Editorial du N° 94 de Nea Say: Bonne nouvelle ! pas que des Roms dans l’UE…

Exceptionnellement, c’est un lecteur, une lectrice pour être exacte, qui fait aujourd’hui l’éditorial. C’est une invitation à chacun d’en faire autant. Les contributions sont les bienvenues.

Cette lectrice écrit loin de Bruxelles et de Paris : elle écrit depuis l’ITALIE. C’est un billet d’humeur qu’elle nous envoie et c’est à nous d’en tirer le meilleur parti. Au fond, ne nous  dit-elle pas que l’affaire des Rom n’existerait pas si n’existaient pas tous ces problèmes qui nous assaillent ? à chacun sa vérité et comme il vous plaira (« as you like it »)  auraient dit à la fois Pirandello et Shakespeare. Elle pointe du doigt le péché de technocratie, toujours à l’œuvre : gérer une situation plutôt que la comprendre.

 

« Bonne nouvelle : pas que des Roms dans l’ UE… (3 octobre 2010).

Au de là de la tragédie humaine des Roms et d’autres minorités, que nous ne pouvons nullement négliger,  il semblerait y avoir beaucoup d’hypocrisie autour du problème….Un tas de mots ont été gaspillés : la directive de 2004, « bonne et mauvaise en même temps » ; la distinction entre « gens de voyage » et  Roms ; le débat sur la classification « automatique » des Roms en « citoyen européen », etc.  N’ aurait-on  pas  essayé ,  par hasard, de « gérer » une situation  plutôt que de la comprendre ?…En effet, si l’Europe était réellement un lieu de tolérance et de libre circulation, y aurait-il eu  besoin de la directive  2004/38/CE encadrant les droits relatifs  à la  libre circulation et au séjour dans la UE des citoyens européens, ou de celle 2008/115/CE (« dite retour ») pour le ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier dans la UE,  ou encore de toute autre réglementation, présente et future, produite pour  l’espace intérieur de  « liberté-sécurité-justice » ?… La vérité est que l’Europe n’est pas « Disneyland ». Une fois  donc, réglementations sur la libre circulation  mises de côté,  il faudrait enfin aborder le sujet de l’intégration économique et sociale – à tout niveau! – et de l’argent qu’on pourrait éventuellement y  consacrer au niveau national  (le cas échéant, en n’oubliant pas le chemin déjà ouvert par le programme de l’UE « Progress » ou par d’autres instruments communs).

Evidemment, le thème de l’intégration sociale dans la UE est très à la mode : les derniers différends entre la Commission et la France, notamment concernant les minorités Roms, en sont un bon exemple. De plus, dans  une période de crise économique et financière telle que l’actuelle, ce thème s’impose avec arrogance aux yeux  de tout  citoyen de l’Union et/ou  tiers résident, sans aucune distinction de nationalité, d’origine ou de statut juridique, et ceci dans le plein  respect de l’ancien principe de « non-discrimination », comme déjà affirmé à plusieurs reprises par  la « grundnorm »  européenne sans parler  d’autres, bien connues, les  conventions internationales sur les droits de la personne…   

Mais oui, on le sait bien : toute situation tragique présente en même temps un côté comique. En ce sens, on pourrait être bien fiers, en tant que citoyens de la UE, d’avoir atteint  la « pleine harmonisation » en la matière ainsi que l’application concrète du principe de « non-discrimination » ! En fait, on est tous en train de souffrir pour le manque de travail ;  pour le manque de sécurité ; pour les incertitudes du  futur ; pour le manque de prévision sur les retraites à prévoir ; pour l’augmentation des prix de la nourriture dans les supermarchés ; pour la gestion impossible des désastres climatiques qui, d’un coté, engendre de plus en plus de nouveaux coûts pour les  particuliers et, d’un autre côté, est soumise à des négociations éternelles ! On souffre tous  (ou quasi-tous)  pour la crise des banques qui ne sauraient plus remplir leur mission traditionnelle spontanément (au point  qu’on a été obligés d’emprunter un nom de ville suisse pour renforcer leurs règles de solvabilité…) ; on souffre pour une société de services « virtuels » qui pénalise  les  chances de ceux qui « n’ont pas de moyens » ;  pour le manque d’une vision cohérente et fiable de la part du mécanisme existant de planification , dans le domaine des politiques économiques et sociales, dont les projections deviennent « par la force des choses » de plus en plus fragmentaires et de court terme…Et hélas, cette liste de soucis  à faire éventuellement valoir  « erga omnes »  n’a  pas l’air d’être exhaustive !…  

Et alors, sur quoi veiller en matière de politique d’intégration économique  et sociale dans la UE ? Est-ce-que celle-ci ne concernerait que les minorités Roms, « bonnes ou mauvaises » ?  Bien sûr que non !Et surtout, qui sera le prochain « mauvais » ? Moi, toi, lui, nous, vous, eux ?…Il faudrait réfléchir… Disons, qu’une idée stratégique et pas difficile à concevoir  – même par des « intellectuels expérimentés » tels que nous le  sommes devenus tous, d’ailleurs, grâce à un abus d’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication –  serait que les Etats Membres  évitent attentivement de reproduire la « bureaucratie » européenne au niveau national. Celle-ci  a sa raison d’être, bien sûr, mais à Bruxelles!  C’est à Bruxelles, en fait, que des institutions compétentes –  qu’on critique tout le temps – ont la dure tache de consacrer énormément de temps et de ressources pour contrôler, juste à titre d’exemple,  de montagnes de : dépenses financées, projets de loi,  règles nationales en vigueur, déficits nationaux notifiés et tout autre « papier » fournis par les 27 Etats membres…Par contre, au niveau national, ces derniers – avec l’argent des contribuables ! – devraient faire plus qu’un effort pour préparer des gens capables d’analyser les problèmes existant sur leur propre territoire, dans leur propre pays  et au cas par cas ! Ce gens bien formées devraient  avoir l’obligation statutaire d’être au moins en mesure d’améliorer les problèmes critiques examinés, si non pas de les  résoudre…

Voilà, un propos si simple qu’on pourrait l’appeler d’un terme huppé « accountability », ou bien, «sens des responsabilités».  Il n’y a pas que les  Roms, donc,  mes chers amis, sous le soleil de l’Union !

                                                                                                                         COPPELIA    O.

Adeline Silva Pereira

Après avoir effectué la deuxième année du master Sécurité Globale analyste politique trilingue à l'Université de Bordeaux, j'effectue un stage au sein d'EU Logos afin de pouvoir mettre en pratique mes compétences d'analyste concernant l'actualité européenne sur la défense, la sécurité et plus largement la coopération judiciaire et policière.

Laisser un commentaire