons médicales de protection en Espagne et en Italie.(15) Même si ces éléments peuvent paraitre anecdotiques, ils démontrent qu’il existe bel et bien une solidarité européenne, et des personnes qui ont réellement à cœur d’aider leurs voisins européens. Il s’agirait ainsi de généraliser cette solidarité, qui ne montre que trop peu son existence. 

La solidarité internationale s’est également manifestée, notamment de la part de la Chine, de la Russie et même de Cuba. La Chine, qui n’a pas oublié que l’UE avait envoyé de l’aide au début de l’épidémie, a fourni beaucoup de matériel médical en Europe, que l’UE a d’ailleurs transféré à l’Italie qui en avait plus besoin que les autres.(16) Par ailleurs, des médecins cubains (dont le pays possède un des systèmes de santé des plus efficaces au monde) ont été envoyés en renfort dans les territoires d’Outre-mer français et en Lombardie.(17)

Néanmoins, la question de « l’ingérence médicale » se pose, car ce sont des pays « non-occidentaux » qui volent au secours de la « pauvre » Union européenne. Le grand absent de cette solidarité internationale est bien sûr les États-Unis, qui ont habitué leurs alliés à de l’aide matérielle et financière en temps de crise. Toutefois, cela n’a pas été le cas pour cette épidémie, même quand le continent américain n’était pas encore touché. Il a même été révelé qu’une cargaison de masques chinois à destination de la France a été rachetée « sur le tarmac » par les américains.(18) Cela a donc laissé une marge de manœuvre à la Chine et à la Russie pour abattre leurs cartes en Europe, en livrant une grande quantité de matériel médical. 

Un soutien matériel européen avait bien été accordé à la Chine en janvier dernier, dont la population chinoise n’a pas été mise au courant de sa provenance afin de ne pas affaiblir l’image de l’Empire du Milieu. Ainsi, la secrétaire d’État française aux affaires européennes, Amélie de Montchalin, a accusé la Chine « d’instrumentaliser » et « mettre en scène » son aide envers l’UE (19). Même si effectivement, faisant fi de toute naïveté, ces actes ne sont pas complètement désintéressés, il n’est pas de bon ton de critiquer une aide internationale, quelle que soit sa provenance, surtout en cette période. Ces questions pourront être posées après la crise, étant donné la conjoncture actuelle. Pourrait-on expliquer à un patient dans un hôpital qu’il ne peut pas avoir de respirateur, parce que l’Europe ne voulait pas paraitre faible face à la Chine ? Évidemment, cela est totalement absurde. En cette période, nous devons réfléchir en termes sanitaires, et non pas en termes géopolitiques.

  • Une réforme en profondeur de l’UE après la crise ?

Pour déterminer avec précision ce qu’il va se passer après la pandémie, il faudrait consulter un oracle. En revanche, il est possible de réfléchir sur l’approche à adopter après la crise, en termes médicaux et sanitaires, mais aussi en termes économiques et sociaux. Au vu des bouleversements actuels et de la difficulté des États européens à gérer la crise, il est raisonnable de dire que la mondialisation économique voulue par l’UE n’a pas du tout servi la gestion de la crise. Les lignes de production ont montré leurs défaillances, et il est important de repartir sur de meilleures bases après la crise. 

Pour donner un exemple simple et frappant, la France est un grand producteur de produits pharmaceutiques dans le monde. Le pays devrait en théorie ne pas manquer de médicaments pour combattre l’épidémie. Pourtant, il n’existe plus de production de paracétamol en France et en Europe depuis 2008, et 60% de la production mondiale se trouve en Chine. Si l’ensemble des usines chinoises venaient à fermer, la production française de Doliprane pourrait être sévèrement impactée. L’Académie Nationale de Pharmacie a donc plaidé pour une relocalisation de la production des matières premières pharmaceutiques, expliquant que « la maîtrise de la fabrication des matières premières à usage pharmaceutique est devenue un enjeu stratégique national et européen »(20). Nous parlons ici de la production pharmaceutique, mais cette fragilité liée à l’interdépendance et à la mondialisation, concerne de nombreux autres secteurs (agriculture et alimentation, énergie…)

De nombreux responsables politiques européens ont donc pris la parole pour plaider un changement de système productif après l’épidémie, afin d’être moins vulnérable face à ce type de catastrophe. Emmanuel Macron s’est beaucoup exprimé sur Twitter, notamment par ce tweet très représentatif : « Il nous faut rebâtir notre souveraineté nationale et européenne. C’est ce que nous faisons en ce moment sur les produits de première nécessité pour cette crise et c’est ce que nous continuerons à faire le jour d’après. » Le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, a annoncé par une vague formule qu’il fallait instaurer un « nouveau capitalisme, plus respectueux des personnes », également sur Twitter. Le Premier ministre portugais a aussi pris position en ce sens : il a annoncé que l’Europe devait réinventer son système de production, afin d’assurer une chaîne d’approvisionnement plus courte, locale, et sûre. (21)

Il est donc impératif que l’UE donne des gages de bonne volonté pour aller en ce sens, par des mesures symboliques. Par exemple, le passage à la 5G, est un projet très controversé auprès de la société civile, car il suppose un envoi massif de satellites dans l’espace et un flux d’ondes très important sur terre. Pourtant, le déploiement de ce nouveau système est en cours en Belgique, en plein milieu de la pandémie, ce qui est révoltant.(22) L’UE est déjà revenue sur sa directive qui permettait les vols d’avions sans passagers. Pourquoi donc ne pas revenir sur ce déploiement absurde d’ondes, même si les intérêts financiers qui sont derrière sont importants. Cela enverrait un signal fort. 

Enfin, il est important d’envisager l’après-crise à travers le prisme écologique. Lorsque certaines personnalités ont pris la parole pour établir une corrélation entre l’épidémie et la crise écologique, ou une nécessité de changer de modèle après la crise, nous avons assisté à une levée de boucliers de la part des milieux industriels et de certains milieux politiques, comme s’il était indécent de parler d’écologie pendant une crise. Il n’est certes pas de bon ton d’en profiter comme d’une occasion morbide pour se faire entendre. Toutefois, ce n’est absolument pas le but. Au contraire, il s’agit de tirer de précieux enseignements d’une pandémie qui aura démontré les failles du modèle libéral, encore doctrine officielle de la quasi-intégralité des gouvernements européens. De plus, le confinement des citoyens européens aura permis en toute vraisemblance une réflexion sur nos modes de vie, qui sont amenés à changer. Le retour des oiseaux et des animaux dans certains espaces urbains et ruraux nous a aussi fait réaliser à quel point notre impact sur l’environnement est important, et qu’il s’agit de le réduire le plus possible. 

Il est ainsi parfaitement normal que l’UE poursuive son programme de transition énergétique. « Alors que la Commission se focalise dans l’immédiat sur la lutte contre le coronavirus, nous poursuivons nos travaux préparatoires sur les priorités politiques à long terme, y compris le Green deal européen », a déclaré la Commission afin de clarifier la poursuite des politiques environnementales entreprises par l’UE.(23) Les mesures d’urgence prises par l’UE en réponse au Coronavirus doivent donc être reliées aux problématiques environnementales, et certaines sont applicables dès maintenant. De plus, la question environementale est désormais considérée comme un enjeu majeur par un très grand nombre de citoyens européens, comme l’ont montré les résultats des élections de 2019. Il ne s’agirait donc pas de décevoir la planète, mais aussi un électorat qui attend beaucoup des actes de la Commission, pour satisfaire tel lobby ou telle entreprise, sous prétexte que nous traversons une crise grave. 

Conclusion 

En ces temps de crise, l’UE fait ainsi office de coupable idéal, et cela favorise les discours europhobes. Il est vrai que de nombreux dysfonctionnements ont été observés, et parfois un cruel manque de solidarité entre certains États membres. Pourtant, et cela devrait être évident, la responsabilité de la propagation du virus n’incombe pas seulement aux décisions de l’UE, mais aussi aux différentes politiques des décideurs européens. La France, par exemple, est vivement critiquée sur sa gestion interne de l’épidémie. En effet, au début du mois de mars, les ministres et reponsables de la santé publique rassuraient les citoyens, affirmant qu’ils pourraient continuer à faire la fête. Les mesures néerlandaises, suédoises ou allemandes, contraires à celles de leurs voisins, ont pu également aggraver l’épidémie. L’UE ne peut donc pas être attaquée sur ce terrain, car elle n’a aucun pouvoir de coercition pour imposer des mesures de confinement par exemple. Mais elle se trouve dans une nécessité impérieuse de se réformer en profondeur. En revanche, il ne faut surtout pas, à mon sens, attiser les dissensions qui existent avec les pays ou les partis eurosceptiques. Amélie de Montchalin disait dans une interview que : « Notre Europe c’est celle de l’action, de la solidarité. Et si certains n’en veulent pas, il se posera la question de leur place, de ce qu’on doit encore faire à 27, et c’est une question existentielle, fondamentale ». Ceci est un exemple de ce qu’il ne faut pas déclarer pendant une période de crise, c’est-à-dire exacerber les tensions en menaçant les pays, qui, en temps normal, ralentissent le processus décisionnel européen. Au contraire, les échecs de l’UE face à cette crise doivent lui permettre de se remettre en question, afin de mieux intégrer les citoyens de tout bord, et de penser un nouveau système plus résilient et respectueux de l’environement. Le fait que l’UE poursuive son Green Deal est un signe encourageant. Désormais, afin de répondre à l’appel alarmant de Mr. Delors, il est impératif de démontrer une solidarité sans faille où chaque État répond de son prochain, afin de ne pas assister, dans les années qui viennent, à un délitement de l’UE. 

Léon de Tombeur


1 https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-un-danger-mortel-pour-lunion-europeenne-avertit-jacques-delors_3890543.html

2 https://www.huffingtonpost.fr/entry/coronavirus-pour-le-pen-lue-est-le-premier-mort-de-lepidemie_fr_5e7f7a4ec5b6256a7a2bad47

3 https://www.liberation.fr/planete/2020/03/29/en-allemagne-ne-pas-courir-derriere-le-virus_1783518

4 https://www.liberation.fr/planete/2020/04/06/contre-le-coronavirus-la-suede-a-reculons-vers-une-loi-d-urgence_1784324

5 https://www.lalibre.be/economie/conjoncture/coronavirus-la-bce-et-lagarde-sous-le-feu-des-critiques-5e6ba3a8f20d5a29c65f5566

6 Ibid. 

7 https://fr.euronews.com/2020/03/19/la-banque-centrale-europeenne-debloque-750-milliards-d-euros-pour-soutenir-la-zone-euro

8 https://www.liberation.fr/planete/2020/03/23/le-coronavirus-a-eu-la-peau-du-pacte-de-stabilite-de-l-ue_1782833

9 https://www.franceinter.fr/emissions/histoires-politiques/histoires-politiques-06-fevrier-2020

10 https://www.bloomberg.com/opinion/articles/2020-03-30/coronavirus-coronabonds-are-inevitable-everybody-knows-it

11 https://www.euractiv.fr/section/lactu-en-capitales/news/portugal-slams-dutch-finance-minister-for-repugnant-comments/

12 https://www.rtbf.be/info/monde/detail_coronavirus-en-europe-les-pays-bas-n-ont-pas-ete-assez-empathiques-envers-l-europe-meridionale-admet-hoekstra?id=10472093

13 https://www.humanite.fr/la-commission-europeenne-demande-63-fois-aux-etats-de-reduire-les-depenses-de-sante-denonce-687250

14 https://www.wort.lu/fr/luxembourg/un-septieme-patient-francais-en-route-vers-le-luxembourg-5e7b7ed4da2cc1784e359dc3

15 https://www.nato.int/cps/en/natohq/news_174623.htm

16 https://www.euractiv.fr/section/sante-modes-de-vie/news/eu-allocates-chinese-aid-to-italy-to-fight-against-the-pandemic/

17 http://www.rfi.fr/fr/france/20200331-coronavirus-la-france-accepte-m%C3%A9decins-cubains-d%C3%A9partements-doutre-mer

18 https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-des-masques-commandes-par-la-france-rachetes-sur-le-tarmac-par-les-americains_3895897.html

19 https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/afp/en-europe-la-route-de-la-soie-de-la-sante-fait-grincer-des-dents-5e826202d8ad5816319053a6

20 https://www.lalibre.be/planete/sante/le-coronavirus-risque-d-impacter-l-approvisionnement-de-medicaments-en-europe-5e4558af9978e276b671a6d5

21 https://www.euractiv.fr/section/lactu-en-capitales/news/portugal-slams-dutch-finance-minister-for-repugnant-comments/

22 https://www.lalibre.be/debats/opinions/le-deploiement-de-la-5g-a-l-heure-du-covid-19-passage-par-la-strategie-du-choc-5e85c2879978e22841423b00

23 https://www.euractiv.fr/section/climat/news/eu-presses-on-with-2030-climate-planning/

Léon De Tombeur

Diplômé en Histoire à la Sorbonne et en Relations Internationales à Lyon III, je me suis notamment intéressé à la politique internationale de l’Union européenne. Animé par un désir de contribuer à l’Europe afin de la rendre plus sociale et respectueuse de l’environnement, je me suis rendu à Bruxelles afin de travailler de concert avec les institutions européennes. Ma spécialisation tend davantage vers le domaine de la défense et de la sécurité, j’ai réalisé mon mémoire de fin d’études sur le futur de la défense anti-missile du continent européen. C’est pourquoi j’ai choisi le portefeuille de la coopération judiciaire et policière.

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