You are currently viewing Rassurer et Relancer : le partenariat avec l’ASEAN

Rassurer et Relancer : le partenariat avec l’ASEAN

L’ASEAN est l’une des associations asiatiques les plus avancées dans cette région du monde. Précédée par l’organisation appelée Association of Southeast Asia (ASA), une alliance entre les Philippines,la Malaisie etla Thaïlande formée en 1961,la Déclaration créant officiellement l’association vit le jour le 8 août 1967 et comptait alors cinq pays (l’Indonésie,la Malaisie, les Philippines, Singapour etla Thaïlande). Brunei en 1984 puis le Vietnam en 1995, le Laos et le Myanmar en 1997 et enfin le Cambodge en 1999 rejoignirent l’Association pour porter à dix le nombre total de membres – en attendant peut être l’entrée du Timor Oriental courant2012. A ses débuts, l’Association avait essentiellement pour but de se protéger de la menace communiste venue de Chine et de l’invasion problématique dela Guerre Froide en Asie du Sud-est via le conflit vietnamien. Le moyen de lutter contre la subversion communiste fut de se développer économiquement et socialement et non d’y répondre militairement. Aujourd’hui, bien que le contexte ait changé, l’objectif principal reste le même, celui de construire une zone économique viable en faisant de l’ASEAN un outil de renforcement de la coopération et de l’assistance mutuelle entre ses membres ainsi qu’un espace pour régler les problèmes régionaux.

            Plusieurs forums de discussion existent entre les pays de l’Asie Pacifique et l’Union Européenne (UE) sur des sujets très divers (droits de l’Homme, développement durable…) et notamment via la relation entre l’UE et l’ASEAN. Si l’ASEAN n’entend pas s’intégrer comme l’UE, elle a néanmoins accepté de dialoguer avec celle-ci. C’est ainsi qu’en2003 aété conçu un « cadre stratégique pour renforcer les relations de partenariat Europe-Asie » (2). Cette stratégie a l’ambition de mettre l’accent sur six points importants :

  • renforcer l’engagement de l’UE auprès de l’Asie dans le domaine politique et en matière de sécurité;
  • intensifier les relations commerciales et les flux d’investissement réciproques ;
  • contribuer efficacement à réduire la pauvreté dans la région asiatique;
  • promouvoir le respect des droits de l’homme, la démocratie, la bonne gouvernance et l’État de droit;
  • nouer des alliances mondiales avec les principaux partenaires d’Asie (pour relever les défis mondiaux et au sein des organisations internationales);
  • encourager une meilleure connaissance réciproque de l’UE et de l’Asie.

Rencontre régionale avec l’ASEAN pour signatures d’accord bilatéral : The 2012 ASEAN – EU Business Summit et l’ouverture des négociations avec le Vietnam

    C’est dans ce cadre que s’organise depuis l’année dernière les sommets commerciaux UE-ASEAN. La première édition se déroula à Djakarta le 2 mai 2011 et apparaissait comme « un signal fort montrant l’intérêt principal des deux ensembles régionaux lorsqu’il est question de renforcer les liens économiques» d’après le Commissaire Européen au commerce Karel De Gucht. Ce dernier est revenu en Asie, cette fois-ci à Phnom Penh (capitale du Cambodge, pays à la tête de l’ASEAN en 2012) pour représenter l’UE lors de The 2012 ASEAN – EU Business Summit le 1er avril dernier. Pendant une journée, de nombreux international business leaders ont échangé afin de parvenir à de meilleures ententes dans quatre domaines, l’agro-business, la logistique et les infrastructures, les produits manufacturés (dont l’automobile) et les services (services financiers et assurances notamment). Le partenariat dit « renforcé » par ces discussions, est rendu nécessaire par le poids qu’ont pris aujourd’hui les pays asiatiques dans l’économie mondiale. Les pays de l’ASEAN représentent ainsi le troisième partenaire commercial de l’UE et, selon le Commissaire, leurs échanges commerciaux annuels ont atteint 233,73 milliards de dollars en 2011. Cette rencontre avait ainsi pour but de montrer tout l’intérêt que l’UE portait à cette région dynamique qu’est l’Asie : « En Europe, nous savons que dans le futur, 90% de la croissance économique du monde se fera en dehors de nos frontières. Et une importante proportion de cette croissance se réalisera au sein de l’ASEAN » estime le Commissaire européen dans son discours de clôture. Et de rassurer les investisseurs asiatiques sur la bonne santé de l’économie européenne malgré la crise : « Laissez-moi vous rassurer. Il n’y a pas de doute que l’Europe fait face à de nombreux défis en ce moment. Mais l’Europe, dans son ensemble, fait beaucoup plus que ce que vous pouvez penser ».

Si ces rencontres régionales demeurent des forums de discussion importants et des cadres généraux d’action, les accords de libre-échange se déroulent de manière bilatérale, pays par pays. Ces rencontres sont ainsi l’occasion de conclure avec des parties particulières des accords qui ne sont pas possible de réaliser avec la région entière (à cause du cas dela Birmaniemais également du fait même de la diversité de l’ASEAN qui ne peut prétendre à réaliser des accords uniques pour l’ensemble de ses parties). Ainsi, en 2010, des négociations sur un accord de libre-échange avaient été entamées avec Singapour etla Malaisie. En2011, de telles négociations avaient été ouvertes avec le pays hôte du Sommet, l’Indonésie. En 2012, c’est avec le Vietnam que l’UE a entrepris de discuter en vue d’ouvrir des négociations commerciales. Plusieurs domaines ont été abordés comme  « la suppression des droits à l’importation, les échanges de services, les barrières non tarifaires au commerce (telles que les entraves techniques ou les réglementations en matière de denrées alimentaires) et les aspects commerciaux des règles relatives à la propriété intellectuelle et à la concurrence ». Ces discussions prendront certainement du temps et ne pourront commencer qu’entre « juillet et septembre » estime le Commissaire Karel De Gucht, après quela Commissionait reçu un mandat de négociation des Etats membres.

 

Depuis  que les États membres de l’UE ont, en décembre 2009, donné leur feu vert àla Commission Européennepour poursuivre les négociations en vue de conclure un Accord de Libre Echange (ALE) sur une base bilatérale avec certains pays de l’ASEAN, ces rencontres favorisant les liens entre entrepreneurs permettent, à leur marge, d’établir une discussion sur un partenariat commercial à plus long terme.

 

 

Concrétiser les bonnes volontés au Sommet de l’Asie de l’est l’année prochaine

Le dialogue a continué entre les deux régions le 27 avril 2012 lors de la 19ème réunion ministérielle ASEAN-UE qui se tenait à Brunei. Cette fois-ci, c’étaitla Haut Représentante de l’Union pour les Affaires Etrangères etla Politique de Sécurité‎, Madame Catherine Ashton, qui représentait l’Union Européenne, montrant par là que l’Union Européenne entendait être unie et traiter de façon globale de sa relation avec l’ASEAN. L’UE estime qu’elle a son rôle à jouer dans l’intégration de l’ASEAN dont la prochaine étape sera un Traité d’Amitié et de Coopération de l’ASEAN, qui interdira aux signataires de recourir à la violence pour résoudre les conflits dans la région. Pour ce faire, l’UE espère dialoguer plus profondément avec la région Asie Pacifique : « L’Union européenne veut devenir un acteur actif et constructif du régionalisme asiatique, notamment en participant au Sommet de l’Asie de l’est (SAE) » (5). Un plan de coopération a été établi qui traite notamment de sécurité (énergétique, maritime, de la non-prolifération des armes de destruction massive ainsi que du respect des droits de l’homme).

L’UE espère parvenir à amener un climat propice aux investissements économiques mais également aider à l’intégration des pays de cette région (dans ce nouveau programme, une ligne budgétaire est prévue pour les « objectifs d’intégration régionale » et l’UE aidera l’ASEAN à hauteur de 20 millions d’euros) afin, à terme, de pouvoir négocier avec la région dans son entier.

Notes de bas de page :

(1)   On peut en citer d’autres : ASEM (Dialogue Asie-Europe) ; APEC (Coopération économique pour l’Asie Pacifique) ; ASEAN-Australia-New Zealand Free Trade Agreement (AANZFTA) ; Conseil de Coopération du Golfe(une organisation régionale regroupant six États arabes du golfe Persique : l’Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar) Communaute des Etats Independants–CEI: Une Entité intergouvernementale composée de 11 des 15 anciennes républiques soviétiques. Association sud-asiatique pour la coopération régionale — ASACR (en anglais, South Asian Association for Regional Co- Operation, SAARC).

(2)   Communication de la Commissionau Conseil, du 4 septembre 2001, un cadre stratégique pour renforcer les relations de partenariat Europe-Asie [COM (2001) 469 – Non publié au Journal officiel] ; http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/site/fr/com/2001/com2001_0469fr01.pdf

(3)   Discours du Commissaire Européen du 1er avril 2012 : http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=SPEECH/12/253&format=HTML&aged=0&language=EN&guiLanguage=fr

(4)   Commission européenne – Communiqué de presse. L’UE et le Viêt Nam se rapprochent de l’ouverture de négociations commerciales, 31 mars 2012. http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/12/339&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=en

(5)  Catherine Ashton, http://french.news.cn/monde/2012-04/28/c_131557247.htm

 

Mathieu Arnaudet (Master complémentaire Institut d’Etudes Européennes – Université Libre de Bruxelles)

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

Laisser un commentaire