Déclaration d’Alicante : l’externalisation des frontières demeure la route privilégiée pour faire face à la migration irrégulière.

Le 16 avril 2014 les ministres des affaires extérieures des sept Etats membres de l’UE ont adopté à Alicante une déclaration commune concernant les domaines d’actions prioritaires pour une gouvernance efficace de la mobilité migratoire et particulièrement la migration irrégulière, notamment la coopération avec les pays tiers d’origine et de transit des migrants. La déclaration vise aussi à identifier des positions communes avant du Conseil JAI de juin 2014.     

Le 16 avril 2014 a eu lieu à Alicante, en Espagne, la réunion informelle du Mediterranean Group sur l’immigration. A cet événement ont participé les ministres des Affaires extérieures de sept Etats membres de l’UE : l’Espagne, l’Italie, le Portugal, Chypre, la Grèce, Malte et la France. Etait aussi présent Fathallah Sijilmassi, secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée. Les participants ont adopté une déclaration commune concernant les actions à entreprendre au niveau européen pour une gouvernance efficace et équitable des flux migratoires franchissant irrégulièrement les frontières extérieures, notamment celles maritimes. Ainsi la réunion vise à établir un cadre de positions communes à adresser au Conseil JAI de juin 2014 qui de son coté définira les priorités stratégiques de la programmation législative et opérationnelle concernant l’espace de liberté, sécurité et justice.

L’initiative s’inscrit dans le cadre des actions de la Task Force pour la Méditerranée et de l’opération militaire et humanitaire Mare Nostrum, qui ont suivi les événements tragiques du 3 octobre 2013, quand un bateau avec environ 500 migrants coulait au large des cotes de Lampedusa et 350 personnes mouraient. Depuis cette tragédie il semble que les routes envisagées par les institutions européennes et les Etats membres pour la gestion des migrations irrégulières sont celles du renforcement de la coopération avec les pays tiers d’origine et de transit et le processus dite d’externalisation des frontières. La déclaration d’Alicante poursuit dans ce chemin.

Après avoir rappelé que les enjeux de la migration et de la surveillance des frontières extérieures affectent tous les Etats membres de l’UE et non pas seulement les responsables de la surveillance des frontières extérieures, la déclaration met en exergue les priorités suivantes:

  • Soutenir les capacités de surveillance des frontières des pays tiers d’origine et de transit de l’Afrique méditerranée et sub-saharienne.
  • Mieux développer les politiques de retour et réadmission par le biais de nouveaux accords de réadmission, d’une meilleure exécution de l’article 13 de la convention de Cotonou signée par l’UE et les pays ACP, d’un plus fort soutien financier et économique aux organisations internationales, telle que l’OIM, qui sont actives dans les pays tiers et mettent en place des programmes d’assistance au retour.
  • Renforcer les voies légales d’entrée et mettre en valeur le travail des migrants en développant mieux par exemple le concept de « migration circulaire ».
  • Signer des nouveaux partenariats de mobilité après ceux avec le Maroc et la Tunisie et mettre en place des nouveaux dialogues au niveau régional à instar du processus de Rabat et de la Stratégie conjointe UE-Afrique. A ce propos une aire géographique prioritaire est l’Afrique orientale, a-t-on souligné.
  • Approfondir la coopération et l’aide au développement pour combattre dans les pays tiers d’origine les causes de la mobilité migratoire, telles que la pauvreté, la guerre, l’instabilité politique et la violation des droits de l’homme.
  • Promouvoir l’intégration des politiques migratoires dans le domaine de l’action extérieure de l’Union, ainsi qu’améliorer la coopération entre les Etats membres, la Commission européenne et l’EEAS (European External Action Service).
  • Enrichir le rôle de Frontex, notamment son activité centrale, à savoir la coordination des opérations conjointes.
  • Approfondir la solidarité entre les Etas membres et les mécanismes de soutien aux Etats du sud qui font face à des fortes pressions migratoires.

Le prochain rendez-vous important sera le Conseil européen du mois de juin.

Alberto Prioli

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

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