Les musulmans font l’objet de discriminations importantes nous dit l’Agence européenne des droits fondamentaux de l’UE

Les musulmans font l’objet d’une importante discrimination en Europe, particulièrement dans le domaine de l’emploi, mais nombre ne signalent pas les incidents à caractère raciste dont ils sont victimes par manque de confiance envers les autorités, révèle une enquête rendue publique jeudi par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA).


D’après ce rapport qui couvre 14 des Etats membres de l’Union, un tiers des musulmans en moyenne qui ont été interrogés ont subi une discrimination au cours des 12 derniers mois et 11% ont été victimes d’un crime raciste. Le taux de discrimination le plus élevé est constaté dans le domaine de l’emploi, un fait qualifié de « préoccupant » par le directeur de l’agence Morten Kjaerum. « Elément essentiel du processus d’intégration », l’emploi « est au centre des contributions des migrants à la société et joue un rôle crucial pour la visibilité de ces contributions », observe M. Kjaerum, en soulignant qu’une « discrimination peut entraver le processus d’intégration ».

Reste qu’à l’image d’autres groupes minoritaires, la plupart des musulmans interrogés (79%) ne déclarent pas les discriminations ou les crimes racistes dont ils sont victimes, que ce soit aux forces de police ou à une organisation non gouvernementale. Un comportement que la FRA explique notamment par un « manque de confiance dans les autorités publiques ». Cinquante-neuf pour cent des musulmans interrogés déclarent que « la déclaration des incidents n’a aucun effet ou ne change rien » et 38% d’entre eux disent que « cela arrive tout le temps » et qu’ils ne font pas l’effort de déclarer ces incidents.

En particulier, les jeunes musulmans interrogés précisent qu’ils font peu confiance à la police en tant que service public. Les personnes moins susceptibles de signaler les cas de discrimination étant celles qui n’ont pas la citoyenneté du pays et celles qui y vivent depuis le moins longtemps. Un quart des musulmans interrogés (25%) en moyenne affirment par ailleurs avoir été contrôlés par la police durant les 12 derniers mois. Et parmi eux, rapporte la FRA, 40% estiment avoir été contrôlés sur la base de leur appartenance ethnique.

De la même façon, la majorité des musulmans interrogés expliquant avoir subi une discrimination au cours des 12 derniers mois considèrent que leur origine ethnique constituait le principal motif de discrimination, seuls 10% jugeant que cette discrimination n’avait pour base que leur religion. En fait, souligne la FRA dans un communiqué, « le port d’un vêtement traditionnel ou religieux (un voile, par exemple) ne semble pas augmenter la probabilité de discrimination ».

Notant que les « autorités publiques ont la responsabilité de soutenir le processus d’intégration », Morten Kjaerum souligne que « ceci comprend le fait d’informer les gens de leurs droits ». « Des mécanismes réellement accessibles sont nécessaires, qui permettent aux victimes de racisme de les déclarer en toute confiance », dit-il. L’Agence invite ainsi les gouvernements de l’UE à expliquer aux personnes « comment porter plainte », à « améliorer l’enregistrement des crimes racistes et des actes de discrimination et à allouer, entre autres mesures, « davantage de ressources » à des dispositifs d’intégration.

Le rapport rendu public par la FRA s’inscrit dans le cadre de la première enquête jamais réalisée à l’échelle de l’UE sur la discrimination et les crimes racistes dont sont victimes les immigrés et les minorités ethniques.

Cette enquête représentative a été réalisée par GALLUP pour le compte de l’agence en 2008: 23.500 personnes appartenant à des minorités ethniques ou d’origine immigrée ont été interrogées. Le rapport sur les musulmans couvre 14 pays de l’UE (Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Allemagne, Finlande, France, Italie, Luxembourg, Malte, Slovénie, Espagne, Suède et Pays-Bas); 24% des musulmans interrogées sont nés dans le pays européen où ils résident et 52% d’entre eux y vivent depuis plus de dix ans.

Ce rapport succède à celui concernant les ROMS dont Nea say a rendu compte dans le numéro 66. Texte complet du rapport  (EN)

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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